Fruit d’une collaboration souhaitée depuis longtemps par la soprano colorature Marianne Lambert et le pianiste Julien LeBlanc, l’album Mélodies passagères, le premier de la jeune artiste lyrique, rassemble des œuvres vocales de Samuel Barber, Maurice Delage, Enrique Granados, Georges Bizet, Jules Massenet, Léo Delibes, Émile Paladilhe et Calixa Lavallée. Principalement organisé autour de trois cycles de mélodies abordant les thèmes de l’évanescence et de l’exotisme, l’opus évolue dans une trame narrative évoquant le voyage et l’évasion en prenant comme point de départ le cycle éponyme de Barber qui donne son nom à l’album. Précédées de la douce Psyché de Paladilhe, les mélodies imagées de Barber, rendues avec une grande sensibilité, invitent au rêve par leurs sonorités à la fois planantes et énigmatiques et ouvrent de façon évocatrice ce voyage vers un ailleurs mystérieux.
C’est vraiment dans la portion de l’album dédiée à la représentation de l’exotisme oriental et ibérique que la finesse du jeu lyrique de Julien LeBlanc et le talent d’interprète de Marianne Lambert se déploient. Les Quatre poèmes hindous de Delage sont d’une couleur envoûtante et mystérieuse où les lignes vocales et pianistiques s’entrelacent pour créer des sonorités tendues et colorées. D’une esthétique plus conventionnelle pour le genre, Lesadieux de l’hôtesse arabe de Bizet conserve cette même tension avec le balancement d’un motif lancinant au piano et des arabesques vocales séduisantes. Seul cycle en langue espagnole de l’album, les Canciones amatorias de Granados, chef-d’œuvre du compositeur dans le domaine de la mélodie, constitue l’un de ses meilleurs moments. Les envolées vocales festives et éclatantes siéent merveilleusement au timbre chatoyant de Marianne Lambert dont on notera l’intelligence de la présence scénique, essentielle dans cette œuvre. Les trois espagnolades de Léo Delibes, Jules Massenet et Calixa Lavallée, au caractère irrésistiblement mélismatique, viennent conclure ce voyage musical.