Les fans de Carly Rae Jepsen savaient bien qu’il y aurait une suite à The Loneliest Time sorti au mois d’octobre 2022. L’artiste, au fil des années, a établi une tradition de partager, pour chacune de ses sorties depuis 2015, un album d’accompagnement, de chansons qui n’étaient pas incluses dans la sélection principale, mais qui étaient tout de même dignes d’être entendues. Alors nous voilà avec The Loveliest Time, projet-sœur du précédent, qui s’avère en fait être encore plus intéressant. Dans le cas de Jepsen, dotée d’un rare talent dans le monde de la pop, ce n’était pas inattendu.
Il faut savoir que Carly Rae Jepsen est, au point où nous en sommes, une vraie diva de l’indie (Indiva?), et qu’elle a échappé aux serres de la catégorie has been. Bien qu’absente de la majorité des scènes mainstream depuis son succès boule-de-gomme Call Me Maybe en 2012, elle a acquis avec le temps un réel respect critique et populaire pour ses affinités pop qui mêlent nostalgie et modernité. Son cas est bien inhabituel, puisqu’elle semble être appréciée des passionnés comme des snobs de la pop! Elle n’a sensiblement plus grand chose à prouver et est clairement confortable dans sa position, mais elle continue tout de même à être éveillée, défiante envers elle-même et surprenante. On le voit avec ce nouvel album, qui renferme un petit quelque chose pour tout le monde, et qui reste tout juste hors de portée du prévisible.
De la french touch explosive de « Psychedelic Switch », au rythme quasi-IDM et céleste d’ »After Last Night », en passant par une des progressions d’accords les plus intéressantes dans la pop sur « Aeroplanes », cet album qui se voulait discret, annoncé deux semaines à l’avance, brasse beaucoup plus d’air que prévu. Partout, la production est reluisante et pleine, occupe l’espace sonore complet sans que les éléments se bousculent. Des indices esthétiques de ses albums précédents se glissent entre les sons, mais sont supplantés en style et en nombre par ce qu’il y a de nouveau. Ainsi, tout tombe bien à sa place, la surprise devient évidence; l’évidence devient obsession. Voilà un autre coup réussi pour cette artiste au catalogue de plus en plus impressionnant.