ambient / dream pop expérimentale / électronique / new age

Keyboard Fantasies: The Beverly Glenn-Copeland Story

par Frédéric Cardin

Keyboard Fantasies est cette cassette parue en 1986, aujourd’hui l’objet d’un culte web… et d’un film documentaire mis en relief à Pop Montréal

Il a fallu qu’un collectionneur japonais entre en contact avec Beverly Glenn-Copeland en 2015 pour que ce dernier se rende compte du statut culte qu’avait atteint son album Keyboard Fantasies, paru en 1986 et imprimé en format cassette à 150 exemplaires (dont la moitié seulement fut vendue à des “mères d’amis” bienveillantes). L’album a été récemment numérisé et sert maintenant de pierre angulaire à l’explosion de notoriété que connaît le musicien américano-canadien, né à Philadelphie en 1944.

Keyboard Fantasies est un chef-d’oeuvre écrit pour et interprété sur les synthétiseurs DX-7 de Yamaha et TR-707 de Roland. Les geeks de Glenn-Copeland qualifient souvent Keyboard Fantasies de bijou new age. En ce qui me concerne, s’il s’agit de new age, c’est dans sa frange expérimentale que cet album se situe.

On est à des années-lumière des accords vaporeux étirés sur des minutes entières, pour lesquels le terme adagio apparaîtrait encore trop frénétique. Et oubliez les bruits de vagues! Keyboard Fantasies est le bébé d’un créateur doué, nourri au sein de la musique savante, classique et contemporaine, mais aussi aux sonorités du jazz, de la pop électro pionnière (Kraftwerk, Can, le son de Detroit des années 70) ou d’une certaine musique de film synthétique (Tron, Labyrinth, The Never Ending Story).

On est séduit, on est étonné, on est envoûté par cet univers à la fois zen et léger et on est même bouleversé que ce degré d’imagination réalisé sur des synthétiseurs des années 80 soit resté dans l’ombre si longtemps! Tout est résolument mélodique, pop et accrocheur de façon assumée, mais jamais racoleuse. Chaque pièce déborde de détails subtils qui la propulse bien au-delà de toute forme de “musique d’ascenseur” ou de “muzak”, étiquettes collées sur tant d’albums new age de cette époque (et avec raison dans la plupart des cas!). Glenn-Copeland chante sur quelques pièces, et on se régale d’une belle voix mezzo bien équilibrée, travaillée, très élastique avec des pointes aisées dans l’aigu.

Beverly Glenn-Copeland vit-il une renaissance en ce moment? Non, car, en vérité, il n’est jamais “né” tel qu’il aurait dû l’être en tant que musicien important. Cela dit, on le découvre enfin, et l’artiste trans (il/elle a été l’une des premières étudiantes noires en musique à McGill dans les années 60, avant de changer de sexe plus tard) fait maintenant l’objet d’un déferlement de popularité à laquelle il ne s’attendait pas du tout!

Il y a tellement à dire sur ce personnage inspirant et haut en couleur! Si comme moi vous êtes sous le charme, voire seulement intrigué par sa musique, vous devrez absolument aller voir le documentaire Keyboard Fantasies : The Beverly Glenn-Copeland Story, diffusé à l’occasion du festival Pop Montréal, le mercredi 23 septembre. 

Sa page Bandcamp offre non seulement Keyboard Fantasies, mais tous les autres albums qu’il a réalisé, entre autre un chef-d’oeuvre à vous faire fondre, un album éponyme de 1970 aux accents folk que Joni Mitchell et Tim Buckley auraient été fiers d’avoir pu signer! Rappelez-vous de ce nom. Il ne retournera pas de sitôt dans l’anonymat.

Le 23 septembre 2020 à 18h30
Cinéma Moderne

https://www.youtube.com/watch?v=P6S_-8VEDiE&feature=emb_logo

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