La principale contribution de la Russie au retour en force du reverb ces dernières décennies s’appelle Messer Chups, avec le tsar du trémolo Oleg Gitaracula et sa section rythmique, la bassiste Zombierella et le batteur Rockin’ Eugene – un tandem qui est la réincarnation presque parfaite de Boris et Natasha, des Aventures de Rocky et Bullwinkle.
Le plus récent de leurs nombreux albums est sorti le 1er mai, ce qui serait comme le 14 juillet pour ces camarades de Saint-Pétersbourg si nous étions encore à l’époque de la guerre froide. Le trio se complaît dans l’air du temps rétro, bien que ce ne soit pas le kitsch soviétique qui leur fasse tourner la tête mais plutôt la culture trash américaine de l’ère atomique, en particulier les films d’horreur d’époque.
Ce qui est drôle dans le cas de Messer Chups, c’est que le groupe est devenu beaucoup plus conventionnel au cours de ses 20 ans d’existence. Ses premiers disques regorgeaient de bribes de dialogues de films de série B, d’effets sonores d’Halloween et d’instruments étranges. Il était comme le complément film de monstres au rétrofuturisme kitsch du groupe Man or Astro-man ? dans un programme double au drive-in. Les deux formations se sont servi du rock de garage comme d’un laboratoire scientifique.
Don’t Say Cheese s’en tient au surf rock classique, avec parfois un zeste de R&B burlesque (Cadabra Box Pandora Strip) et plusieurs reprises curieuses. Parmi celles-ci on retrouve une variante de la pièce synth-pop prototypique Popcorn, déjà reprises par le groupe, et une version instrumentale étonnamment réussie de la déchirante ballade Wicked Game de Chris Isaak. Deux titres originaux sont chantés par Zombierella, dont le personnage de femme fatale slave constitue un atout certain.