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Pays : Canada (Québec) Label : Indépendant Genres et styles : musique contemporaine / néoclassique Année : 2022

Duo Fortin-Poirier – Nuit blanche

· par Frédéric Cardin

Le concept de nuit blanche peut porter à diverses interprétations : une veille calme ou une agitation nerveuse, et tout ce qu’il y a entre les deux. Le voyage dans cette nuit musicale proposé par le duo de pianistes formé d’Amélie Fortin et Marie-Christine Poirier nous fait passer par toutes ces étapes. 

La raison initiale qui a mené à la création de cet album est intéressante à plusieurs niveaux et permet d’enrichir l’écoute :

Il y a quelque temps déjà, nous traversions toutes deux un événement marquant : nouveau bébé pour l’une, séparation pour l’autre. Ces nouvelles réalités eurent pour effet de nous priver régulièrement de sommeil pendant plusieurs semaines. Unies fortuitement par ces insomnies, voilà que nous vivions notre amitié aux petites heures de la nuit. Ces éveils nocturnes nous auront donné accès à tout un monde de sensations et d’émotions, étonnantes et variées. C’est ainsi que Nuit blanche, allait doucement voir la lueur du jour

Marie-Christine Poirier

Cela commence de façon paisible, voire contemplative, avec un arrangement très original de la Berceuse de Brahms, suivi d’une compo tout onirique et néo-impressionniste, Entre la veille et le sommeil de la Québécoise Maggie Ayotte. Ça se poursuit dans la même veine avec un autre classique du répertoire, la fameuse Danse des esprits de Glück, extraite d’Orphée et Eurydice. Une agitation prend forme avec Clockwork d’Alfonso Peduto, une pièce de type minimaliste répétitif au lyrisme einaudien et à l’implacabilité mécanique témoignant du passage inéluctable des heures nocturnes. Enamorada de Victor Simon ramène une dose de calme mais en forme de langueur amoureuse, aidée par la mélodica qui s’ajoute aux deux pianos. On dirait un bandonéon qui danse élégamment sous une lune attendrie.

Ça se corse hardiment avec Night du Turc Fazil Say, une pièce aux traits menaçants, voire rudes, à la façon du Sacre de Stravinsky (clairement une inspiration). La conclusion ne perd rien de l’énergie évoquée par la pièce précédente, mais avec un caractère cette fois entièrement positif. Fiestravaganza de Shaun Choo est en effet un vibrant hommage à l’aspect festif que peut aussi prendre la nuit dans certains cas. Une finale excitante et pleinement satisfaisante.

Les deux jeunes pianistes ont une complicité naturelle, leur amitié de longue date aidant. 

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