Après deux décennies, Antibalas est sans conteste le principal groupe à avoir contribué à la redécouverte mondiale du son afrobeat des années 70, après en avoir été lui-même l’instigateur. Fu Chronicles lui permet de boucler la boucle. C’est Gabriel Roth, le patron de Daptone, qui est à la console de production pour ce projet, et comme il est plutôt du genre à aller à l’essentiel, il y a moins d’expérimentation cette fois-ci, pour ne pas dire moins d’inspiration. L’album est fidèle au modèle nigérian original de l’afrobeat, de la pochette jusqu’aux exhortations contestataires « we-the-people », en passant par les rythmes complexes et les cuivres flamboyants. Mais comme la politique est toujours une affaire locale, cet album est un hommage au Brooklyn d’autrefois, le lieu de naissance du groupe, et une critique de l’embourgeoisement qui est en train de le faire disparaître. Même si le saxophoniste baryton Martín Perna dirige toujours le groupe, Fu Chronicles relève davantage du chanteur principal, le Nigérian Duke Amoyo, aussi illustrateur (c’est lui qui a signé la pochette), dessinateur de mode, instructeur de kung-fu et leader de premier plan. C’est ainsi qu’on y trouve, mêlé au folklore ouest-africain et aux sermons anticoloniaux, un certain mysticisme des arts martiaux.
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