Je me rappelle la première fois que j’ai entendu Louis-Philippe Marsolais jour du cor. J’étais moi-même corniste (amateur, très amateur!) dans un orchestre à vent municipal. Il était venu nous aider pour participer à un concours. Il s’installe sur la chaise à côté de moi, il devait avoir, bof, 15 ou 16 ans, et il se met à souffler. Oh. Mon. Dieu! Il sonnait comme une section complète à lui tout seul! Puissance, rondeur du son, contrôle technique parfait. J’avais beau être amateur, j’ai dès lors compris que ce jeune adolescent était parti pour la gloire, et surtout pour une brillante carrière professionnelle!
Bref, vous ne me verrez pas surpris de le voir aujourd’hui, justement, faire son chemin sur la scène musicale, gagner des prix à la pelletée et être cor solo de l’Orchestre Métropolitain depuis 2009.
Je suis heureux de voir Louis-Philippe offrir un peu de lumière sur la musique de Paul Hindemith, l’un des grands compositeurs modernes les plus méconnus du grand public. Probablement. La musique de Hindemith s’inscrit dans la lignée du néoclassicisme de la première moitié du 20e siècle. Rien à voir avec la vague actuelle néoclassique. Celle de Hindemith revêt tous les apparats formels de la musique ‘’classique’’ (forme sonate, rondo, lied, concerto tripartite, etc.), mais en intégrant la modernité harmonique de tonalité élargie, sans aller jusqu’à l’atonalisme.
C’est une musique ‘’entre-deux’’, à la fois entre deux esthétiques et aussi typique de la période de ‘’l’entre-deux-guerres’’ (1ere et 2e Guerres mondiales).
C’est surtout une musique acidulée mais rafraîchissante, parfois brumeuse et tristounette, mais plus souvent aiguisée et rythmiquement pimpante. Hindemith, c’est comme un film en noir et blanc recoloré, où des images un brin surannées présentent des personnages qui se déplacent à toute vitesse. Les couleurs sont vives, mais les harmonies les éclairent d’une sorte de clair-obscur inaltérable qui imprime chez le spectateur un dose appréciable de mélancolie et d’émotions aigres-douces.
Louis-Philippe est excellent, le contraire m’eut surpris. Il est également bien accompagné par le pianiste David Jalbert, l’Ensemble Pentaèdre et trois autres cornistes (dans la Sonate pour quatre cors) : Simon Bourget, Louis-Pierre Bergeron et Xavier Fortin.