Orchestras, de Bill Frisell, est une véritable révélation. Il s’agit d’un double album qui place le son inimitable de sa guitare dans des cadres riches et cinématiques. En collaboration avec Brussels Philharmonic, sous la direction d’Alexander Hanson et l’Umbria Jazz Orchestra, le guitariste américain revisite des morceaux de son catalogue, mais cette fois avec un sens de la grandeur qui reste intime et sans prétention.
Ce qui rend cet album vraiment spécial, c’est la façon dont le jeu de guitare discret, néanmoins conversationnel, s’harmonise avec les arrangements de Michael Gibbs, qui sont d’une grande profondeur émotionnelle. L’album s’ouvre sur le Nocturne Vulgaire de Gibbs, qui commence par des sonorités dramatiques, cinématographiques, avant que Frisell ne s’y glisse avec cette chaleur ergonomique et cette touche bluesy que nous avons tous appris à aimer.
La pièce Beautiful Dreamer de Stephen Foster se transforme en une valse nostalgique aux accents du Sud, tandis que les favoris de Frisell, comme Throughout et Richter 858 No. 7, prennent de nouvelles dimensions : la première ressemble à une danse délicate et déchirante, tandis que la seconde se transforme en quelque chose de grand et d’audacieux, plein d’élan rythmique et de grandeur orchestrale.
Le deuxième disque est encore plus profond. Des titres comme Strange Meeting et Lookout for Hope sont tout simplement magnifiques. Les mélodies de la guitare de Frisell chantent d’une manière douce, presque timide, qui vous touche de plein fouet. La batterie de Royston apporte une étincelle d’énergie, en particulier sur Levees, où les lignes de cuivres audacieuses et le jeu lyrique de Frisell s’entremêlent à merveille. Qu’il allume des sonorités vives et retentissantes ou qu’il se penche sur quelque chose de plus doux et de plus introspectif, la guitare de Frisell est toujours le centre émotionnel de l’album.
Orchestras est comme une lettre d’amour, non seulement à l’œuvre de Frisell, mais aussi à ce que sa musique peut encore devenir. C’est chaleureux, imaginatif et profondément humain – un rappel des raisons pour lesquelles Frisell a toujours été dans une ligue à part.