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Quasar est depuis longtemps le prime quatuor de saxophones de Montréal. Spécialisé dans le répertoire contemporain, le groupe a plus de 25 ans d’expérience, explorant les interstices entre la musique de chambre, la musique électronique et l’avant-garde. Marie Chantal Leclair et Jean-Marc Bouchard de Quasar se sont joints à PAN M 360 pour une entrevue au sujet de leur prochaine présentation, Dialogues Intercontinentaux, présenté par Montréal / Nouvelles Musiques ce samedi,15h, à l’Agora Hydro-Québec – Cœur des sciences – UQAM.
PAN M 360 : Merci d’être là. La description de la présentation de Quasar cette année est très excitante. Un quatuor de saxophones avec des performances à distance, mettant en scène des musiciens européens et même une intelligence artificielle. À quoi pouvons-nous nous attendre exactement ?
MARIE CHANTAL LECLAIR : C’est une proposition très originale. Depuis sa conception, de nombreuses personnes ont été impliquées et le projet a connu de nombreuses itérations différentes. L’idée est d’abord venue de Dániel Péter Biró, actuellement à Bergen, qui est depuis longtemps un proche collaborateur de Quasar. Dans le concert de Montréal en tant que tel, seuls les musiciens de Quasar seront présents, mais nous aurons d’autres musiciens d’Europe qui joueront en direct avec nous via la technologie de diffusion à distance. Par exemple, dans la deuxième pièce, Conversation in the Cloud de Hongshuo Fan, Jean-Marc joue du baryton depuis Montréal et Andrea Nagy de la clarinette depuis Fribourg. En fait, dans la même pièce, une IA nous rejoindra depuis Manchester.
PAN M 360 : Donc, il n’y a pas un spectacle qu’à Montréal, mais aussi à Fribourg et à Bergen.
MARIE CHANTAL LECLAIR : Oui ! L’idée, c’est que le spectacle soit différent pour tous les publics, et bien sûr nous serons les musiciens à distance pour les publics en Europe.
PAN M 360 : Comment les musiciens à distance sont-ils exactement intégrés dans les pièces ?
MARIE CHANTAL LECLAIR : Pensez aux fenêtres. Nous commençons un morceau, par exemple Udvarim Achadim, et à un moment donné, le son viendra de Norvège, mais ce sera toujours un morceau de musique continu.
PAN M 360 : Vous arrive-t-il de jouer ensemble en direct pendant le concert ?
MARIE CHANTAL LECLAIR : Oui, et bien sûr, pendant la pandémie, nous avons pu beaucoup expérimenter cette technologie et en apprendre sur ses limites comme nous l’avons pu. Nous sommes bien conscients de la latence dans un tel concert, mais la musique a été conçue en tenant compte de tous ces éléments. Nous n’essayons pas nécessairement de l’éviter, mais de la compenser. En ce moment, nous sommes dans une phase de tests, pour voir quels sont les meilleurs micros, les meilleures positions, etc.
JEAN-MARC BOUCHARD: C’est un peu compliqué, mais ce qui se passe, c’est que le compositeur, Hangshuo Fan, est à Manchester, et de là, il gère le traitement audio et vidéo qui va à Fribourg. À Fribourg, les signaux sont transmis à Montréal, et de Montréal, ils vont à Bergen et reviennent à Fribourg. Est-ce que c’est plus clair comme ça ? Mais en réalité, l’IA écoute tout le temps et ajoute et manipule les signaux. Par exemple, lorsque nous jouons, nous utilisons des caméras qui transposent notre corps en 28 points, ce qui est plus léger à transmettre sur Internet, et cette image est ensuite envoyée sur un écran. La même chose se passe avec les signaux audio. À partir de notre entrée, il génère un nouvelle partition à chaque fois. Et nous pouvons la voir sous la forme d’une partition écrite. Ce n’est pas exactement aussi soigné qu’une pièce classique, mais le résultat est vraiment fascinant, en combinant les instruments acoustiques et l’électronique en direct.
PAN M 360 : Y a-t-il un risque que quelque chose se passe mal, pour un spectacle aussi exigeant sur le plan technique ?
