Valence : doux chaos

Entrevue réalisée par Maude Bélair
Genres et styles : bedroom pop / dream-pop

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Quel jeune adulte peut rester insensible aux méandres de la vie, en l’occurrence la sienne? Manifestement, la solitude et les amours imaginaires au temps de la pandémie nous ont tous.tes mis dans un état de langueur… l’auteur-compositeur-interprète Vincent Dufour alias Valence n’a guère été épargné.

Après la sortie d’un microalbum, plusieurs singles et une victoire bien méritée aux Francouvertes de 2020, Valence nous offrait en septembre un tout premier album, Pêle-Mêle, brillant de douceur.

Pêle-Mêle, c’est dans le fond et la forme comme le dit si bien le chanteur. Dans le fond, parce que Pêle-Mêle propose des chansons intimes, où la vulnérabilité et l’incertitude vient cribler les plus fort.e.s. Le son de Pêle-Mêle rappelle celui de Connan Mockasin ou encore celui de Homeshake, cette douce bedroom pop nous invite à fermer les yeux tout en pénétrant dans l’intimité d’autrui. Sans voyeurisme ou indiscrétion, il est agréable de ressentir la nostalgie dans la voix de Vincent Dufour résonner dans nos oreilles.

Lorsqu’il œuvrait au sein de Medora, formation maintenant défunte, la tâche d’écrire les textes des chansons revenait à Charles Côté, alors que lui les chantait en s’accompagnant à la guitare. Cette fois, il choisit de s’émanciper en créant de toute pièce son propre projet. Ainsi, il s’est non seulement occupé de l’écriture, mais aussi de la réalisation, de l’arrangement et la composition de tout l’album. 

À force de « parler constamment au je », Dufour réalisait l’importance d’être bien entouré et de se connecter au monde extérieur. Alors quoi de mieux que de le faire en exprimant ses propres sentiments à travers ses propres textes?

Peu après la sortie de ce premier album, Valence interprète la matière de Pêle-Mêle, soit le 3 octobre prochain dans le cadre du festival Osheaga dont la programmation est strictement locale ou canadienne pour les raisons que l’on sait.

En attendant, PAN M 360 l’a rencontré pour parler des gars qui ne savent se dire je t’aime, des étiquettes kétaines et, ah oui, de son premier album.

PAN M 360 : Avant de mettre au monde Valence, tu faisais partie de Medora, formation maintenant dissoute, où tu t’occupais de la guitare et de la voix. Toutefois, écrire les paroles n’était pas ta tâche, mais bien celle de Charles Côté, un autre membre du groupe. Qu’est-ce qui t’a poussé à essayer le mode « solo » et quand as-tu compris que tu voulais écrire toi-même tes textes?

Vincent Dufour : Ce qui m’a poussé vers le solo était le manque de liberté artistique, car je sentais que je devais m’exprimer davantage. Déjà, je trouve que c’est particulier de chanter des paroles que je n’ai pas écrites moi-même. Je souhaitais écrire et c’est exactement ça que je fais avec Valence.

PAN M 360 : Les textes de Pêle-Mêle sont très intimes et nostalgiques. Cela a-t-il été difficile de laisser les gens entrer dans ton intimité et entrevoir ta vulnérabilité?

Vincent Dufour : Avant la sortie de l’album, j’anticipais beaucoup la réaction des gens face à cette vulnérabilité qu’on peut y trouver. On dirait que plus j’évolue en tant qu’artiste solo, plus je travaille à ce que mes textes transmettent quelque chose que je ressens vraiment. Pour atteindre un public, il est nécessaire de se laisser aller. 

PAN M 360 : Bien que tu sois auteur-compositeur-interprète, tu as travaillé avec des collaborateurs.trices pour l’enregistrement du projet ainsi que pour les spectacles. Ont-ils.elles été aussi présent.e.s pour la création en tant que telle?

Vincent Dufour : Voici comment je procède : j’écris les textes des chansons, j’en compose les musiques et je les arrange chez moi. En gros, j’écris les partitions de tout le monde. Quand je n’aime pas ce que je fais, ou que je réalise que je suis nul pour un truc en particulier, je contacte un.e collaborateur.trice pour m’aider. Donc je travaille majoritairement en solo pour la réalisation, la composition et l’écriture de l’album. Beaucoup de monde a travaillé avec moi, plusieurs ont mis de leur couleur dans le projet. En live, nous avons vraiment une énergie de band, nous aimons jouer ensemble puisque nous sommes des ami.e.s de longue date.

