Élizabeth Provencher (EP) est originaire de Victoriaville, a étudié au cégep de Saint-Laurent, puis à McGill. Un solide parcours donc, qui s’appuie cependant sur un évident talent et sur une vive intelligence musicale. Le convoi des oies est le deuxième album complet du quintette de la jeune dame (le EP Quintet, adéquatement nommé), après Le monde adulte en 2021 et une mini plaquette éponyme de trois plages en 2017.
Provencher s’exprime dans un jazz compétent qui sent bon les effluves d’une douce nostalgie. Celle-ci se pare néanmoins de lumière et d’une raisonnable dose d’optimisme. Le convoi ressemble, en cela, à l’album précédent qui démontrait lui aussi ce caractère agréable. Le saxophone de Provencher est volubile et affirme sans pudeur sa personnalité prépondérante sur l’ensemble de la musique, toujours pilotée avec assurance grâce à une écoute mutuelle très intime des interprètes du Quintet. Cela dit, dans Le convoi des oies, Provencher manie la plume harmonique avec un peu plus d’audace qu’auparavant, peignant en de nombreux endroits des décors harmoniques complexes sur lesquels elle permet à son instrument de planer ou même ailleurs de réaliser un ballet aérien virtuose, toutes ailes déployées. Il en résulte une œuvre totale qui témoigne d’une maturité étoffée, bien que le sérieux de la démarche de l’artiste n’ait jamais fait de doute.
Vous aurez peut-être l’occasion d’entendre Provencher ailleurs, que ce soit avec le duo Bel and Quinn, Émile Proulx-Cloutier, le Burning BRASs Band (son autre bébé) ou encore dans la comédie musicale Hair de Serge Denoncourt. Mais je pense bien que c’est dans ce format chambriste traditionnel, et avec ses fidèles confrères et consoeurs, que vous pourrez prendre pleinement la mesure de la solide personnalité artistique d’Élizabeth Provencher.
Élisabeth Provencher : Saxophone et compositions
Victoria Hebbard : Trompette et bugle
Alexis Elina: Piano
Summer Kodama: Contrebasse
Noam Guerrier-Freud : Batterie