renseignements supplémentaires
L’été dernier, la petite bombe punky-pop Chaise longue a fait découvrir Wet Leg à la moitié de la planète. Avant ce 3,17 minutes de pur bonheur contagieux qui a récolté des millions de vues et d’écoutes, personne n’avait entendu parler de ce duo sorti de nulle part. Bon, pas tout à fait de nulle part puisque les deux principales protagonistes de Wet Leg viennent de l’île de Wight, au large des côtes d’Albion.
Si beaucoup pensaient que le succès de Chaise Longue serait court et que Wet Leg ne serait qu’un autre one hit wonder de plus, force est d’admettre que le binôme était assez inspiré lors de la création des douze titres de ce premier album, tout simplement intitulé Wet Leg, et dévoilé tout récemment.
Portées par la retentissante réussite de Chaise longue, Rhian Teasdale et Hester Chambers ont vu leur petite vie d’insulaires totalement chamboulée, devenant du jour au presque lendemain les chéries de la presse musicale, avec tout le battage médiatique qui l’accompagne.
Il y a quelques semaines, PAN M 360 a réussi à attraper les deux complices alors que l’une était sur son île et que l’autre était à Londres. Elles tenaient à faire l’entrevue ensemble. Espiègles, moqueuses, pas très bavardes mais ricanant souvent, Rhian et Hester nous ont parlé de leur coin de pays, des jambes mouillées, du plaisir qu’elles veulent continuer d’avoir en faisant de la musique et du poids du succès.
PAN M 360 : Quand et comment l’aventure Wet Leg a-t-elle débuté ?
Hester Chambers : En 2018, au festival End of The Road. Rhian avait son projet solo RHAIN qui ne la motivait plus trop, et elle était sur le point d’abandonner. Mais pour quelques dates de festival qu’elle avait déjà acceptées de faire, elle m’a demandé de jouer de la guitare avec elle. À notre grande surprise, ça se passait plutôt bien entre nous et c’est après ce concert au End of The Road que nous avons sérieusement évoqué le désir de former un groupe elle et moi. On a aussi plus ou moins participé à quelques projets ensembles mais ce n’était pas notre projet. Tu sais, il arrive parfois qu’on ait de bonnes intentions en décidant de former un nouveau projet mais au final tout le monde est trop occupé avec d’autres choses ou alors c’est difficile de trouver un endroit où tout le monde peut répéter et blablabla, mais nous avons tenu bon !
Rhian Teasdale : Oui, c’est assez fou que nous ayons réussi à le faire (rire timide)
PAN M 360 : Comment vous êtes vous rencontrées ? Vous vous connaissiez depuis un moment j’imagine.
Rhian Teasdale : Oui, on se connaît depuis un bon moment. On s’est rencontrées quand nous étions à l’université, mais on n’a jamais vraiment pensé à démarrer un groupe ensemble avant une bonne dizaines d’années je dirais.
PAN M 360 : À la base, Wet Leg était plus un projet que vous avez démarré avec la seule prétention de vous faire plaisir sans vous prendre la tête. Ce n’était pas plus compliqué que ça. Mais vu tout votre succès et tout ce que cela implique, est-ce toujours le cas ?
Rhian Teasdale : Oui, mais nous sommes vraiment sollicitées et occupées, on travaille beaucoup Hester et moi, c’est assez dingue. On n’avait jamais pensé à faire ça très sérieusement, on a parti Wet Leg juste pour le plaisir de faire de la musique ensemble, vraiment. Il y a quelques mois je disais à Hester que je devais aller travailler sur notre projet après le congé des Fêtes, et ça m’a fait tout drôle d’appeler ça du « travail ».
Hester Chambers : Mais oui, tellement ! Pendant longtemps ce n’était qu’un hobby pour nous. C’est après avoir été signé par Domino qu’on a commencé à appeler ça un « travail »… Ça nous semblait bizarre de dire ça. Car on n’avait jamais vu ça comme un boulot, on ne faisait que passer du temps ensemble.
PAN M 360 : Musique et travail ne sont pas des mots qui vont très bien ensemble, non ?
Rhian Teasdale : Je pense qu’appeler ça un travail, un boulot ou une carrière est bizarre. Ça me semble vraiment étrange d’appeler ça ainsi.
PAN M 360 : Que veut dire Wet Leg, est-ce une expression typique de l’île de Wight ?
Hester Chambers : Oui, c’est une épithète locale pour décrire ceux qui ne viennent pas de l’île de Wight. On dit de ceux qui ont traversé le Solent (le bras de mer qui sépare l’île de Wight de l’Angleterre) pour entrer sur l’île qu’ils ont les jambes mouillées en descendant du bateau. On est entouré d’eau donc peu importe où tu vas sur l’île, tu te retrouves souvent les pieds mouillés.
