Cet album est d’une tristesse infinie. Mais on y perçoit aussi de la lumière. Triste ou pas, on a envie de réécouter ce disque folk, qui nous immerge, nous absorbe complètement.
Mayday est le troisième opus de Myriam Gendron, après Ma Délire (2021) et Not So Deep As a Well (2014). Elle s’abreuve principalement dans la tradition folk américaine ainsi que dans le folklore francophone. Son jeu de guitare rappelle parfois John Fahey ou Joan Baez. Elle n’est pas une grande virtuose mais elle fait des arrangements très soignés, empreints d’émotions.
À mon humble avis, Mayday est la création la plus personnelle de Myriam Gendron. La plupart des pièces sont des compositions originales. Les arrangements sont plus libres, surtout lorsqu’elle est accompagnée par Marisa Anderson (guitare électrique) et Jim White (batterie). On y flirte avec l’improvisation et les rythmiques détonantes, notamment sur Lully Lullay et Terres Brûlées. Et que dire de Berceuse, la pièce ultime, où, tout-à-coup, un saxophone presque free s’ajoute curieusement à une guitare électrique vaporeuse.
Et oui, plusieurs chansons sont tristes. En particulier, La Belle Françoise, une chanson folklorique que Myriam Gendron a réécrite pour la dédier à sa mère, décédée d’un cancer. Je vous défie de ne pas pleurer en écoutant cela. Je l’ai vue chanter cette chanson devant un petit public, lors de la Journée internationale du disquaire. Tout le monde cherchait des kleenex.
Cette tristesse serait insupportable si on ne trouvait pas autant de beauté et de vérité dans les chansons. Et puis, il y a des petits moments lumineux, comme dans la très jolie pièce instrumentale La Luz.
Myriam Gendron n’a pas une voix parfaite, mais cette voix unique nous transperce d’une façon particulière.