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Shailah L. Morris, authentique orfèvre du hip-hop montréalais qui se fait appeler SLM (prononcer SLIM), s’est jointe au grand jeu du rap depuis son arrivée en septembre 2019. En rendant public un remix de Money In the Grave de Drake, elle donnait alors le coup d’envoi à une série de projets de remixes, intitulée SLM MX. Un an plus tard, elle sortait un premier album complet, SLM : The Complete Flex Season.
Cette année, la MC a ajouté une flèche enflammée à son arc, soit l’EP Real Talk Radio où elle a collaboré avec deux autres artistes montréalais, La Reina et YAMA//SATO. Le son de SLM chevauche des rythmes trap, R&B et hip-hop classiques, ses rimes sont balancées avec une précision poétique des plus accrocheuses.
Elle prend ici le temps de discuter avec PAN M 360 de ses racines, de son approche de la composition et ce à quoi nous pouvons nous attendre du tout nouveau son SLM, dans le contexte de sa performance au festival M pour Montréal, présentée aux délégués internationaux du festival pour son immense potentiel.
PAN M 360 : Qu’est-ce qui t’a donné envie de commencer à faire ton propre hip-hop?
Shailah L. Morris, alias SLM : J’ai toujours eu une passion pour le hip-hop et je n’entendais pas ce que je voulais entendre de la scène musicale ici. Alors j’y ai apporté mon son.
PAN M 360 : Qu’est-ce que tu n’entendais pas?
Shailah L. Morris : Quelque chose d’inspirant, quelque chose qui sortait des sentiers battus, quelque chose de non conventionnel et non typique. Quelque chose qui n’était pas recyclé de quelqu’un issu du passé.
PAN M 360 : Alors comment fais-tu pour créer des chansons qui ne sont pas considérées comme conventionnelles dans le hip-hop?
Shailah L. Morris : Certains éléments de mes chansons peuvent sans doute être considérés comme conventionnels, mais la façon dont j’essaie de me distinguer, c’est que chaque mot que je dis, je le pense vraiment et je le vis et le fais chaque jour. Je pense donc que c’est un aspect qui me rend différente. Mais il y a aussi tous ces éléments musicaux que je choisis d’imbriquer dans mes rythmes, au coeur de mes harmonies, dans la superposition de mes couches sonores, dans les textures ajoutées. Et chaque fois que j’écris une chanson ou que j’enregistre une nouvelle chanson, je veux qu’elle sonne et je veux la sentir différente et bonne, pour les gens comme pour moi.
PAN M 360 : Ta chanson Rent Free sur ton dernier EP Real Talk Radio est incroyablement accrocheuse. J’adore ce concept de vivre dans la tête de quelqu’un « sans payer de loyer ». Peux-tu nous parler du processus de création de cette chanson?
Shailah L. Morris : Rent Free était une des chansons de l’époque où, selon moi, il y avait beaucoup de drame dans ma vie. J’avais l’impression que mon nom, mon esprit, ma personnalité vivaient dans le cerveau des gens et dans leur esprit, au point qu’ils ressentaient le besoin de m’envoyer des ondes négatives. Alors je me suis dit « Putain, ça craint pour toi. Je vais écrire une chanson à ce sujet ».
PAN M 360 : C’était donc une réponse à des choses que tu avais faites auparavant en tant qu’artiste ou dans ta vie personnelle?
Shailah L. Morris : Oui. Je ne me souviens pas exactement de ce qui se passait dans ma tête à l’époque, mais c’était un peu des deux, c’est sûr.
PAN M 360 : Cela a-t-il affecté ta confiance en tant qu’artiste? Ta musique semble très confiante.
Shailah L. Morris : Oui, c’est plus pour me donner du pouvoir, à moi ainsi qu’aux gens qui écoutent ma musique à 100 %. Mais, parfois, les gens qui ont confiance en eux ont aussi leurs moments de faiblesse, et je crois important que les gens le remarquent. Personne n’est bon à 100 % tout le temps et toute personne qui prétend l’être cache probablement quelque chose. Ce n’est pas ce que je fais. C’est pourquoi je m’aventure dans une dimension plus vulnérable de la musique en ce moment. J’écris sur des choses qui me bouleversent, qui m’inquiètent ou qui me font perdre pied. Surtout quand on vit à Montréal et qu’il fait froid. Je ne suis pas faite pour le froid ! Et c’est un endroit où j’ai l’impression que beaucoup de gens n’ont pas l’esprit ouvert… Mais c’est juste basé sur mon expérience personnelle. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de gens qui ont l’esprit ouvert, ne vous méprenez pas, mais il y a certainement des gens qui ne l’ont pas. Et j’ai eu affaire aux deux, vous voyez ce que je veux dire? Il s’agit plutôt de savoir comment ces sentiments négatifs, qui ont été projetés sur moi, m’ont fait me sentir.
