Le premier opus du joueur de tourne-disques Martin Tétreault, Des pas et des mois (1991), était dans le même esprit, qui ne craint vraiment pas d’avoir recours à l’humour, que ce que l’on trouve sur ses collections de « snippettes » dont ce volume est le troisième. Après ses premières expériences, alors qu’il utilisait beaucoup la « citation », c’est-à-dire des extraits de disques dont on peut encore reconnaître le contenu (instruments, bruits divers ou bribes de monologues absurdes), Tétreault a exploré toutes les manières de jouer du tourne-disque sans disque, comme d’autres font du « no input ». À travers ses nombreuses collaborations, il est devenu un maître dans l’art de faire chanter les platines, mais on ne se lasse pas du Tétreault première manière, qui glisse les suggestions d’un hypnotiseur amateur entre un tango déjanté et un « trois dans un » épileptique (le « trois dans un » étant fait à partir de trois disques qui sont découpés en tiers, l’artiste prenant ensuite un tiers de chacun pour reconstituer un disque entier – ça swing sur un moyen temps).
Ce troisième volume de « snipettes » nous donne aussi l’occasion d’entendre Tétreault live, dans une performance enregistrée en 1994. On y découvre aussi la « Méthode Zappa », où la batterie de Sandy Nelson accompagne la guitare de Tony Romandini dans ce qui évoque la xénochronie du compositeur américain (notons que des informations sur les disques utilisés sont incluses). Dans l’ensemble, ça part dans tous les sens et ça peut écorcher quelques neurones au passage, alors on ne recommande pas l’écoute des trois volumes en une seule séance, à moins d’avoir des prédispositions, mais en petites doses ça fait du bien par où ça passe.