Le concerto de Britten est un jeu de va et vient entre le ludique et le dramatique, la lumière et l’ombre, le léger et le tragique. Il met non seulement l’âme du compositeur à nu, mais exige de l’interprète qu’il fasse de même, ou du moins qu’il joue le jeu totalement pour que l’aspect viscéral de l’œuvre puisse être pleinement rendu.
Le violon de notre compatriote Kerson Leong virevolte, et est accompagné dans cette danse émotionnelle empreinte de physicalité par un Philharmonia parfaitement balancé entre puissance et délicatesse. Le Canadien fait totalement siennes toutes les nuances éclatées du Concerto dans une maîtrise impressionnante de ses difficultés à la fois techniques et interprétatives. Quelle grande maturité et quelle intelligence dans le propos! Tout simplement superbe.
En concevant cet album, je me suis demandé ce que je recherchais dans une expérience musicale, quelle qu’elle soit. Une dualité se dessinait clairement dans ma réponse : d’un côté, je voulais être immergé dans un paysage sonore intense et authentique, qui reflète les nombreuses facettes de l’être humain ; et de l’autre, il était non moins important pour moi d’être transporté dans un monde différent, éthéré, bien loin des réalités de la vie quotidienne.
Kerson Leong
Le Concerto de Bruch (le no 1, en sol mineur, op. 26) est un compagnon parfaitement équilibré car il apporte une sorte de réconfort après les tourbillons de textures et de climats du Britten. Une doudou somptueuse et mélodique, tissée avec soin et une judicieuse dose d’épanchements romantiques par Leong et le Philharmonia. Oui, Kerson est l’un des grands violonistes de sa génération, et ce à l’échelle mondiale.
Le programme est complété par In Memoriam, op. 65, aussi de Bruch, une élégie touchante et poignante, étonnamment peu connue et peu jouée. Une très belle cerise sur un gâteau déjà copieux.