Dans certaines des chansons de Nous resterons vivants, la voix apaisante, le ton posé et les propos poétiquement sensés de Jean-Christophe Lessard ramènent à la mémoire du musicophile ceux d’un autre Rouynorandien, Philippe B. L’esprit terre à terre n’y verra sans doute qu’une coïncidence, alors que le rêveur songera à toutes sortes de corrélations chimériques ou chimiques : les similarités entre ces deux auteurs-compositeurs-interprètes s’expliquent-elles par quelque chose qui nage dans l’eau ou qui erre dans l’air de Rouyn-Noranda?
En plus de créer de la musique, Jean-Christophe œuvre dans le domaine du bâtiment écologique. On sait aussi qu’il a fait des études en sociologie et en sciences de l’environnement. On constate que ces carrières parallèles finissent par converger lorsqu’on l’entend chanter « Vous signez de vos griffes – Des reports de conscience – Vos esprits primitifs – Se moquant de la science ». Les mots ont beau être durs, la façon de les dire demeure douce.
Il y a de ces chansonneurs folks à vocation relativement tardive – comme ce Juste Robert dont on vous avait parlé en janvier dernier – qui s’imposent, par leurs talents tranquilles, et attirent des collaborateurs chevronnés. En l’occurrence, on a ici Amélie Mandeville aux manettes, l’artiste multidisciplinaire Soleil Launière au chant et au teueikan, le très doué Martin Lizotte au piano fluide, l’acteur-artisan et encore beaucoup plus Roger Wylde à la narration et à la coécriture, le Quatuor Orphée (Stéphanie Collerette, Geneviève Clermont, Karine Lalonde et Nathalie Duchesne) aux cordes, Guillaume Chartrain à la prise de son et au mixage, Laurie Torres aux percussions, Karl Surprenant à la contrebasse, le frangin Étienne Lessard à la coréalisation, au chant et au coup de main pour l’écriture, puis Louis-Jean Cormier à la guitare électrisante, comme on dit.
On fredonnera « Après le lent naufrage – Des dérives humaines – Avant que vos visages – Deviennent porcelaine », puis on rangera Nous resterons vivants dans le rayon des albums importants.