Un Panaméen qui fait du Jazz global oecuménique (Danilo Pérez) se joint à un solide ensemble européen (le Bohuslän Big Band de Suède) pour braquer la lumière sur une fusion entre musiques racinaires latinoaméricaines et complexité savante européenne.
Danilo Pérez, grand maître jazz s’il en est un (plus jeune membre du Dizzy Gillespie’s United Nations Orchestra en 1989, puis membre du quartette de Wayne Shorter en 2001) empile les reconnaissances et les accolades. Avec Lumen, il propose une exploration d’un jazz raffiné, sophistiqué, qui mêle agréablement la complexité rythmique des musiques vernaculaires afro-panaméennes et latino en général, avec la richesse harmonique du jazz moderne et de la musique savante, grâce au recours du scintillant Big Band Bohuslän. L’ensemble suédois est d’ailleurs un habitué des collaborations inspirantes : Maria Schneider, Gregory Porter, Joe Lovano, Nils Landgren.
Ce qu’on entend dans Lumen, c’est le déploiement d’une construction harmonique basée sur l’utilisation de tétracordes. Voilà une notion savante qui, dans sa version pérezienne, a l’effet esthétique d’une création de panoramas amples et solaires, dans lesquels se profilent occasionnellement quelques passages ombrageux bien circonscrits.
Les mélomanes en sortiront avec la satisfaction d’avoir été rassasiés par une offre musicale opulente qui sait conserver une connexion forte avec l’aspect démocratique et accueillant du jazz. Un jazz qui a conservé des liens étroits avec la noblesse des racines ‘’populaires’’ des rythmes et mélodies déployées.
Du grand jazz savant, accueillant et inclusif