Après une longue série consacrée aux compositeurs classiques (Ravel, Debussy, Satie), auxquels on peut ajouter un album sur Da Vinci, il n’est pas exagéré de dire que l’ensemble Cordâme est actuellement (peut-être) dans une série ‘’féministe’’. Après le très beau Fabula femina de 2023, voici Déesses mythiques, un opus constitué de onze portraits de déesses grecques, allant d’Aphrodite à Artémis en passant par Déméter, Athéna, Héra, Thalia…
Le leader et contrebassiste de l’ensemble Jean-Félix Mailloux est entouré de fidèles des premiers jours (ou presque) : Marie Neige Lavigne au violon, Sheila Hannigan au violoncelle, Guillaume Martineau au piano, Éveline Grégoire-Rousseau à la harpe et Mark Nelson aux percussions. Tout le monde s’entend à merveille, musicalement parlant (dans la vie aussi, j’imagine) et le produit est rodé au quart de tour.
Rien à dire sur la joliesse des arrangements et des mélodies, la qualité habituelle est au rendez-vous. On remarque de discrètes intonations modales et des coloris percussifs évoquant, de toute évidence, la Grèce ancienne (du moins ce qu’on en imagine). Cela dit, en comparant avec des albums précédents tels Fabula femina et le magistral Da Vinci Inventions, qui bénéficiaient de la voix magique de Coral Egan, je me demande pourquoi celui-ci, consacré à des femmes, qui plus est divines, ne présente pas de portion vocale. Je me surprends à m’ennuyer de l’excellente écriture que Mailloux avait manifestée pour le chant dans ces deux opus précédents. Il me semble que le ‘’fit’’ aurait été parfait. Aussi, des descriptifs des différentes déesses aurait été pertinent afin de faire plus facilement la connexion avec la musique.
On chipote, on chipote, mais Déesses mythiques demeure un album très agréable et un autre heureux croisement entre le classique, le jazz et quelques pigmentations ‘’world’’ subtiles de la part de cet ensemble unique, qui fête en 2024 son 20e anniversaire d’existence.