Impermanence marque la première incursion du pianiste Félix Dubé dans le domaine de l’enregistrement jazz, démontrant les prouesses de ce jeune artiste alors qu’il dévoile un recueil de compositions qui servent de base à des dialogues musicaux saisissants avec son trio. S’appuyant sur un large éventail de matériaux musicaux, le voyage musical de Felix navigue à travers les paysages sonores du jazz contemporain sculptés par des sommités comme Brad Mehldau et Shai Maestro, tout en plongeant dans les harmonies énigmatiques de Messiaen et les mélodies des Beatles et des Beach Boys. Enraciné dans son héritage québécois, Félix incorpore des fils de musique folk dans la tapisserie de sa musique et son sens distinctif de l’ornementation.
Ce mélange éclectique confère richesse et profondeur au son du trio, et la vaste gamme de sources qu’ils tirent de toutes indique qu’il s’agit d’un groupe qui aime la musique et le son dans une égale mesure. Cet album regorge de moments où l’harmonie et le rythme passent au second plan, et les textures et les timbres passent au premier plan. Pourtant, la virtuosité technique de Dubé et sa sensibilité romantique demeurent une constante, ancrant les explorations sonores de l’ensemble.
Cependant, l’aspect le plus marquant d’Impermanence est peut-être le degré de liberté accordé a la bassiste Summer Kodama et au batteur Daniel Verdecchia. Malgré le rôle de leader de Félix, ce formidable trio fonctionne comme une unité cohésive, accordant à chaque membre suffisamment d’espace pour suivre ses intuitions musicales et contribuer à la vision collective du groupe. Le résultat est un réseau complexe d’interactions musicales qui imprègne tout l’album, mettant en valeur la conception rythmique impeccable du trio. La capacité de Félix à favoriser une telle créativité collaborative est louable, offrant aux auditeurs un voyage aux multiples facettes qui tisse harmonieusement des éléments d’improvisation libre, des reprises fraîches et des originaux poignants dans un récit musical bien équilibré et réfléchi.