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Ça fait déjà un bon moment que Polo & Pan fait partie du paysage de la musique électronique française. Formé de Paul Armand-Delille, alias « Polo », et d’Alexandre Grynszpan dit « Pan », le duo fait de la musique depuis 2013. D’ailleurs, ils ont fait paraître leur premier microalbum, Rivolta, en 2012. Depuis cette sortie, Polo & Pan n’a jamais cessé de créer et enchaîne les succès. Ils ont récemment publié sur les plateformes d’écoute en ligne From a World to Another, une collaboration avec l’artiste Jacques. Lancé il y a un peu plus d’une semaine, ce titre est teinté des sonorités aquatiques propres aux deux DJs parisiens.
Lorsqu’ils créent, les deux hommes s’inspirent d’artistes tels que Maurice Ravel, Vladimir Cosma et Flavien Berger. Ils incorporent à leurs chansons des sonorités provenant des quatre coins du globe. Depuis quelques années, les deux DJ connaissent un succès monstre à l’international. Ils ont notamment participé à des festivals comme Coachella et les Solidays. En outre, ils ont participé à la création de la bande sonore du jeu vidéo sportif FIFA 22, une réalisation prisée par les musiciens amateurs de foot.
Polo & Pan ont offert à la foule montréalaise une prestation de 60 minutes spécialement concoctée pour l’occasion, samedi soir. Les gens présents dansaient et festoyaient, visiblement régalés par le spectacle offert par les deux français. La musique qu’offre Polo & Pan est désaltérante et estivale; elle détonne de ce qu’on entend habituellement. Les deux musiciens mélangent des voix à leurs productions musicales. Un conseil : installez-vous sur le bord de votre piscine avec votre boisson préférée et entamez l’écoute d’un de leurs albums, comme Caravelle. Vous me remercierez plus tard!
Pan M 360 a causé avec le duo français de leur carrière et bien plus,quelques minutes avant leur spectacle à Osheaga 2022.
PAN M 360 : Bonjour Pan et Polo! Comment décrivez-vous votre musique?
POLO & PAN : Lorsqu’on crée, on ne se met aucune barrière. Parfois, on fait des morceaux très calmes et d’autres fois, c’est très dance. Il y a d’énormes écarts musicaux entre nos chansons. On est chanceux d’avoir cette carrière sans qu’on offre un style musical précis et défini. On dit souvent en blague que l’on crée de la « space jungle music ». La partie « jungle » représente le côté touffu et analogique de notre musique, tandis que le « space » en désigne le côté taillé, réverbéré et moderne.
PAN M 360 : Comment votre musique a-t-elle évolué depuis Caravelle, en 2017?
POLO & PAN : Il y a eu une transformation de notre méthode de travail depuis Caravelle. Lors des cinq années d’activités précédant ce projet, il n’y avait presque personne qui attendait la sortie de nos sons. Certes, on commençait à se créer une « fan base » fidèle, mais ce n’était rien comparé à aujourd’hui. Après Caravelle, nous avons commencé à être davantage en demande. On a commencé à voyager de plus en plus. On ne voulait pas arrêter de créer de la musique, donc on a trouvé une manière de continuer. Ainsi, on a commencé à faire de la musique lors de nos déplacements en avion, en train et même en bateau. On a trouvé un moyen de s’adapter. Grâce à nos ordinateurs, on était en mesure de recréer les sons que l’on créait dans notre studio. C’est vraiment ça qui a changé. Sinon, on a toujours continué à faire de la musique avec sérénité. On a toujours eu l’envie d’aller plus loin et d’amener notre carrière au niveau suivant.
PAN M 360 : Récemment, vous avez publié From a World to Another. Comment cette collaboration avec Jacques est-elle née?
POLO & PAN : On avait déjà collaboré avec Jacques par le passé, pour le morceau Jacquadi. Jacques c’est un ami de Paul depuis longtemps, on le considère comme un membre de notre famille. Il est le premier à avoir écouté nos productions musicales. C’est ce qui est beau dans nos projets, on collabore avec des personnes avec qui on est très proche et avec qui on aime travailler. Ça fait deux ou trois ans qu’on a fait From a World to Another. On avait mis ce titre sur notre projet Home Sweet Home qu’on a publié pendant le confinement. Plusieurs personnes nous demandaient de mettre la chanson sur les plateformes d’écoute en ligne. On a enfin décidé de le faire la semaine dernière.
