On pourrait penser que Passing Time du Montréalais Jeremy Sandfelder est un album de reprises de grands standards du jazz. Pourtant, vous ne rencontrerez aucune mélodie connue dans les dix pièces du programme. Ce sont en effet toutes des compositions originales du saxophoniste ténor. La confusion vient du style d’écriture de Sandfelder, presque exactement un calque des structures narratives et des coloris harmoniques d’un album qui aurait pu paraître chez Blue Note en 1957, mettons. D’ailleurs, la couverture de l’album, ainsi que les quelques photos de Sandfelder lui-même ont le même design (couleurs, pose, cadrage) que ceux du célèbre label. Le son chaud et moelleux de Sandfelder a quelque chose de Dexter Gordon dans ses Ballades, mais aussi Stan Getz, ce qui n’est pas une mince comparaison.
Ce côté rétro pourra paraître ringard à certains, mais pourtant, on se laisse prendre assez plaisamment au jeu, surtout que le rendu et le style sont impeccables, trempés dans une élégance vintage et de bon goût qu’on aurait pu côtoyer dans un club jazz du Montréal des années 1950 (Rockhead’s Paradise). En ce sens, le saxophoniste est accompagné avec doigté et parfaite maîtrise stylistique par Gabriel Audet-Bourgault à la guitare, Jihye Im au piano, Dave Watts à la contrebasse et Andre White à la batterie.
C’est le genre de ‘’coziness’’ parfaite à laquelle vous devrez amener votre douce moitié, le 17 novembre prochain au club Upstairs, lors du lancement de l’album. Par les temps qui courent, on a besoin de ce genre d’idéal griffé très classique et surtout bienfaisant.