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Avant son spectacle en tête d’affiche du Taverne Tour, nous avons rapidement parlé à Gus Englehorn de son dernier album complet, The Hornbook. S’appuyant sur les récits fantasques de rock garage que l’on trouve dans les albums Dungeon Master et Death & Transfiguration, les histoires de The Hornbook sont peuplées de chevaliers, de fantômes, d’amoureux délaissés et d’autres gobelins farfelus, tous issus de l’imagination enfantine de Gus. Avec Estée Preda, compositrice, batteure, artiste visuelle, compagne de route et partenaire de vie, Gus a également publié un trésor de vidéos musicales bricolées pour suivre The Hornbook. Retrouvez ces histoires en live à l’Escogriffe le 6 février à 19h avec Gus Englehorn soutenu par Motherhood et Gondola.
D’ici là, lisez notre entretien avec Gus ci-dessous.
PAN M 360 : Qu’est-ce qui a inspiré ces histoires dans The Hornbook ?
Gus Englehorn : Beaucoup de choses ! Mon père s’appelle Roderick, mon frère a fait l’objet d’un article dans le NYT pour avoir détecté des métaux, ma mère n’a qu’un œil et porte un cache-œil (je plaisante). Ce n’est que les chansons sont achevées à 80 % que je commence à percevoir les indices sur leur signification. Cette signification est toujours attribuée par la suite.
PAN M 360 : Vos chansons portent toujours les récits de personnages farfelus et fantasques comme One Eyed Jack, Roderick of the Vale, et Sweet Marie. Croyez-vous alors qu’il est plus facile d’écrire en ayant un personnage visuel à l’esprit ?
Gus Englehorn : Je n’aborde jamais les choses directement. En général, je joue le riff principal de la chanson, et avant même de m’en rendre compte, des mots sortent de ma bouche. Au début, ce ne sont que des sons. Puis, après quelques centaines d’heures, les sons deviennent des mots et les mots se transforment en histoires.

PAN M 360 : Et Sweet Marie est inspiré d’un tableau ?
Gus Englehorn : Deux chansons de l’album sont inspirées par des peintures. Sweet Marie et The Whirlwind’s Speaking. Sweet Marie a été inspiré par une peinture que j’ai trouvée dans une grange. Je l’ai accrochée dans mon appartement et je l’ai regardée en m’asseyant sur le canapé et en jouant de la guitare. Finalement, un meurtre mystérieux a émergé du brouillard.
PAN M 360 : Pourquoi avez-vous appelé l’album The Hornbook ?
Gus Englehorn : Je l’ai considéré comme mes Fables de La Fontaine. Je me suis dit : si je devais un jour écrire un livre pour enfants, comment l’appellerais-je ? Et j’ai pensé que The Hornbook sonnait bien. Le hornbook était un outil éducatif destiné aux enfants de l’époque médiévale, tablette qu’ils utilisaient pour se casser la tête les uns les autres dans les cours de récréation. Ils avaient la forme d’une pagaie en bois et portaient généralement l’alphabet, des chiffres et un court verset de la Bible.
PAN M 360 : Avez-vous plongé dans de vieilles chansons folkloriques médiévales en écrivant cette chanson ?
Gus Englehorn : Je me suis plongé dans Scarborough Fair, un poème médiéval et de la musique française médiévale tout en conduisant à travers la campagne française et en regardant les châteaux et les verts pâturages.
PAN M 360 : Vous avez un côté très visuel dans votre musique, avec des clips à petit budget. Pouvez-vous nous parler du processus de réalisation de ces vidéos ? Peut-être plus particulièrement la plus récente, The Itch.
Gus Englehorn : Tout a commencé lorsque j’ai lu The Barebones Camera Guide, un livre extraordinaire publié pour la première fois dans les années 80, qui contient de nombreuses informations sur le scénario, le tournage de séquences et le travail sur pellicule. J’ai ensuite lu un autre livre intitulé Lighting For Film. Et nous avons commencé à travailler. Je commence par un grand remue-méninges avec Estée. Ensuite, nous concevons un scénario aussi détaillé que possible et, au moment du tournage, nous nous en tenons la plupart du temps à ce scénario. C’est vraiment une expérience passionnante que de prendre une guitare et de commencer à jouer avec, puis de faire émerger une chanson des profondeurs de soi et de lui donner une forme visuelle. Heureusement, dans mon cas, mes chansons fonctionnent plutôt bien comme de petits scripts.
PAN M 360 : Gus Englehorn, c’est vous, mais s’agit-il aussi d’un personnage sur scène ?
Gus Englehorn : Je pense qu’au fond, c’est juste un peu de moi, mais cela ne veut pas dire que je ne modifie pas les choses pour faire passer l’histoire. Je suis simplement excité à l’idée d’essayer de nouvelles choses et j’aime le sentiment que l’art vous procure, un peu comme si vous attendiez dans un océan de possibilités, de différentes façons de chanter, de jouer, de s’habiller, de bouger, de filmer et cela continue jusqu’à l’infini.
PAN M 360 : Pouvez-vous nous parler de votre processus parolier ? Je trouve toujours que vos chansons sont très faciles à chanter en raison de la nature de leurs rimes. Un peu comme un livre pour enfants ?
Gus Englehorn : Comme Jay-Z, je n’écris plus de paroles. Je les invente en jouant de la guitare. Mais les paroles sont certainement la partie du processus que je préfère. Je n’ai pas toujours l’impression de les contrôler, elles émergent en quelque sorte des ténèbres de mon subconscient et, en général, je ne suis pas satisfait tant qu’elles ne racontent pas une histoire facile à suivre tout en conservant un élément de mystère qui laisse une part à l’interprétation.
PAN M 360 : Comment mesurez-vous votre succès en tant qu’artiste indépendant ?
Gus Englehorn : J’essaie encore d’y voir clair. Mais j’ai observé que, plus je me concentre sur l’art et ses innombrables dimensions, plus j’en suis profondément amoureux et moins le succès commercial semble avoir d’importance.
PAN M 360 : A quoi peut-on s’attendre pour le spectacle du Taverne Tour ?
Gus Englehorn : L’inattendu. Je plaisante, c’est juste un demi-groupe rouillé qui prend du bon temps à jouer.