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L’artiste Saycet, Pierre Lefeuvre de son vrai nom, signe la bande son originale de la série Netflix française intitulée La Révolution. Un projet ambitieux tant pour Netflix que pour lui-même qui lui a valu le privilège de travailler pour la première fois avec un orchestre symphonique. Compositeur, musicien et producteur, Saycet a su évoluer grâce à ses influences, ses rencontres et ses concerts. C’est sans le vouloir qu’il s’est tourné récemment vers la composition de musique à l’image. Ce projet d’envergure s’est révélé un travail titanesque qui a donné naissance à 240 minutes de musique mêlant électronique moderne et puissante et adaptations d’œuvres de compositeurs classiques comme Beethoven, Bach, Lully ou Haendel. Retour sur cette grande première du haut de ses quinze années de carrière.
PAN M 360 : Comment en arrive-t-on à composer une bande sonore pour une série Netflix ?
Saycet : Alors, tout d’abord, on fait un casting comme un acteur, avec un dossier que l’on envoie (via un agent). Ensuite, on fait une bande démo contre d’autres compositeurs, puis on attend. Et un jour, on vous appelle. Mais, c’est sans parler bien entendu de tout le travail en amont depuis plusieurs années du format de l’image en documentaire, films et publicités. [NB : la dernière bande sonore du documentaire animalier Le Roi Bâtard qu’il a composé avec Laurent Garnier]
PAN M 360 : Quelles ont été vos inspirations visuelles, audio ou autres afin de composer la trame sonore d’un tel projet qui revisite l’histoire de France ?
Saycet : Mes inspirations ont principalement été la série elle-même. Je suis arrivé très tard dans le processus, le montage était quasi finalisé et j’ai eu la chance de pouvoir composer directement sur des formats définitifs. Le showrunner Aurélien Molas (créateur, auteur et producteur) a eu une confiance absolue en moi. Du coup, ça s’est fait très instinctivement. Il avait une référence avant que je le rencontre, il s’agissait de la bande sonore du film Sicario, signée Jóhann Jóhannsson. J’ai donc essayé d’en tirer l’essence et de l’amener ailleurs.
PAN M 360 : Musicalement, est-ce que l’inspiration des artistes tels que Beethoven, Haendel ou Bach, pour ne nommer qu’eux, était une évidence selon vous ?
Saycet : C’était surtout un gros hasard. Tout est parti de La Sarabande de Haendel (version du film Barry Lyndon) qui était au montage (sur une autre scène). C’est au moment du débriefing que l’on s’est posé la question de savoir si on la laissait en l’état, ce qui en faisait donc une synchro (avec un hommage appuyé à Kubrick), ou si on l’enlevait pour la remplacer par du score.
Le superviseur musical de la série [Pierre-Marie Dru] m’a alors mis au défi de la reprendre (chose que je n’avais jamais envisagée). Je l’ai donc reprise de façon très instinctive, ça a beaucoup plu à la production, et ensuite j’ai essayé de trouver d’autres titres à reprendre qui pouvaient coller à cet univers. Via ce processus qui n’était absolument pas réfléchi et qui était plutôt fait dans l’urgence, je n’ai pas eu le temps de me poser la question de l’inspiration ni de l’évidence, pour être très honnête. J’aurais eu le temps de l’intellectualiser en amont que je ne l’aurais pas fait, par manque de confiance en moi.
PAN M 360 : Comment s’est passée la collaboration avec un orchestre symphonique ?
Saycet : C’était une grande première pour moi. C’était assez impressionnant, car je ne parle pas la langue et je ne maîtrise pas les codes d’un orchestre. Tout nous oppose d’une certaine façon, et de manière assez naturelle, j’ai été assez vite satisfait. Nous avons pu vraiment communiquer et j’ai pu me laisser aller vers des souhaits de plus en plus personnels.
PAN M 360 : La composition de cette bande sonore aura-t-elle une influence sur votre futur artistique et comment cela se traduirait-il ?
Saycet : Alors ça, je n’en sais rien ! (rires) J’espère que, oui, grâce à Netflix qui a un rayonnement mondial. La Révolution aura une influence sur mon futur déjà dans l’exposition de mon projet artistique. J’ai aussi espoir que mon travail intéresse des producteurs ou réalisateurs de nouveaux pays.