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Sorti en 2021, son album bilingue, Ma délire / Songs of love, lost & found, fut un puissant succès d’estime dans les circuits folk et les médias branchés de la musique, bien au-delà du territoire canadien. La qualité de sa plume et la singularité mélodique de sa voix ont conduit cette libraire, correctrice et mère de famille à mener une nouvelle carrière de songwriter, à tourner avec des noms prestigieux.
Originaire de la région Ottawa / Gatineau, l’artiste montréalaise nous donne un aperçu de ses récentes activités créatrices et de la suite des choses : nouvel album au printemps, des tournées d’ici là et, dans le cas qui nous occupe, un concert aux Suoni, ce jeudi à la Sala Rossa.
À l’évidence Myriam Gendron s’est taillée une place de choix sur la scène indépendante de Montréal. Le vent dans les voiles ! Ce qui justifie amplement cette conversation avec PAN M 360.
PAN M 360 : Vous avez un parcours visiblement folk, vous aimez visiblement la littérature, vous avez une connaissance profonde de l’anglais et du français, ce qui est assez rare. Le choix de vous exprimer en français et en anglais dans vos chansons relève-t-il d’une décision?
MYRIAM GENDRON : Je ne sais pas à quel point c’est une décision de ma part. Je pense que ça s’est fait un peu naturellement parce que mon premier album consiste en une mise en musique de poème de Dorothy Parker, donc c’était nécessairement en anglais. Mais quand j’ai fait ce projet, je ne savais pas vraiment que je ferais un album. Je n’avais aucune carrière musicale, même pas débutante. Je jouais pour le plaisir chez moi, avec des amis. Mais quand j’ai commencé à faire ces chansons, je n’avais aucune idée que je m’en allais vers une carrière musicale. Ce n’était pas vraiment un choix de carrière, pas du tout.
PAN M 360 : Et finalement…
MYRIAM GENDRON : Finalement, je me suis retrouvée avec un ensemble de chansons. C’est devenu un album. Puis après ça, j’ai eu deux enfants, il y a eu la famille. Et quand je suis revenue avec Ma délire, sept ans plus tard, je savais que je voulais travailler à partir de la musique traditionnelle. À l’origine, je pensais faire mes chansons surtout autour de la musique traditionnelle québécoise. Finalement, je me suis ouverte à mes multiples influences. Forcément, elles se trouvent davantage dans le monde anglo-saxon, Bob Dylan que j’ai beaucoup écouté quand j’étais plus jeune, et tout ça. La musique traditionnelle anglo-saxonne est très vivante, alors que la musique traditionnelle québécoise francophone est plus nichée et moins présente dans la culture populaire d’aujourd’hui.
PAN M 360 : Trouvez-vous que le trad est abandonné par la culture populaire ?
MYRIAM GENDRON : Au Québec ? Ça reste niché par rapport à ce qu’on voit dans le monde anglo-saxon où ça traverse tous les styles qui s’inspirent de ces musiques traditionnelles et folk, autant dans le jazz que dans la musique expérimentale, que même dans la pop. Peut être que je me trompe, mais j’ai quand même l’impression qu’au Québec, le trad, c’est considéré comme un genre à part. Trop peu d’artistes hors du trad qui vont s’abreuver dans ce répertoire.
PAN M 360 : Ce que vous dites en fait, c’est que la tradition folk est plus ancrée dans la culture populaire anglo-américaine que la culture francophone d’Amérique ?
MYRIAM GENDRON : Je pense qu’elle est abordée avec un regard moins suspect.
PAN M 360 : Ça peut effectivement être perçu comme un repli identitaire, d’où la réprobation de certains.
MYRIAM GENDRON : Oui, exactement, ce n’est pas tourné vers l’avenir. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a moyen de créer en parlant de nous, en parlant d’aujourd’hui, en regardant vers l’avenir, tout en s’abreuvant à ce répertoire, c’est ce que je cherche à faire. Et c’est quelque chose qu’on fait beaucoup dans le monde anglo-saxon, peu dans la francophonie.
PAN M 360 : Alors il y a sûrement des artistes que vous aimez beaucoup dans le folk actuel, mettons Bonnie ‘Prince’ Billy?
