Un bijou de jeu croisé, qui nous ramène à la liberté formelle de Don Cherry et Ornette Coleman, mais plus souvent qu’autrement de manière pacifique et contemplative. Quelques envolées plus robustes ébouriffent un peu les coiffures, mais elles demeurent discrètes. Arcanum est dans la douceur et le raffinement, dans l’écoute intime et le commentaire murmuré, comme dans Armon Lapset, un folklore finnois délicatement tissé par les quatre musiciens. Puis Folkesong qui nous offre de superbes lignes d’abord à la trompette, puis au saxophone, soutenues par un filet ténu mais presque arachnéen de batterie et de contrebasse. Ailleurs, les cuivres peuvent entonner un unisson murmuré, ou alors c’est tout l’ensemble qui se jette pleinement, mais toujours aussi élégamment, dans des impros collectives épurées dans la forme, mais richissimes dans l’affect esthétique. Ces garçons créent des paysages improvisés presque weberniens, totalement fascinants. Voici quatre maîtres absolus, chacun dans son domaine, qui réalisent une transcendance de leurs individualités pour enrichir un collectif exceptionnel.
Arcanum est un chef-d’œuvre de finesse et de sophistication sans arrogance.
Arve Henriksen, trompette
Trygve Seim, saxophone
Anders Jormin, contrebasse
Markku Ounaskari, batterie et percussions