Laila Biali est une pianiste, chanteuse, arrangeuse et compositrice canadienne de très haut niveau. Gagnante de nombreux prix, des Junos, un prix Hagood Hardy de la SOCAN pour Excellence in Songwriting, et d’autres prix au National Jazz Awards, pour certains desquels elle demeure à ce jour la plus jeune récipiendaire, celle qui demeure désormais à Brooklyn nous a habitué à une créativité axée sur l’élégance des mélodies et le recours aux structures classiques du jazz mais dans un esprit harmonico-rythmique inventif. Ses explorations du Great American Songbook semblaient être des souvenirs de jeunesse, mais seulement en gravure sonore. Elle a depuis longtemps l’habitude d’amorcer ses concerts avec une requête du public, recueillie sur les réseaux sociaux. Your Requests est un témoignage de ces demandes spéciales, offertes aux mélomanes avec lesquels la Canadienne demeure toujours en contact étroit.
Sur Your Requests, Biali nous transporte habilement dans un univers légèrement parallèle du Great American Songbook, avec des touches délicatement décalées, mais sans jamais perdre de vue la force des mélodies. Elle triture juste assez les repères rythmiques et harmoniques pour s’approprier ces classiques et en faire des relectures tout à fait personnelles, mais puisque ce sont, à l’origine, des requests (des demandes spéciales), elle sait ne pas s’égarer hors du sentier en se perdant dans des broussailles touffues et râpeuses.
L’artiste a également un autre atout : elle sait s’entourer. Bien entendu, personne ne lui fait la charité : que l’on soit le légendaire Kurt Elling (avec qui elle a plein d’affinités musicales), la chanteuse Emilie-Claire Barlow, l’excellent contrebassiste George Koller, la clarinettiste Anat Cohen, l’harmoniciste Grégoire Maret, et j’en passe d’aussi bons, on accepte sans hésiter une collaborations avec Laila Biali car on sait bien que le résultat sera tout sauf banal. Et c’est bien ce qui arrive ici avec ce premier volume (oui, il y en aura d’autres!) de Your Requests, un retour aux bases (et certainement pas un retour en arrière) qui donne du gros gros plaisir.