Free Fall est le premier album (et pas le dernier, espérons-le !), en fait EP, du groupe franco-britannique Naïram. La formation se veut fortement teintée d’un jazz britannique aux couleurs organiques et transversales – on pensera à Ezra Collective, Maisha…
Composées par la contrebassiste et tête du projet Jasmine Lee, chaque pièce nous donne à entendre des ambiances à la fois très pures, mais complexes dans le jeu harmonique, sur lesquels les solistes Alexandre Aguilera (flûte traversière) et Nicolas Audouin (clarinette) s’en donnent à coeur joie.
À la fois dans les mélodies, portées tantôt par l’un ou par l’autre, tantôt se mêlant dans un contrepoint fluide, et à la fois dans leurs superbes solos improvisés, les timbres des deux instruments démontrent leur compatibilité certaine jusqu’à nous faire nous demander pourquoi cela n’a été que si peu exploité jusqu’à présent dans ce style.
La section rythmique soutient le tout par un jeu doucement teinté d’influence afrobeat, avec un choix de sonorité très variées et intéressantes du batteur Mateo Roussel. Le timbre boisé de la contrebasse dirige chaque pièce grâce à des lignes et des grooves très efficaces et bien pensés.
La guitariste Marion Delmont est quant à elle garante de l’énonciation harmonique, mais porte également une bonne part de l’ambiance grâce à ses effets et textures travaillées, et nous entraîne dans des atmosphères audacieuses, plus électriques, inédites, notamment dans Snowy Spring avec un solo absolument passionnant.
Le tout se lie dans un son définitivement serein, solide et novateur : une rencontre évidente entre des musicien·ne·s de talent au service d’une musique métissée, dans laquelle tout semble dosé avec une telle précision qu’elle nous plonge dans le rêve.