Bokanté est une des nombreuses incarnations du musicien texan Michael League, qui dirige le groupe jazz-fusion Snarky Puppy. Que nous avons pu voir au festival de jazz de Montréal sous deux différentes incarnations. Avec le groupe en entier et avec trois musiciens.
Bokanté est ce que certains qualifieraient de musique du monde ; une expression que je déteste. Avec des musiciens axés sur différents continents. Principalement la chanteuse guadeloupéenne-montréalaise Malika Tirolien. Je l’avoue : après deux albums, dont un réalisé avec le Metropole Orkest de Hollande, qui était éblouissant, je me demandais si cette formation pouvait encore créer du nouveau. La réponse est oui, sans aucun doute. Bokanté ne se réinvente pas, mais s’affine, comme un excellent fromage. Vieillit bien comme un bon vin. Avec History, Bokanté a encore des choses à raconter.
Sommes-nous aux Antilles, au Sahara ou en Arizona? Nous n’en savons rien, car le groupe nous amène dans toutes ces contrées à la fois. Pour notre plus grand plaisir. Bokanté est un étrange mélange de voix, percussions et guitares. Avec trois guitaristes (Roosevelt Collier, Bob Lanzetti, Chris McQueen), quatre percussionnistes (Weedie Braimah, André Ferrari, Jamey Haddad Kuwaiti, Keita Ogawa) et au centre, Malika Tyrolien aux voix multiples et Michael League à la basse, mais aussi au oud, cet instrument maghrébin. Il faut dire ici que Malika Tirolien, la Guadeloupécoise, n’a jamais chanté aussi bien. Sa voix suave, qui peut faire des harmonies à l’infini, est plus assurée. Qui plus est, elle écrit la majorité des textes, majoritairement en créole, mais aussi en français.
Et il y a toutes ces percussions : congas, derbouka, kanjira, surdo, krakeb, djembé, cloches, une vingtaine d’autres. Et que dire ce mur de guitares électriques et steel guitar. Et tout se fond, se mélange, se complète, avec un excellent traitement en studio. Une œuvre d’art. De la bien bonne musique qui ouvre les esprits. Michael League est vraiment un des musiciens les plus intéressants de sa génération. Et « notre » Malika Tirolien n’a pas fini de nous surprendre.