PAN M 360 : Est-ce qu’il a été dur de vous tailler une place parmi les DJ français?
POLO & PAN : La scène de DJ française jouissait déjà d’une bonne réputation au début de notre carrière. Il y avait une culture de rave party bien ancrée à Paris et les environs. Il y avait des DJ qui étaient déjà reconnus, comme les Daft Punk. C’était un art qui était validé par la communauté, donc on n’était pas en danger.Cependant, on a été chanceux au début de notre carrière. On a commencé à faire des sets dans un club ou le DJ n’était pas le centre de l’attention. Plusieurs vedettes venaient à cet endroit et c’étaient eux qui attiraient l’attention. Ça nous a permis de prendre des risques qu’on n’aurait pas été en mesure de prendre dans des endroits réputés. On est très fiers d’avoir pu créer quelque chose de nouveau sans que tout le monde nous regarde.
PAN M 360 : Avec les nouvelles technologies, est-ce plus facile ou plus difficile de devenir DJ aujourd’hui?
POLO & PAN : On croit que c’est plus facile de devenir DJ, maintenant, mais de plus en plus ardu d’être bons dans cette vocation. La qualité du DJing est en train de devenir de plus en plus importante aux yeux du public, car c’est accessible à tous. Ça crée davantage de compétition et ça fait ressortir le meilleur de tous.
PAN M 360 : Avec les récentes sorties d’albums dance comme Honestly Nevermind de Drake ou même Renaissance de Beyoncé, la musique dance devient de plus en plus populaire. Que pensez-vous de cette vague d’amour pour ce genre musical?
POLO & PAN : Quand un grand artiste prend ce genre de risque musical, c’est certain que ça incite de nombreux artistes à faire pareil. En fait, ça ne nous fait ni mal ni bien. On est contents que ça permette à des auditeurs de découvrir la house des années 1990 et 2000. C’est un courant qui revient et ça va durer un certain temps. On respecte totalement le délire! Ça fait longtemps qu’un nouveau style musical a été créé. Il y a eu l’invention de la guitare électrique, le rock, le sampling et la musique technologique, et dans les dernières années, plus rien. Ainsi, les artistes n’ont pas le choix de mélanger les styles musicaux afin de s’exprimer différemment. Maintenant, tout le monde fait ça. De plus, les artistes s’inspirent de plus en plus de la musique du passé. C’est nécessaire de le faire pour que notre musique ne s’essouffle pas au fil du temps. Un bel exemple, c’est Kate Bush. Elle est au sommet des palmarès avec Running Up That Hill (A Deal with God) grâce à la série Stranger Things. On est heureux pour elle, elle le mérite. Tant mieux si ces choses-là redeviennent populaires.
PAN M 360 : Par le passé, vous êtes venus plusieurs fois à Montréal et au Québec. Quelles sont vos impressions de la ville?
POLO & PAN : On adore Montréal, on est de grands fans. Chaque fois qu’on vient en visite, on se régale. La première fois qu’on est venu au Québec il y a cinq ans, on s’est fait des amis. On mangeait dans un restaurant et ils sont venus s’asseoir près de nous et on a commencé à discuter. Depuis, ils sont nos guides et nous ont fait découvrir Montréal. Ils nous ont amenés au casino, dans un cabaret de jazz, dans des restaurants, au karaoké, bref, partout! On adore Montréal.
PAN M 360 : À quoi doit-on s’attendre de vous dans le futur?
POLO & PAN : En ce moment, on a constamment le pied à fond sur la pédale et on crée sans cesse. On doit trouver comment présenter ces morceaux à nos auditeurs. On a plein d’envies musicales et on n’arrête jamais. D’ailleurs, on a un nouveau projet qui devrait paraître la semaine prochaine!
PAN M 360 : Merci beaucoup Polo et Pan, bon concert à Osheaga!
Photo : Philippe Chayer.