Rhian Teasdale : Nous avions pensé nommer le groupe Wet Egg, mais on s’est dit que Leg passerait mieux, que ça serait mieux compris par la majorité des gens.
PAN M 360 : Vous êtes toutes les deux nées et avez grandi sur l’île ?
Hester Chambers : Non, nous n’y sommes pas nées mais nous avons passées une bonne partie de notre vie là, depuis que nous sommes toutes petites.
PAN M 360 : Il y a plusieurs musiciens assez connus qui proviennent de l’île de Wight, on pourrait nommer par exemple The Bees, Get Shakes, Mark King de Level 42/Re-Flex, Dick Taylor des Pretty Things (et brièvement des Rolling Stones), David Steele des English Beat/Fine Young Cannibals, le batteur des Hanoi Rocks et de nombreux autres. Peut-on dire qu’il y a une scène musicale assez dynamique sur l’île ?
Hester Chambers : Oh oui! C’est un endroit vraiment créatif. Il y a tellement de groupes et d’artistes qui en proviennent. Il y a toujours un spectacle quelque part bien qu’il n’y ait pas vraiment de salles de concerts vraiment chouettes. Il n’y en n’a qu’une en fait (ricane). Nous jouons ici et là sur l’île depuis que nous avons 17 ou 18 ans. En fait je dirais que nous avons passé pas mal de notre temps à jouer un peu partout sur l’île.
PAN M 360 : J’imagine qu’il y a moins de distractions qu’à Londres par exemple; vous avez pas mal de temps pour répéter et faire des concerts. Et puis il y a toujours le fameux Isle of Wight Festival…
Hester Chambers : Oui mais c’est pas mal différent aujourd’hui. Ça n’a plus rien à voir avec ce que c’était durant les années 70. Quand on était plus jeunes, c’était vraiment quelque chose qu’on attendait avec impatience au début de l’été. Juste de courir partout et de voir des groupes vraiment cool… On est vraiment chanceuses d’avoir pu vivre ça. Et il y avait le Bestival aussi.
Rhian Teasdale : Le Isle of Wight Festival a lieu au début de l’été et le Bestival à la fin. C’était vraiment bien mais il n’a plus lieu sur l’île (l’événement a été relocalisé dans le Dorset en 2017 et a même été jusqu’à Toronto avec deux éditions en 2015 et 2016). C’était beaucoup mieux, c’était plus petit que le Isle of Wight Festival.
PAN M 360 : Vous avez enregistré Wet Leg en avril 2021 mais l’album n’est paru que le 8 avril dernier, un an plus tard. Pourquoi avoir attendu si longtemps, surtout après l’énorme succès de Chaise longue. Cette chanson est tout de même sortie en juin dernier.
Hester Chambers : Nous n’avions pas grand-chose à faire durant la pandémie, donc on cherchait à être productives, à maximiser notre temps. Et ce fut un processus assez long ensuite. On n’a pas tout terminé le printemps dernier, il y a eu le mix qui a pris un certain temps. Et on ne savait pas trop comment les choses allaient tourner après Chaise Longue.
PAN M 360 : Parlez-nous de cette chaise longue. C’est ainsi que vous appelez ces chaises de plage ou de piscine ?
Rhian Teasdale : Je sais qu’en français ce sont des genres de chaises de plage, mais en anglais une chaise longue est ce que vous appelez un récamier.
PAN M 360 : Comment est née cette chanson ?
Hester Chambers : On traînait dans un salon et Joshua (Omead Mobaraki, un des trois musiciens du groupe) a sorti un joli beat de ses machines, on a ajouté une ligne de basse, c’était juste un petit jam tout bête et pendant ce temps Rhian était assise sur une chaise longue.
Rhian Teasdale : C’était tout à fait accidentel comme jam et ça ne devait jamais aller plus loin que ça.
PAN M 360 : Un « happy accident » quoi !
Hester Chambers et Rhian Teasdale : Oui oui, exactement !
PAN M 360 : Vous avez cumulé plus de 9,3 millions de vues sur Youtube avec vos six clips (3,8 millions seulement pour Chaise Longue) et le nombre de streams frise les 50 millions…Est-ce que tout cela vous dépasse un peu, sentez-vous une certaine pression ?
Rhian Teasdale : Hum… C’est un petit peu trop n’est-ce pas ? Personnellement, je n’essaye de ne pas trop y penser et consacre mon énergie aux bonnes choses que les gens nous disent. Je sais pas… hum… mais c’est vrai qu’il y a pas mal de hype (rigole).
PAN M 360 : Sentez-vous qu’il y a une forte attente du public, qu’il attend de vous que vous soyez à la hauteur de toute cette hype ?
Rhian Teasdale : On verra, on fait ce qu’on a à faire et que sera sera !
(photo : Hollie Fernando)