Ambroise, alias Eugénie Jobin, est une artiste montréalaise qui propose avec La première caresse goûte toujours la neige un cinquième album de chansons hyper personnelles, situées à la croisée de la chanson indie, du folk, du jazz, de la musique savante contemporaine et de l’avant-garde.
Cinquième, mais peut-être le premier d’une nouvelle phase créative. En effet, La première caresse goûte toujours la neige se distingue des albums précédents (Discographie complète à consulter sur Bandcamp) dans son atmosphère instrumentale d’une douceur plus affirmée que jamais. Ambroise n’avait rien de hurlant, stylistiquement parlant, mais la présence de guitares, très indie Montréal, se faisait néanmoins sentir régulièrement, perçant tranquillement mais affirmativement le voile compositionnel d’Eugénie.
Ici, point de cela. En plus de la voix d’Eugénie, toujours belle et caressante, un piano (iel-même qui joue) et parfois un accordéon (Frédérique Roy), toujours en mode ppp (très doux). C’est tout.
Autre transformation par rapport aux autres albums : les harmonies apparaissent pacifiées, moins chromatiques/contemporaines. Ainsi, La première caresse goûte toujours la neige est moins exigeant que ses grands frères, sans être un seul instant de moindre envergure qualitative. Au contraire, on sent que l’artiste s’est solidement groundé-e dans une démarche cohérente et focalisée. Il faut dire que cet album est aussi le résultat de circonstances particulières : après avoir subi une commotion cérébrale, Eugénie est devenu-e ultra-sensible aux sons et à la lumière. Du coup, le besoin d’être accompagné-e de façon minimale et extrêmement calme!
Ce faisant, iel s’éloigne pour la première fois de l’expérimentalisme pour s’approcher d’une démarche presque néoclassique/ambient, mais en bien moins simpliste.
Je retiens surtout que ça marche super bien! La première caresse goûte toujours la neige devient un album (un EP en vérité) de magnifiques et apaisantes chansons contemplatives, basée sur une poésie de l’introspection signée d’iel-même et de Marie Uguay.
Laissez-vous donc inviter par Ambroise à partager un moment d’éternité lentement déployé et enveloppé d’une douceur presque spirituelle, à l’instar d’un regard perdu devant l’immensité silencieuse d’un panorama naturel et intouché par l’humain, sinon via son esprit vagabondant.