Deux chefs-d’œuvre de la musique du 20e siècle sont ici présentés de façon magistrale par le violoniste canadien James Ehnes. L’un est déjà entré au répertoire, l’autre en surprendra plus d’un.
La Serenade de Bernstein, un concerto qui ne dit pas son nom, est inspirée par Platon et ses ‘’dialogues’’ avec de célèbres penseurs de la Grèce ancienne. Plutôt un prétexte pour la création de discours raffinés et complexes pour le violon, accompagné de cordes et percussions, cette suite en cinq mouvements est un condensé de la pensée musicale de Bernstein, distillée à travers un langage moderne certes exigeant, mais à travers lequel on reconnaîtra des traits, harmoniques et rythmiques, fort ressemblant ceux d’autres oeuvres du compositeur. Ehnes est limpide et vibrant de conviction.
John Williams, le compositeur de Star Wars et tant d’autres géniales partitions néo romantiques hollywoodiennes, a également écrit de nombreux concertos, dont ce tout premier pour violon datant de 1974. Une initiative personnelle qui faisait suite au décès de sa première femme, qui lui avait fait part de son envie qu’il en écrive un. Vous serez peut-être surpris par cette partition de langage atonal mais d’attitude et de déploiement expressionniste/romantique. Il s’agit d’une œuvre sérieuse et majeure ici très bellement rendue par Ehnes, qui y apporte un degré d’investissement qui est tout à son honneur, mais aussi récompensé par la portée d’une musique de superbe facture orchestrale. Williams est un symphoniste exceptionnel, on le sait, mais plusieurs le découvriront dans cette partition qui ne se lie à aucune image évocatrice, tout en créant néanmoins des tableaux de couleurs et de textures d’une très satisfaisante complexité.