MARIE CHANTAL LECLAIR : (rires) Eh bien oui. Nous sommes des gens téméraires, mais si vous voulez faire avancer les choses, vous devez prendre des risques. Bien sûr, nous faisons ce que nous pouvons pour minimiser ces risques, et il y a beaucoup de personnes méticuleuses impliquées dans ce projet. Donc je suis confiante, mais il y a quand même une part inévitable de hasard.
PAN M 360 : Depuis combien de temps ce spectacle est-il en préparation, est-ce que la COVID a donné l’impulsion pour faire un spectacle autour de musiciens à distance ?
MARIE CHANTAL LECLAIR : C’est difficile à dire. Ce n’était pas nécessairement conçu comme un projet du COVID, mais bien sûr le fait que nous ayons expérimenté et établi ces connexions à distance pendant cette période a rendu le projet plus possible d’une certaine manière.
PAN M 360 : Cela représente-t-il une nouvelle direction pour Quasar, ou est-ce un moment naturel pour le quatuor ?
MARIE CHANTAL LECLAIR : Oui et non. Nous verrons comment cela se passe mais au sein de Quasar, c’est toujours une question d’exploration et de création. Et cela prend de nombreuses formes et des chemins différents, cette présentation en est un autre. Même si nous expérimentons avec des éléments provenant de l’étranger, il s’agit toujours d’une expérience en direct, et c’est ce que nous nous sommes toujours efforcés d’offrir.
PAN M 360 : Ce spectacle semble très actuel. Cette année, nous voyons l’impact de ChatGPT sur la génération de texte, et l’équivalent musical de ChatGPT ne tardera pas à gagner du terrain. Que pensez-vous de ces développements ?
MARIE CHANTAL LECLAIR : La technologie fait partie de la musique parce que la technologie fait tout simplement partie de nos vies. C’est donc bien sûr une fatalité, et cela ne me fait pas peur du tout. Nous travaillons et expérimentons avec la musique électronique depuis 2000, c’est-à-dire depuis plus de 20 ans. En fait, c’est très excitant de voir où cette technologie peut aller. Il y a eu de la mauvaise musique avant, il y aura encore de la mauvaise musique écrite, quels que soient les outils. Ce qui compte, en somme, ce sont les choix que nous faisons en utilisant ces outils.
Participant·es
- QuasarJean-Marc Bouchard, saxophone baryton; Marie-Chantal Leclair, saxophone soprano; Mathieu Leclair, saxophone alto; André Leroux, saxophone ténor
- MixturaKatharina Bäuml, hautbois médieval; Margit Kern, accordéon
- Kai Wessel, contre-ténor
- Hans Knut Sveen, clavecin
- Jostein Gundersen, flûte à bec
- Andrea Nagy, clarinette
- Sergej Tchirkov, accordéon
- Dániel Péter Biró, électronique
- Arthur Pierre Antoine Hureau-Parreira, électronique
- Guillaume Barrette, réalisateur en informatique musicale, sonorisateur
- Hongshuo Fan, intelligence artificielle
Programme
- Conversation in the Cloud (2021), 14:00Hongshuo FanCréationsaxophone, clarinette et intelligence artificielleJean-Marc Bouchard, saxophone, Andrea Nagy, clarinette, Hongshuo Fan, intelligence artificielle
- Abel: L’a-mort (2022), 10:00Michel GonnevilleCréationquatuor de saxophonesQuasar
- I am a strange loop (2022), 12:00Juan VassalloCréationquatuor de saxophones, clavecin et flûte à becQuasar, Hans Knut Sveen, clavecin, Jostein Gundersen, flûte à bec
- Engramme (2020), 14:00Örjan SandredPremière (Canada)quatuor de saxophones et traitementQuasar
- Migdalim Bavel (Towers of Babel) (2023), 18:00Dániel Péter BiróCréationquatuor de saxophones, accordéon, chalemie, voix et traitementQuasar, Mixtura, Sergej Tchirkov, accordéon, Kai Wessel, Dániel Péter Biró, Arthur Pierre Antoine Hureau-Parreira, électronique, Guillaume Barrette
Les Dialogues Intercontinentaux ont lieu le samedi 4 mars, Agora Hydro-Québec – Coeur des Sciences – UQAM
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