Salon des arts ménagers de Concordski, rétro-futuriste et légèrement décalé

Entrevue réalisée par Marilyn Bouchard
Genres et styles : synth-pop / synthwave

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Réplique russe de l’avion supersonique français Concorde, le Tupolev Tu 144 fut surnommé Concordski à l’époque. Une artiste de France en a repris le sobriquet qui donne tout de suite le ton d’une atmosphère rétro-futuriste et légèrement décalée. 

Un premier EP homonyme parut en 2023, Concordski revient cette année avec un deuxième EP électro-inquiétant, intitulé Salon des arts ménagers, qui traduit bien son amour des synthés analogiques et des séquences rythmiques. Six chansons  où la voix de la chanteuse, rappelant parfois Catherine Ringer, se mêle à l’orgue, aux trompettes spatiales et à des synthés un peu glauques sur des trames légèrement dissonantes et toujours bien rythmées.

Avec sa poésie tissant des récits qu’elle veut plausibles, récits au cœur desquels les conflits sont souvent hors de portée, son univers a des relents d’une tragédie grecque modernisée, avec des personnages enchaînés à leurs destins. 

Un tout bien atmosphérique, une plume parfois ironique qui nous emmène dans un hangar où on danse au rythme d’une fin du monde vintage, où l’angoisse chauffe comme les turbines. On a eu la chance de s’entretenir avec l’artiste et de lui poser quelques questions. Plongeon dans son univers bien à elle.

PAN M 360 : Tout d’abord je dois te demander d’où vient le titre Salon des arts ménagers? Est-ce une ironie de l’événement ayant existé?

Concordski:  Franchement oui : il y a de l’ironie là-dedans c’est clair! C’est hyper désuet…et ce qui est désuet est charmant je trouve. Oui c’est en lien avec une espèce de foire de Paris du début du siècle qui présentait des tas d’améliorations pour le quotidien des ménages, pour lesquelles la cible était surtout les femmes. Le derrière de la pochette du disque est une photo que mon père a trouvé de son père à lui à ce salon…et je trouvais la photo trop belle, en plus de correspondre à mon univers un peu vieillot!

PAN M 360 : On entend parfois, notamment dans Azimuth, la pièce instrumentale qui ouvre le EP, des moments de dissonance. Avais-tu le souci d’une recherche atonale?

Concordski:  Ah oui complètement! Alors j’adore ça quand c’est dissonant et ça me fait plaisir quand les gens le remarquent. En plus, il y a aussi des petits glitchs ici et là qui, je trouve, ajoutent à l’aspect inquiétant.

PAN M 360 : Quelles étaient tes inspirations au moment de la création de l’album?

Concordski:  L’influence principale ça a été vraiment les sons de l’instrument que j’ai utilisé, le synthétiseur Prophet 5, à partir duquel tous les sons de l’album sont faits. Après, pour les paroles, c’est souvent inspiré de films que j’ai vus ou de personnes qui ont vraiment existées à qui j’ai voulu rendre hommage, souvent des êtres humains dépassés par leurs destins. 

PAN M 360 : Tu abordes les thèmes de l’omniscience désabusée, d’un personnage masculin stylisé et accidenté, du sourire forcé de Nadia, du rêve américain effiloché : on ressent une certaine désillusion en parcourant l’œuvre. Dirais-tu que celle-ci a été un moteur de création?

Concordski:  Ce sont des thèmes qui m’intéressent beaucoup. Le fait que les êtres humains sont tellement imparfaits et remplis de paradoxe…je trouve que les destins intéressants des gens qui ont eu un impact sur les autres par leurs choix…leur histoire…ont souvent fait face à de grandes désillusions et ça m’intéresse beaucoup. Ça m’attire beaucoup dans le cinéma aussi. Comme je suis une personne assez joyeuse dans la vie, c’est mon côté plus dark hihi!

PAN M 360 : Ton écriture a des teintes un peu morbides, notamment dans la description enfumée de L’incendie et dans le scénario mortel de Crime parfait; aimes-tu créer des ambiances un peu effrayantes?

Concordski: J’en crée..involontairement.  J’en reviens à ce qui moi me fait vibrer : j’adore les films d’horreur. Je pense que c’est vraiment lié au paradoxe qu’on porte tous en nous…le fait d’être une personne plutôt joyeuse mais d’avoir quand même envie de mettre le feu parfois – ça ne veut pas dire qu’on le fait haha! Je n’ai pas envie de raconter des trucs fantastiques. Les films que j’aime c’est des trucs angoissants, qui font bouger des trucs en-dedans. C’est vraiment un intérêt pour le réel.
PAN M 360 : Est-ce que toute la production synth est faite à partir de ton synthétiseur ou bien vous en avez rajouté en studio?

Concordski:  J’ai tout enregistré chez moi avec le Prophet 5 et une boîte à rythmes qui s’appelle la TR707, notamment utilisée beaucoup par Madonna. On a ensuite fait un mix assez ciselé, surtout en appliquant un effet sur les sons pour les refroidir, mais les sons des synthés sont restés très proches de leurs sons originaux.
PAN M 360 : Tu as travaillé avec Cyril Maudelonde à la production et au mix, était-ce quelqu’un avec qui tu étais déjà familière?

Concordski: On avait déjà passé un après-midi ensemble dans le cadre d’une résidence de co-création à Caen dans un studio qui s’appelle Télémac. Et à cette occasion, on s‘était trouvés ensemble pendant 1h à jammer dans le studio et je m’étais rendue compte que c’était quelqu’un de très compétent, premièrement, mais aussi un excellent musicien. J’ai vachement aimé notre contact et, comme je savais qu’il avait déjà fait de l’excellent travail avec d’autres artistes, je lui ai proposé spontanément de collaborer sur mon premier album. Ça me rassurait de pouvoir me reposer sur quelqu’un de connaissant pour pouvoir notamment faire l’enregistrement des voix. Je suis hyper contente du résultat.

PAN M 360 : Tu as une voix qui rappelle un peu, par moments, Catherine Ringer. Les Rita Mitsoukos t’ont-ils influencée musicalement?

Concordski:  Alors forcément oui parce que je les ai écoutés beaucoup! Je les passe souvent quand j’ai le droit de mettre des vinyles dans les soirées hihi! J’ai une de mes amies également qui était très très fan d’eux et qui m’a emmenée plusieurs fois les voir en concert. J’adore la manière de Catherine de ne pas se prendre trop au sérieux quand elle chante…Elle est presque clownesque parfois sur scène… Elle s’amuse beaucoup avec sa voix et je trouve que c’est une excellente technicienne vocale. Pour autant, c’est très flatteur d’y être rapprochée, c’est forcément quelqu’un qui a participé à m’influencer.

PAN M 360 : Des spectacles prévus avec le projet? La suite des choses en 2025?

Concordski: Je vais me promener dans l’Ouest de la France, notamment au Beach Festival le 14 juin! Sinon je m’intéresse de plus en plus à la production pour mon prochain album alors je prépare de nouvelles folies !

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