Joel Ross, l’enfant prodige du vibraphone jazz, nous offre une fois de plus un set raffiné et plein d’entrain sur son dernier album Blue Note, Nublues. Comme le suggère le titre, le point d’entrée ici – ou le point de départ peut-être – est le blues. Inspiré par un séminaire qu’il a suivi sur le sujet pendant son séjour à la New School (NYC), cet album sert de véhicule à Ross et à son groupe pour atteindre l’essence de ce qu’est vraiment le blues. L’album sonne certainement comme tel, il a une qualité d’exploration qui reste constante tout au long de cet ensemble délicieusement varié de dix morceaux.
Bien que cet album soit entièrement consacré au blues, il ne sonne pas toujours bluesy, car comme l’écrit Ross, le blues se veut « une sorte d’esprit, une énergie ». Et c’est précisément cette énergie qui parcourt l’ensemble de l’album. Le premier morceau, early, donne le ton assez facilement, avec une atmosphère sombre et terreuse qui laisse l’esprit du blues s’épanouir comme une fleur. Le deuxième morceau, equinox, un classique de Coltrane, n’est pas non plus un blues typique. À la fin du morceau, le groupe arrive à une sorte de post-rock, de jazz de chambre, tout simplement sublime.
Il va sans dire que la maîtrise du vibraphone par Ross est pleinement mise en évidence, montrant sa capacité à extraire de l’instrument un riche spectre de sonorités et d’émotions. Les éléments expérimentaux ajoutent des couches de complexité aux arrangements, créant un sentiment d’imprévisibilité qui tient l’auditeur en haleine. Pourtant, même au milieu de l’exploration sonore, l’âme de la musique de Ross reste intacte. Il suffit d’écouter bach (god the father in eternity) ou chant pour se rendre compte de la profondeur de l’expression musicale déployée ici.