Ça débute sur un piano vaporeux, méditatif, qui rappelle Erik Satie ou Claude Debussy. Pour la seconde pièce, s’ajoutent des cordes; pour la troisième, des voix. Catherine Major met graduellement en place l’univers de La Mémoire du Corps, qui nous fera voyager, en musique dans son intimité personnelle : enfance, vieillissement, accouchement, joies, peines. Tout cela sans une seule parole.
Après cinq albums de chansons, des musiques de film, ainsi qu’un opéra fondé sur une pièce de théâtre de Michel Tremblay, Catherine Major s’aventure sur le terrain de la musique instrumentale pour la nouvelle étiquette néo-classique alisma, filiale d’ATMA Classique. Un projet qui l’a plongée « dans une grande insécurité », nous a-t-elle confié en entrevue.
C’est un album de quinze pièces, où le piano occupe une place prépondérante. Cet instrument que Catherine joue depuis qu’elle est enfant. S’y greffent violon, alto, violoncelle, cor anglais et voix humaine. La musique s’intensifie et se complexifie à mesure qu’on avance dans l’album. Entendons-nous: La Mémoire Du Corps est un album plutôt accessible, d’inspiration très européenne, mais avec un grand souci de sophistication et d’inventivité. Et, par-dessus tout, de sensibilité.
Au milieu de l’album, on trouve les pièces Le calme après la tempête, 9 mois et Quarante, des morceaux chavirants, où Catherine Major mélange les tonalités majeures et mineures, pour illustrer les hauts et les bas de la vie. Sur 9 mois, qui évoque évidemment une grossesse, les voix superposées et le piano forment des vagues musicales incessantes. Une de mes pièces préférées.
« C’est curieux que mon nom de famille soit Major. En musique, je suis plutôt en mode mineur », raconte-t-elle en entrevue. C’est dire.