PAN M 360 : As-tu l’habitude de créer en solitaire ou cela venait plus avec la ligne du projet?

Vincent Dufour : C’était dans la ligne du projet de travailler de moi à moi. Lorsque j’ai quitté Medora, j’avais retrouvé une liberté d’exploration et je pense que je voulais beaucoup me prouver à moi-même. Je voulais être capable de composer des chansons en me laissant aller, mais plus je grandis, moins je deviens… possessif, peut-être? J’ai compris que j’ai de plus en plus envie de m’entourer de gens, je crois avoir fait mes preuves… Désormais, je comprends l’importance de valoriser la collaboration.

PAN M 360 : Après un microalbum et plusieurs simples, tu as sorti Pêle-Mêle en septembre dernier. Pêle-Mêle, c’est comment tu te sens?

Vincent Dufour : Depuis que l’album est sorti, je te dirais que je me sens libéré. Pour moi, Pêle-Mêle parlait autant dans le fond que dans la forme. Premièrement, toutes les chansons sont un peu éclectiques et ont traversé deux années assez mouvementées. Elles ont été écrites à des moments assez différents, ce qui explique les différentes sonorités. Pêle-Mêle, c’est aussi le sentiment de la perte de repère, la solitude… et ça reste un projet solo. C’est beaucoup d’énergie à mettre sur soi-même pendant longtemps, c’est de se demander « Pourquoi est-ce que je fais ça? », « Est-ce important? » … Cela peut devenir exigeant à la longue.

PAN M 360 : On décrit souvent ta musique comme étant de la dream-pop, ou encore de la bedroom-pop. Es-tu d’accord avec ces étiquettes?

Vincent Dufour : Je laisse ça aux autres parce que je suis la pire personne pour prendre du recul sur ma propre musique. Après ça, je trouve ça vraiment kétaine les étiquettes… mais celle de bedroom pop, je ne la trouve pas si mal, au sens où c’est de la musique sortie véritablement de ma chambre. Tout ça vient effectivement de mon intimité… Au final, je ne comprends pas trop ces étiquettes, mais celle-ci décrit quand même très bien ce qui se passe. 

PAN M 360 : Les fans de The Office (dont je suis) seront ravi.e.s de voir que la chanson Perfektenschlag est une référence à l’attachant et bizarre Dwight Schrute, personnage important de cette série américaine qui a maintenant gagné le cœur de bien des gens. Selon Dwight, le perfektenschlag décrit le moment dans la vie d’une personne où tout est à sa place, où tout est parfait. Pour toi, quel est ton perfektenschlag? L’as-tu atteint? 

Vincent Dufour : Pour moi, le perfektenschlag est momentané, il ne dure qu’un instant. En ce moment, je te dirais que je suis en perfektenschlag. Quand on était plus jeunes, on se le disait quelquefois, entre amis… Tu peux imaginer une gang de gars au cégep qui ont de la misère à se dire « Je t’aime » de temps en temps… c’était plus facile de parler de perfektenschlag ! Sinon, quand l’album est sorti il y a déjà quelques semaines et que les lancements ont eu lieu, j’ai dit à mon équipe que j’étais en perfektenschlag. 

PAN M 360 : Le 3 octobre prochain, tu joueras au festival Osheaga de 15 h 40 à 16 h 20, sur la scène de la Montagne Coors Light. Ça fait quoi de prendre part à cette programmation canadienne? 

Vincent Dufour : J’ai vraiment hâte! Je suis très content de participer à ce festival, surtout en ce moment avec les mesures et les restrictions. Pour ce qui est du spectacle en soi, nous sommes prêt.e.s, cela fait un moment que nous le répétons, mais nous aimons aussi déstabiliser le public. À ce moment-là, je vais garder le mystère et ne pas tout te dire… Tout ce qu’il faut savoir, c’est que nous sommes excité.e.s !

Crédit photo : Lawrence Fafard

À Osheaga, soit le dimanche 3 octobre, Valence jouera de 15 h 40 à 16 h 20 sur la scène de la Montagne Coors Light, entouré des talentueux.ses collaborateurs.trices ayant participé à la création du projet.

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