PAN M 360 : Tes vidéos ont généré un bon nombre de vues dans le passé? As-tu l’intention de faire un nouveau clip pour une chanson de l’EP ou une autre sur laquelle tu travailles actuellement?
Shailah L. Morris : Oui, j’ai l’intention de faire des choses pour l’EP. Je voulais en faire une pour Just like that, Heavy et Rent Free aussi. Mais c’est assurément en cours, nous sommes en train d’en faire une pour Heavy en ce moment. Et Just like that sort bientôt. J’ai une vision pour celle-ci qui ne peut pas vraiment être réalisée pendant la saison. Et pour toutes les nouvelles choses sur lesquelles je travaille, j’aime vraiment prendre mon temps, m’assurer que j’ai tout le contenu vidéo avant de sortir quoi que ce soit, afin que le déploiement soit total.
PAN M 360 : J’ai toujours pensé qu’il était difficile d’écouter un album de hip-hop moderne en entier parce qu’aujourd’hui, avec le streaming, on a l’impression que tout réside dans les simples. Mais Real Talk Radio est très cohérent d’un bout à l’autre. Comment y es-tu parvenue?
Shailah L. Morris : Tout d’abord, toutes les chansons de cet EP et de l’album [SLM : The Complete Flex Season] ont été composées avec l’intention de créer un EP ou un album. C’est la première chose que j’essaie de faire. Je me dis « OK, quel est le but de ce projet, puis est-ce que ça correspond à ce que je fais »? Je travaille tout le temps ou presque avec le même producteur, et je trouve des rythmes qui correspondent à l’ambiance. Pour Real Talk Radio, je savais que je voulais donner aux gens l’envie de diffuser cette musique par la fenêtre de leur voiture, sur l’autoroute, ou lors d’une fête. Mais on peut aussi l’écouter seul, tard dans la nuit, avec un casque d’écoute, pour se donner un regain d’énergie. Je pense aussi que toutes les chansons de l’EP se suivent bien.
PAN M 360 : Ce qui veut dire qu’elles ont été écrites l’une après l’autre?
Shailah L. Morris : Les deux premières ont été réalisées par Keita [Saint]. Il m’a envoyé quelques rythmes un jour où je travaillais encore sur l’album. J’y suis retournée et je les ai réécoutés longtemps après la sortie de l’album; je suis prête à retourner en studio pour faire de nouvelles choses. Et ces deux rythmes ont vraiment résonné en moi, parmi les six qu’il m’a envoyés. Pour Big Bag, La Reina m’a appelé à minuit et m’a demandé ce que je faisais, puis nous l’avons fait. On ne se connaissait pas vraiment, mais j’aime bien m’associer à quelqu’un de nouveau et voir ce qui se passe. Donc oui, cette séance est devenue le début de Big Bag.
PAN M 360 : Et comment fais-tu pour transposer ces chansons sur scène?
Shailah L. Morris : Pour le projet de M pour Montréal, on m’a suggéré d’utiliser des instruments en direct et une ampoule s’est allumée dans ma tête. Les gars avec qui je travaille actuellement sur mes nouvelles chansons sont des instrumentistes et ils étaient prêts à m’aider, à travailler avec moi et à faire ce spectacle. Nous avions eu quelques répétitions auparavant et ils avaient juste écouté les rythmes et créé une sorte de composition à partir de ça. Je n’avais rien à voir avec la composition du tout. Ils ont juste été capables de jouer à l’oreille et de faire en sorte que ça sonne bien. J’adore le son des instruments live et mes nouveaux morceaux vont certainement les inclure. Ils sont encore au stade de la maquette et du mixage. Et je ne suis pas pressée de sortir quoi que ce soit bientôt, parce que j’ai l’impression d’avoir déjà sorti pas mal de choses ces deux dernières années. Je veux vraiment affiner ce son parce qu’il ne ressemble à rien de ce que l’on a entendu de moi jusqu’à présent. Ce sera un nouveau SLM.
SLM se produit virtuellement ce soir pour les délégués internationaux de M pour Montréal.