On l’appellerait Midas tellement tout ce que la violoncelliste Elinor Frey touche musicalement se transforme en or pour les oreilles. La Montréalaise est une chercheuse de trésors anciens, bien camouflés depuis des siècles dans quelques greniers de bibliothèques européennes. Elle aime explorer ces univers parallèles, à l’abri d’une modernité qui carbure à l’urgence, comme dans un cocon où la relativité (artistique) fait son effet et maintient ce qui s’y trouve dans une douce suspension. C’est de là qu’elle nous ramène des découvertes musicales impressionnantes à répétition depuis plusieurs années (dans d’autres albums elle nous a séduits avec des œuvres de Fiorè, puis de Dall’abaco).
Elle nous refait encore le coup, cette fois avec la musique d’Antonio Vandini, violoncelliste et compositeur qui a croisé Vivaldi à La Pièta, et a peut-être même été le dédicataire de certains des concertos pour violoncelle du Prêtre Roux.
La musique de Vandini, bien que italienne, donne l’impression d’être plus sérieuse, voire épurée, moins extravagante que celle de son compatriote Vivaldi, par exemple. En contrepartie, elle offre une plongée sonore qui, bien que parfois exubérante, invite à l’intimité et même à l’introspection.
Elinor Frey est accompagnée ici par la des musiciens baroques impeccables, Italiens surtout.
En tant que soliste, elle est incollable : on ne la prendra jamais en défaut d’articulation ni de musicalité et de sensibilité. Elle nous raconte l’histoire de cet artiste aujourd’hui complètement délaissé par les musiciens et le public, en souhaitant probablement que cela change. Nous sommes tout à fait convaincu de cette nécessité.