MYRIAM GENDRON : Oui, je l’adore. Je vais d’ailleurs faire une tournée de Sud Texas avec lui bientôt.
PAN M 360 : Je suis tombé pile sans le savoir haha!
MYRIAM GENDRON : Oui, des artistes comme Bonnie Prince Billy ou Bill Callahan, un autre que j’aime beaucoup dans le folk actuel.
PAN M 360 : Maintenant, évidemment, vous jouez… Vous n’êtes plus sur la lancée de la matière de Ma délire, second album que vous avez sorti en 2021 avec le succès que l’on sait. On imagine que vous aurez de nouvelles chansons à proposer.
MYRIAM GENDRON : Oui, je suis en train de travailler sur un nouvel album, l’écriture est à peu près terminée, je commencer à réfléchir à la production. Avec les délais actuels de production de disques, cependant, ça va prendre un petit bout de temps avant que ça sorte, j’espère au printemps prochain.
PAN M 360: Comment travaillez-vous ?
PAN M 360: Ce que j’ai fait jusqu’à maintenant, c’est enregistrer tout à la maison. Et puis après, je vois si je fais du studio pour ajouter d’autres pistes par d’autres musiciens. Il est aussi possible que je décide de tout réenregistrer en studio. On va faire quelques tests bientôt pour voir si j’ai envie de ça ou si je garde mes “tracks” maison. Ce n’est pas encore décidé.
PAN M 360 : Vous avez de jeunes enfants, on imagine que c’est ce qui justifie en partie votre volonté de tout enregistrer à la maison, non ?
MYRIAM GENDRON : Mes enfants ont 5 et 9 ans. Oui, tout s’est fait à la maison, un peu moins aujourd’hui.
PAN M 360 : Sur scène, vous produisez-vous seule?
MYRIAM GENDRON : Pas toujours. Il m’arrive de demander à un ou deux musiciens de venir m’accompagner pour quelques chansons, mais ça reste un projet solo, ce n’est pas un groupe. Pour l’instant, en tout cas, ce n’est pas vers ça que je vais. Mais des fois, il y a certaines chansons qui gagnent à être agrémentées d’une ligne mélodique supplémentaire, de percussions, etc. Donc, quand je peux, je le fais. En tournée, cependant, ce n’est pas facile. Les gens ont leurs agendas, il faut aussi les payer. Alors pour l’instant, la tournée, je fais ça en solo. À Montréal, il m’arrive d’inviter des artistes.
PAN M 360 : Et aux Suoni ?
MYRIAM GENDRON : Aux Suoni ça va être juste moi, mais il y aura des artistes du même programme avec qui je pourrais chanter. Le batteur Chris Corsano joue le même soir, et il joue sur Ma délire, alors…. ce sera la première fois qu’on pourra vraiment jouer ensemble sur scène. Il y a aussi Mamie Minch, une guitariste de New York qui fait partie du même programme. On essaiera aussi de faire une ou deux chansons ensemble.
PAN M 360 : Jouerez-vous un part de votre nouveau matériel?
MYRIAM GENDRON : Oui. Je ferai quelques chansons de mon prochain album et d’autres tirées des deux précédents. Ce sera un mélange des trois projets.
PAN M 360 : Y a-t-il des thèmes récurrents dans vos chansons ?
MYRIAM GENDRON : Je dirais que s’il fallait choisir un thème jusqu’à maintenant, ce sont surtout des chansons d’amour. C’est d’ailleurs inscrit dans le sous-titre de Ma délire : Songs of love. Les poèmes de Dorothy Parker mis en musique, sont également des chansons d’amour. Le désir, l’amour, c’est beaucoup ça dans Ma délire. Je dirais aussi que la perte et le deuil ont pris plus de place.
PAN M 360 : Vous avez perdu un être cher?
MYRIAM GENDRON : Oui.
PAN M 360 : Triste. On n’ira pas plus loin et on ira plutôt vous écouter.
DANS LE CONTEXTE DES SUONI, MYRIAM GENDRON SE PRODUIT CE JEUDI, 20H, À LA SALA ROSSA. LE PROGRAMME EST PARTAGÉ PAR MAMIE MINCH, CHRIS CORSANO ET ZOH AMBA. BILLETS ICI