Pays : États-Unis Label : Jazz is Dead Genres et styles : downtempo / jazz-funk / samba / soul-jazz Année : 2020

Jazz is Dead 004

· par Rupert Bottenberg

Le jazz n’est pas mort. Le genre connaît même une renaissance. On se doute bien que les deux producteurs qui lui martèlent la poitrine en criant « crève pas, mon salaud, crève pas ! » avaient une idée derrière la tête en baptisant comme ils l’ont fait leur label et sa série de parutions. Les deux producteurs sont bien sûr Ali Shaheed Muhammad, d’A Tribe Called Quest, et Adrian Younge, le Quincy Jones de sa génération, qui forment un puissant partenariat de production ancré dans l’âge d’or du hip-hop (ensemble, ils ont produit les bandes originales de la série Luke Cage et, individuellement, chacun possède une discographie qui s’étend sur plusieurs décennies). Malgré le nom pour le moins dramatique de leur label, on a l’impression que tout cela n’est qu’un prétexte pour entrer en studio (aux Linear Labs strictement analogiques de Younge) avec des musiciens que ces deux héros considèrent comme des héros.

Après une compil de lancement, les deux premières séances d’enregistrement de Jazz is Dead mettaient en vedette le titan du vibraphone Roy Ayers et le vénérable Marcos Valle. La nouvelle fournée poursuit dans la veine brésilienne avec le groupe Azymuth. Formé au milieu des années 70, cet increvable trio de Rio de Janeiro a créé un jazz-funk fluide aux subtiles nuances samba qui encore aujourd’hui n’a rien perdu de sa fraîcheur. Il a connu un modeste succès international en 79 avec la pièce Jazz Carnival, puis un regain de popularité dans les années 90 grâce à la scène acid jazz en Europe. Le bassiste Alex Malheiros, le batteur Ivan Conti et, plus récemment, Kiko Continentino aux claviers depuis le décès du membre original Jose Roberto Bertrami en 2012, ont été passablement occupés depuis.

Jazz is Dead 004 est d’une écoute délicieuse. Les envolées d’Azymuth, souvent teintées d’une pointe d’humour, sont intéressantes, voire excitantes, sans jamais tomber dans l’excès, tout comme l’impeccable travail de production de Muhammad et Younge, qui ajoutent cordes et cuivres sans faire perdre à la musique sa vitalité. Pour être franc toutefois, certaines pièces ont quelque chose de sirupeux, ce dont l’auteur de ces lignes n’est pas particulièrement friand. Le piano de Pulando Corda, par exemple, est carrément mièvre. Mais ces moments sont rares. La majeure partie de ce que l’on retrouve ici est extrêmement satisfaisante, d’autant que les pointures réunies prennent leur plaisir très au sérieux.

Les prochaines parutions de Jazz is Dead mettront en vedette des musiciens comme Gary Bartz, Brian Jackson et (pour lui donner encore une saveur brésilienne) João Donato. Avec ses pulsations sexy et syncopées, le cœur du genre soul-jazz continue de battre.

Tout le contenu 360

« Hiroshima, mon amour »: une soirée pour se rappeler

« Hiroshima, mon amour »: une soirée pour se rappeler

Molinari : l’intégrale des quatuors de Chostakovitch en trois programmes REPORTÉE

Molinari : l’intégrale des quatuors de Chostakovitch en trois programmes REPORTÉE

Walter Boudreau et Quasar autour de Chaleurs: l’interview mammouth!

Walter Boudreau et Quasar autour de Chaleurs: l’interview mammouth!

Ken Pomeroy – Cruel World

Ken Pomeroy – Cruel World

Piknic 2025 | Bellavie de MTL, house et afro-descendance

Piknic 2025 | Bellavie de MTL, house et afro-descendance

L’art du trait: l’euro vision de Klangkarussell’s à la SAT

L’art du trait: l’euro vision de Klangkarussell’s à la SAT

Festival des Saveurs | Du reggae à l’honneur pour la clôture

Festival des Saveurs | Du reggae à l’honneur pour la clôture

Centroamérica – un docu-fiction puissant sur la vérité et les liens à l’ère de la distance et du déni

Centroamérica – un docu-fiction puissant sur la vérité et les liens à l’ère de la distance et du déni

Lido Pimienta – La Belleza

Lido Pimienta – La Belleza

Tamir Barzilay – Phosphene Journal

Tamir Barzilay – Phosphene Journal

SMCQ | Le meilleur « concert au chandelles »

SMCQ | Le meilleur « concert au chandelles »

Men I Trust – Equus Caballus

Men I Trust – Equus Caballus

Grails – Miracle Music

Grails – Miracle Music

The Halluci Nation – Path of the Baby Face

The Halluci Nation – Path of the Baby Face

Un choeur de guitares lap steel et un ange pour conclure la saison de Innovations en concert

Un choeur de guitares lap steel et un ange pour conclure la saison de Innovations en concert

JazzRenyon | Plongée jazz dans l’Océan Indien

JazzRenyon | Plongée jazz dans l’Océan Indien

L’OSM et Abel Selaocoe : de ces soirées où l’on aimerait suspendre le temps

L’OSM et Abel Selaocoe : de ces soirées où l’on aimerait suspendre le temps

Atteindre le ciel : le défi de Francis Choinière pour finir la 10e saison de son OPCM

Atteindre le ciel : le défi de Francis Choinière pour finir la 10e saison de son OPCM

Piknic 3 : Un peu de tout (everything) sous un ciel variable

Piknic 3 : Un peu de tout (everything) sous un ciel variable

Cazzu – Latinaje

Cazzu – Latinaje

Stereolab – Instant Holograms On Metal Film

Stereolab – Instant Holograms On Metal Film

SMCQ | In memoriam Jocelyn Morlock

SMCQ | In memoriam Jocelyn Morlock

Abbey Road, un concerto de Guy Braunstein au Festival Classica

Abbey Road, un concerto de Guy Braunstein au Festival Classica

Mira Choquette – Hier encore

Mira Choquette – Hier encore

Inscrivez-vous à l'infolettre