Ivan Pavlov, alias CoH (terme russe se prononçant « sonne » et signifiant rêve ou sommeil), fait paraître un album de pièces composées entre 2017 et 2018 – d’où l’acronyme « VO » du titre : Very Old. La dédicace s’adresse notamment à Arvo Pärt et à Jon Hassell : la gravité du premier et la Fourth World Music du second, visant à unir musiques traditionnelles et musiques électroniques, lui siéent tout à fait.
De son propre aveu, ce nouvel opus poursuit dans la veine de Music Vol. (2016). Il renoue cependant avec son chef-d’œuvre, Strings (2007), en ce qu’on y trouve également une collaboration avec Andrej D.A.O. Kolesov, officiant ici au saz, instrument de la famille du luth. La dernière pièce, Al-Quamar, bénéficie du jeu transcendant de Kolesov. L’album donne également à entendre Pavlov à la guitare et aux claviers, en plus de l’électronique, présentant une combinaison extrêmement intéressante au plan de la recherche phonique, texturale et mélodique, entre bruits parasites acoustiques et organiques, et effets sonores programmés.
Le travail de CoH sur les sons s’observe d’un bout à l’autre, en petites touches impressionnistes, avec coups de basse profonde. Se dégage une forme de pointillisme, faite de variations infinitésimales et de subtiles combinaisons rythmiques. À titre d’exemple, l’album s’ouvre sur un brillant jeu de timbres, tout en formalisme. Une même note, jouée successivement aux synthés et à la guitare, dessine progressivement une mélodie triste et statique, à laquelle s’ajoute une basse réverbérée.
On y retrouve son minimalisme caractéristique, parfois groovy, avec une basse intermittente, tout en gravité. Celui-ci se fait planant sur Opiate Stills, avec de lentes montées de sifflements. Il s’installe ensuite, sur Naked Moonlight Resurrects Forgotten Poets, dans une atmosphère nettement plus glauque. Des vibrations spectrales à glacer le sang, d’où montent des chants déformés. Un travail d’orfèvre réussi.