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Sous la direction de Francis Choinière, l’Orchestre philharmonique et Chœur des mélomanes (OPCM) mise sur les œuvres symphoniques impliquant la voix humaine ainsi que sur les versions concerts des grands opéras du répertoire. Ce filon qu’exploite le jeune maestro lui permet de s’imposer dans l’écosystème classique et de se créer une identité propre, dans la direction d’orchestre. À la veille de la saison 2022-2023, PAN M 360 l’a rencontré afin de discuter du prochain cycle de concerts montréalais présenté par l’OPCM.
PAN M 360 : Difficile de prévoir l’avenir, mais on dirait bien que vos activités ont repris un rythme prépandémique!
FRANCIS CHOINIÈRE : Oui! Cette année, évidemment, on est allé à nos pleines forces. On espère ne pas avoir de fermeture de salles au cours des prochains mois, on compte vraiment revenir avec une sélection des plus grandes œuvres chorales symphoniques ou lyriques.
PAN M 360 : Vous commencez par la version concert du Requiem de Verdi, prévue le 13 novembre à la Maison symphonique. Quelles sont les exigences?
FRANCIS CHOINIÈRE : C’est un des opéras qui demande le plus d’implication de la part des solistes. Le dialogue entre les solistes et le chœur y est très important, c’est ce qui en rend l’approche unique. À mon sens, le Dies iræ de ce requiem est le plus intense du répertoire classique, sinon l’un des plus intenses avec celui de Mozart. En comparaison, le Requiem de Fauré se veut un peu plus relax; le Dies iræ dans le Fauré dure environ 30 secondes, alors que celui de Verdi est beaucoup plus considérable et récurrent. Ça vient nous rappeler le jour du jugement dernier… Intense!
Nous aurons avec nous des solistes d’expérience, soit la soprano Aline Kutan, la mezzo Rose Naggar-Tremblay, le ténor Adam Luther et le baryton-basse Vartan Gabrielian. Il me semble que c’est la première fois que cette œuvre est interprétée à la Maison symphonique. Ce n’est pas très souvent, d’ailleurs, qu’on a un opéra interprété en version concert, dans cet amphithéâtre dont l’acoustique exemplaire nous permet d’entendre tous les détails écrits par le compositeur. Ça apporte une nouvelle perspective que dans la salle Wilfrid-Pelletier, par exemple.
PAN M 360 : Il en sera de même le 20 janvier, lorsque l’OPCM exécutera La Bohème de Puccini en version concert, qui mettra en vedette le ténor Andrew Haji (Rodolfo) et la soprano Myriam Leblanc (Mimi), assistés de 60 musiciens et 120 choristes de l’OPCM, ainsi que des Petits Chanteurs du Mont-Royal sous votre direction.
FRANCIS CHOINIÈRE : Et on finira la saison avec la Symphonie no 1, A Sea Symphony, du Britannique Ralph Vaughan Williams (avec la soprano Karina Gauvin et le baryton Christian Wagner), ainsi que La Mer, œuvre symphonique du compositeur français Claude Debussy. Pour la majorité des gens dans la salle, la symphonie de Vaughan Williams, composée au tournant du 20e siècle (1903 à 1909), sera une découverte. Ils ne seront pas déçus je crois, car c’est une œuvre puissante, c’est toute une aventure symphonique avec les textes chantés du poète américain Walt Whitman.
PAN M 360 : Depuis les débuts de l’OPCM, vous semblez choisir des œuvres parfaitement inscrites dans l’imaginaire collectif; même si les gens ne peuvent en identifier la source, ils en ont entendu les grands airs à un moment ou un autre de leur existence. Une stratégie?
FRANCIS CHOINIÈRE : Ce qui m’importe d’abord, c’est d’attirer les gens en salle même s’ils n’ont pas nécessairement une connaissance des œuvres, bien qu’ils en aient déjà écouté certains extraits.
PAN M 360 : Comment préparez-vous ces productions, considérables pour un jeune orchestre dirigé par un jeune chef de 25 ans?
FRANCIS CHOINIÈRE : On travaille à différents niveaux. Presque deux mois avant un concert, le chœur doit assimiler la partition. Je travaille très en détail avec les choristes, majoritairement de jeunes voix mais expérimentées ; je suis fier de dire que notre chœur est de haut niveau. La semaine du concert, je rencontre les solistes et l’orchestre. Habituellement, ça se passe très bien, tous et toutes sont très bien préparés.
PAN M 360 : Qui constitue cet orchestre et ce chœur de l’OPCM?
FRANCIS CHOINIÈRE : Les interprètes et choristes sont réguliers chez nous, mais travaillent aussi dans d’autres grands chœurs et orchestres québécois, puisque nous donnons relativement peu de concerts en une année. Sauf l’OSM, aucun orchestre symphonique québécois ne peut se produire chaque semaine. Pour gagner leur vie, les musiciens et chanteurs de l’OPCM doivent souvent jouer dans plusieurs formations.
PAN M 360 : Quel chemin empruntez-vous pour atteindre un haut niveau, en direction d’orchestre?
FRANCIS CHOINIÈRE : C’est énormément de travail! Avec le temps, je suis devenu de plus en plus à l’aise dans mon rôle, dans différents contextes. Auparavant, j’avais étudié la composition et bien sûr la direction d’orchestre. J’ai aussi appris l’orchestration, ce qui me permet aujourd’hui de bien comprendre le registre des instruments, leur son, l’impact de l’archet, ce que je peux exiger des musiciens, etc.
PAN M 360 : Vous dirigez principalement les programmes de GFN Productions, dont vous êtes un des fondateurs. D’autres invitations
FRANCIS CHOINIÈRE : Je dirige principalement l’OPCM et certains concerts du FILMharmonique. Je serai bientôt invité par l’Orchestre symphonique de Sherbrooke (octobre) et j’assisterai cet automne Jacques Lacombe, qui dirigera Carmen à la Canadian Opera Company (Toronto).
PAN M 360 : Comment décrire votre identité en tant que maestro?
FRANCIS CHOINIÈRE : C’est une question difficile, car c’est plutôt inconscient. Ce que les gens me disent, cependant, c’est que j’aime les sons soutenus, notamment avec les cordes. J’aime effectivement les longues lignes mélodiques, j’aime sculpter les phrases avec l’orchestre.