Originaire du Yorkshire et aujourd’hui installée dans le sud de Londres, Emma-Jean Thackray sait depuis toujours qu’elle veut être artiste. Ce n’est qu’après avoir joué dans des nombreuses formations soul et jazz de sa région d’origine qu’elle se forme à la composition jazz à l’université. Multi-instrumentiste, chanteuse, productrice, Emma-Jean est un band à elle toute seule comme le prouve Ley Lines (2018), album cosigné par Gilles Peterson et Theo Parrish, qu’elle a entièrement réalisé. Sorti sur l’étiquette qu’elle a créée, Yellow propose un son riche et organique, enregistré en studio. Peut-être pourrait-on le ranger dans la catégorie easy listening grâce à des titres particulièrement accrocheurs comme Say Something ; une chose est sûre, il est plus accessible que son EP précédent Um Yang (2020) qui jouait dans la cour free jazz. Les quatorze compositions convoquent des noms comme JDilla ou Fela Kuti. Amatrice d’afrobeat, la band leader emprunte à la house ses motifs rythmiques kick-hi-hat-snare, ce qui confère un groove imparable à son travail. L’anglaise qui cherche à stimuler tant l’esprit que le corps n’hésite pas à mettre l’emphase sur l’ésotérisme – comme l’illustre la pochette de l’album (Sun Ra n’est pas très loin), le titre Third Eye «Just two eyes / They don’t see the truth / They only show what it takes to survive » ou encore l’appel à la prière May There Be Peace. Avec Yellow, Emma-Jean Thackray nous rappelle à quel point la musique nous connecte à nous-mêmes autant qu’aux autres.
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