Depuis la fondation des Spacemen 3 au début des années 80, le Britannique Pete Kember, musicien, réalisateur et intrépide capitaine d’innombrables voyages intérieurs, a servi de passeur entre les pratiques profondément psychédéliques du passé – le krautrock, les ragas indiens, le précurseur Theatre of Eternal Music de La Monte Young – et les prochains avatars du rock alternatif.
All Things Being Equal est le premier album sous le pseudonyme de Sonic Boom de ce psychonaute chevronné depuis 30 ans. Entretemps, les termes kosmische, drone, modulaire et minimalisme sont devenus monnaie courante dans le monde du rock, si bien que le reste de la meute ne fait que rattraper cet étrange animal. Au cours des trois dernières décennies, Kember s’est tenu occupé avec Spectrum, E.A.R. et divers autres projets, toujours en train de patrouiller aux confins du rock, de la techno et de l’électro-pop à la recherche des points de jonction où ces formes s’ouvrent sur des territoires plus ésotériques – la musique comme clé magique pour libérer l’esprit des entraves du temps et de l’espace qui le retiennent encore.
Les pièces, qui se déploient lentement, sont toutes construites à partir de motifs simples et circulaires, riches en textures, pendant qu’avec ses mantras vocaux Kember demeure toujours aussi impassible et distant. Les fans de longue date remarqueront cependant une différence subtile. Serait-ce l’apaisement qui vient avec l’âge ou son déménagement sur la côte ensoleillée du Portugal? Toujours est-il que la musique de Kember est porteuse d’une bonne dose d’optimisme et de positivité, comme sur la dernière pièce I Feel a Change Coming On. Le temps est peut-être une abstraction tyrannique et Kember un trafiquant de sons du passé, mais All Things Being Equal donne à croire que l’avenir pourrait bien nous sourire.