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L’album Apostrophe et l’enregistrement public Roxy & Elsewhere, parmi les joyaux de Frank Zappa, ont été rendus publics en 1974, d’où les célébrations sur scène de leur cinquantenaire par fiston Dweezil et son excellent groupe constitué exclusivement de virtuoses issus de la génération suivante à celle de l’illustre et génial paternel. Et on fait durer le plaisir en 2025! Des escales à Montréal et à Québec, fin avril, justifient sans conteste cette interview réalisée par Réjean Beaucage, certes le plus fervent zappophile de la communauté d’experts regroupés au sein de PAN M 360.
Voici d’abord le préambule à l’interview vidéo ci-dessous.
Après une trentaine de concerts à l’automne 2024 et encore une quinzaine en janvier, Dweezil Zappa reprend la route en avril pour présenter une vingtaine de dates de la tournée Rox(postroph)y, dont cellesThéâtre Maisonneuve et du Palais Montcalm.
Les dates de janvier, surtout dans l’est des États-Unis, ont donné une nouvelle couleur au programme préparé pour la tournée. « Il y a sans doute plus d’humour que jamais, parce que nous avons quitté la ville quand tout était en feu, et on ne savait pas du tout si les membres du groupe auraient des problèmes avec leur maison… Tout semblait irréel, et l’humour est devenu un antidote naturel pour évacuer le stress. »
Le groupe qui l’accompagne cette fois-ci est le plus petit qu’il a formé depuis le début de l’aventure Zappa Plays Zappa en 2006. On y trouve Scheila Gonzalez, qui est dans le groupe depuis le tout début (sax, flûte, claviers, voix, etc.), Kurt Morgan (basse), Ryan Brown (batterie), Bobby Victor (claviers) et Zach Tabori (guitare, batterie, voix). Ce dernier a une histoire assez surprenante :
« En effet, explique Dweezil, il a découvert la musique de mon père en voyant mon groupe jouer Punky’s Whips sur Youtube alors qu’il n’avait que 12 ans ! Quand j’ai lancé ce projet, en 2006, le but était de toucher une nouvelle génération de musiciens qui pourraient être inspirés par cette musique et peut-être la jouer un jour. Zach est certainement dans cette catégorie et il est maintenant dans le groupe. » L’histoire ressemble à celle de nombre de musiciens qui ont pu jouer dans l’une ou l’autre des formations de Frank Zappa, comme Steve Vai ou Ike Willis.
« C’est vrai, commente Dweezil, mais c’est quand même spécial parce que ce n’est pas la musique originale de Frank qui l’a inspirée, mais plutôt ma version de cette musique. Par la suite, bien sûr, il a découvert le corpus original. Punky’s Whips est certainement l’un des moments forts de notre spectacle. »
La tournée Rox(postroph)y célèbre la sortie, en 1974, de deux albums de Frank Zappa parmi ses plus populaires : Apostrophe (‘) et Roxy & Elswhere, mais le programme ne se limite pas aux 19 pièces que l’on trouve sur ces derniers, comme le montrent bien les listes que l’on peut consulter. Outre les reprises amusantes, comme Frank aimait souvent en placer dans ses propres concerts (on note par exemple Gary Newman ou Bon Jovi, et même quelques notes de Led Zeppelin, entre autres), Dweezil nous présente aussi une Lost Zappa Song , retrouvée dans la mémoire de son oncle Midget, qui l’a apprise du compositeur en 1971, à l’époque où il était cloué à un fauteuil roulant après avoir été jeté dans la fosse d’orchestre par un spectateur débile au Rainbow, à Londres.
« Mon père ne l’a jamais enregistrée, mais mon oncle s’en souvenait et il a pu me l’apprendre. Comme à l’époque mon père travaillait sur la musique des Waka/Jawaka (1972) et The Grand Wazoo (1972), j’ai décidé d’en faire un arrangement dans ce style. Je vais jouer cet arrangement avec le Metropole Orkest lors d’une soirée consacrée à ma musique et à celle de mon père, le 1er juin prochain [au Muziekgebouw d’Eindhoven], aux Pays-Bas. On ne peut pas jouer cet arrangement à six, bien sûr, mais on travaille toujours sur la pièce et je pense qu’on aura quelque chose de solide lorsque la présentera à Montréal et à Québec. »
Souhaitons que les partitions préparées pour le concert du Metropole Orkest puissent trouver un jour leur chemin jusque chez nous!
Tout le monde a entendu parler de la bisbille qui a éclaté au sein des enfants Zappa suite au décès de leur mère Gail en 2015 et, en particulier, des problèmes juridiques que le petit frère Ahmet faisaient peser sur Dweezil, cherchant même apparemment à l’empêcher d’utiliser le nom Zappa ! Mais il avait accès à l’époque à du matériel ayant appartenu à Frank ; qu’en est-il aujourd’hui?
« J’avais un accès relativement limité à l’équipement à l’époque, et maintenant j’ai encore quelques guitares. Durant cette tournée, j’utilise la « Roxy SG », la même qu’il utilisait aussi sur Apostrophe (‘), et aussi la Les Paul qu’il a utilisé sur Shut Up’n Play Yer Guitar. Pour le reste, j’ai découvert des façons de recréer ses sonorités sans avoir à recourir à l’équipement original. Il s’est aussi fait faire sur mesure une guitare signature qui semble très performante, un modèle Lynx de chez Shabat Guitars.
Au sein de la famille, les tensions se sont peut-être un peu dissipées depuis que le catalogue de Frank, incluant les enregistrements inédits que recèlent encore ses célèbres voûtes, a été vendu à Universal Music Group, qui fait même la publicité des concerts de Dweezil dans une infolettre dédiée à l’actualité zappaïenne.
« Ça se limite pas mal à ça, précise Dweezil. Ce serait certainement positif la relation avec Universal se développait, mais pour le moment ce n’est pas le cas. »
Dweezil pense peut-être à célébrer les cinquantenaires d’autres albums de Frank (Zoot Allures en 2026 ? In New York en 2028 ?), mais il veut mesurer l’appétit du public pour le projet avec lequel il tourne actuellement, et sans doute travailler un peu sur des projets personnels. On l’a effleuré plus tôt, Dweezil fait aussi à l’occasion sa propre musique, ce qui inclut, par exemple, la pièce What the Hell Was I Thinking?, sur laquelle il a commencé à travailler en 1989 ! Une espèce d’opus maximus d’une durée de 75 minutes sur laquelle plus d’une quarantaine de grands guitaristes ont enregistré des solos jusqu’à maintenant! Au fil du temps, il a eu des problèmes avec l’évolution de la technologie, mais la pièce est en développement.
« J’espère pouvoir la terminer pour la fin de cette année et ce sera en version Dolby Atmos, pour une écoute immersive. »
À suivre!
Au Théâtre Maisonneuve, 21 avril, 20h. Billets ICI
Au Palais Montcalm le 25 avril, 19h30. Billets ICI