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La Symphonie no 1 dite de la mer (A sea symphony) du compositeur britannique Ralph Vaughan Williams (1872-1958) est le dernier programme cette saison pour l’ambitieux Orchestre Philharmonique et Chœur des Mélomanes (OPCM) sous la direction du jeune maestro montréalais Francis Choinière. Pour cette exécution à grand déploiement, seront réunis sur scène 80 musiciens et 100 choristes, sans compter deux solistes de renom, soit la soprano Karina Gauvin et le baryton Christian Wagner. À quelques jours du concert présenté ce samedi 20 mai à la Maison symphonique, Francis Choinière se prête au jeu des questions de PAN M 360.
PAN M 360 : Force est d’observer que l’approche de l’OPCM est en train de faire boule de neige, c’est à dire que vous avez de plus en plus de succès avec cet angle du répertoire symphonique impliquant la voix humaine, vos salles pleines en témoignent. Peu à peu, votre reconnaissance artistique remplace celle de l’habile entrepreneur que vous êtes également.
FRANCIS CHOINIÈRE : Oui, c’est vrai. On peut dire que nous sommes désormais des joueurs importants dans la scène culturelle et de la musique.
PAN M 360 : À grande échelle, votre démarche est-elle encore récente ?
FRANCIS CHOINIÈRE : À grande échelle, on est en marche depuis 2019. Au début, c’était peu connu, les gens se demandaient alors c’est quoi l’OPCM ? Aujourd’hui, les gens savent à quoi s’attendre.
PAN M 360 : Vous travaillez sur deux plans, car vous êtes aussi impliqué avec votre frère Nicholas chez GFN productions et avec l’Orchestre FILMharmonique. Vous travaillez donc sur la musique symphonique grand public, c’est-à-dire les bandes orgiginales pour le cinéma, souvent inspirées de la musique romantique ou pré-moderne. Or vous faites aussi du répertoire classique.
FRANCIS CHOINIÈRE : En ce qui concerne l’OPCM, on travaille essentiellement dans le répertoire classique. Nous sommes remontés au baroque, nous avons fait des musiques romantiques avec le Requiem de Brahms par exemple, nous avons aussi fait des compositeurs contemporains comme John Rutter ou Todd Jenkins. Et nous aurons très bientôt la Symphonie de la mer de Ralph Vaughan Williams dont je crois que ce sera la première exécution à la Maison symphonique.
PAN M 360 : Que dire de cette œuvre?
FRANCIS CHOINIÈRE : C’est pas une œuvre très connue du grand public de la musique classique, mais c’est une œuvre qui a vraiment du punch. Elle porte ce son anglais traditionnel, et ce avec une orchestration quand même monumentale, très dense, très épaisse, très créative. La manière dont le compositeur développe les textes (du poète américain Walt Whitman) est spéciale, car il est plus le type de compositeur à rajouter des nouveaux motifs que de développer une idée principale dans de multiples variations. Donc, il met beaucoup d’idées sur la table, mais d’une façon grandiose. Et ça met vraiment en vedette la chorale, plus les solistes qui ont aussi un rôle très important.
PAN M 360 : Comment avez-vous été mis au parfum de cette œuvre ?
FRANCIS CHOINIÈRE : Je l’ai découverte par hasard sur YouTube il y a dix ans, quelque chose comme ça. Je suis immédiatement tombé en amour avec cette œuvre. Dès la première minute, c’était tellement captivant que je l’ai écoutée au complet la première fois. C’est quand même rare quand on butine sur You Tube ! J’étais comme « OK, je ne comprends peut-être pas, mais ça commence avec tellement de puissance et ça maintient si bien l’intérêt tout au long de l’exécution”.
PAN M 360 : Donc, vous avez gardé en tête qu’ un jour, vous la feriez. Et là, nous y sommes. Quelle préparation ça a exigé ?
FRANCIS CHOINIÈRE : C’est vraiment une œuvre que je voulais faire depuis longtemps et j’attendais de pouvoir compter sur assez d’effectifs dans le chœur pour que ça sonne comme il se doit. En fait, cette œuvre exige une analyse approfondie. Il a beaucoup de couleurs et de textures qu’on n’entend pas vraiment a priori. Si tu écoutes une première fois, tu te dis que c’est quand même simple. Mais tu regardes attentivement la partition, il y a 1000 choses qui se passent en même temps, les flûtes, les sextolets qui montent et descendent, tout ça se passe vraiment dans les textures qui évoquent la mer, etc. Ce qui est très différent de l’approche de Debussy (dont une œuvre s’intitule aussi La Mer), sans compter le texte de Walt Whitman, merveilleusement coloré par le compositeur. On se sent vraiment sur un bateau lorsqu’on écoute cette œuvre, on y ressent les vagues, les navires, etc. Ça détend!
PAN M 360 : Et l’OPCM aime visiblement les œuvres monumentales comme celle-ci. Grosses orchestrations, gros chœurs, beaucoup de monde sur scène, c’est votre facture, non ?
FRANCIS CHOINIÈRE : Oui. C’est ce que je voulais faire avec l’OPCM dès le départ : de grandes œuvres chorales qui ne sont pas souvent exécutées à Montréal. L’OSM et l’Orchestre Métropolitain en font peu, il faut dire… Pourtant, le répertoire choral est très riche et il m’importe de le ramener sur scène.
PAN M 360 : L’OPCM peut-il compter sur un noyau stable pour en assurer sa progression ?
FRANCIS CHOINIÈRE : Nous avons un noyau stable, mais ça évolue sans cesse en périphérie. Des musiciens ont d’autres engagements, ils ne sont pas toujours disponibles, mais nous avons un groupe qui reste et qui assure la cohésion de l’orchestre. Nous présenterons trois autres programmes dans notre prochaine saison : la 9e Symphonie de Beethoven, Carmen de Bizet en version concert, puis deux requiems, soit celui de Fauré et la création d’un autre requiem que François Dompierre est en train de composer et qui sera finalisé en janvier prochain. C’est quand même une chance de pouvoir compter sur un compositeur québécois reconnu pour mener un tel projet.
L’OPCM ET FRANCIS CHOINIÈRE PRÉSENTENT LA SYMPHONIE DE LA MER DE RALPH VAUGHAN WILLIAMS AVEC LES SOLISTES KARINA GAUVIN ET CHRISTIAN WAGNER, CE SAMEDI 20 MAI, 19H30.