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Depuis l’an 2000, MUTEK présente à son public des musiques électroniques et productions audiovisuelles en temps réel. L’évolution rapide et étourdissante des arts fondés sur les technologies numériques n’a cessé d’en inspirer les créateurs.trices du monde entier, on le verra une fois de plus avec une immense cohorte d’artistes venus des quatre coins du monde.
Catarina Barbieri (Italie), Nicola Cruz (Équateur), Luke Slater (Royaume-Uni), Marina Herlop (Catalogne/Espagne), Korea Town Acid (Corée du Sud) ou Bagger Modus Operandi (Indonésie) sont parmi les nombreux étrangers venus se produire à Montréal du mardi 23 août au dimanche 28 août.
MUTEK demeure ainsi une des principales vitrines des arts technologiques en Amérique du Nord, soit à Montréal et Mexico. Rappelons que d’autres festivals sous la bannière MUTEK sont aussi présentés dans le monde, notamment à Tokyo. La pandémie ayant passablement ralenti les activités de MUTEK au cours des deux années précédentes, nous revoilà enfin en pleine formule à Montréal.
PAN M 360 : Pour cette présentation 2022, MUTEK a-t-il choisi un axe particulier ou un thème général?
ALAIN MONGEAU : Il n’y a pas de thème spécifique, sauf une réinitialisation généralisée et un retour à notre programmation normale. En janvier et février derniers, nous étions encore en confinement, ça prenait tout un acte de foi pour inviter des artistes à un festival qui aurait lieu en août. Cette année, on retourne enfin à la pleine formule. Au cours des deux années précédentes, il manquait des morceaux. On était surtout centrés sur la programmation locale, on avait notamment cessé la série A/Visions au Théâtre Maisonneuve. Cette fois nous avons remis tous les morceaux, ça nous permet de présenter un éventail beaucoup plus large de musiques. C’est ce qu’on essaie de faire, c’est aller dans différents styles et directions pour ainsi proposer un genre d’éclectisme. Les programmes des séries plus nocturnes s’articulent autour d’un artiste, qui sert de point d’ancrage.
PAN M 360 : Impossible de présenter le MUTEK Montréal 2022 dans son intégralité, alors prenons des exemples chaque jour.
ALAIN MONGEAU : Le premier soir du festival, le mardi 23, un événement spécial s’est rajouté, soit avec l’Anglais Max Cooper, qu’on a déjà présenté par le passé. Le matériel de son installation Aether étant entreposée à Montréal, il souhaitait la relancer dans le contexte d’une version augmentée où il pourrait interagir en temps réel avec son objet. Alors nous présentons au M Telus Max Cooper et son rapport avec cette installation disposée à mi-chemin entre la scène et le public. Concept très MUTEK!
PAN M 360 : Que choisir mercredi?
ALAIN MONGEAU : Nicola Cruz, qui aime bien Mutek, nous a contactés pour signifier son désir de venir avec du nouveau matériel. Nous avons eu alors un dialogue avec lui, il nous a présenté Machina, une artiste sud-coréenne qui réside au Japon. Ça devenait un programme cohérent présenté à la SAT.
PAN M 360 : Jeudi?
ALAIN MONGEAU : Le programme Nocturne de jeudi soir au MTELUS, dans mon jargon à moi, est un peu bâti comme un cabaret électronique. La plupart du temps, nos programmes visent un flot continu, mais dans ce cas-ci ce sont davantage des shows avec un angle scénique important. Plusieurs artistes sont des points d’ancrage, entre autres l’Italienne Catarina Barbieri, que j’adore et que j’ai vue dans différents MUTEK à l’étranger et que je voulais faire revenir à Montréal mais ce n’était jamais le bon temps jusqu’à cette fois-ci, car elle a un nouveau show à offrir. C’est sublime, c’est aérien… je viens d’écouter son nouvel album en vélo et… c’est parfait! Dans le même contexte, nous avons l’artiste catalane Marina Herlop, qui suggère un genre de folklore méditerranéen avec chorale dans un contexte électronique. Nous accueillons aussi de nouveau le saxophoniste norvégien Bendik Giske qui fait usage de la respiration circulaire, et dont la présence sur scène est très forte. Encore là, ce genre de programme se rapproche de la performance en art contemporain.
PAN M 360 : Vendredi…
ALAIN MONGEAU : Nous avons une soirée typiquement techno au MTELUS, construite autour de la présence de Planetary Assault Systems, piloté par le pionnier britannique Luke Slater qu’on connaît depuis près d’une trentaine d’années. Voilà une valeur sûre autour de laquelle nous avons brodé. Nous avons par exemple le très bon artiste canadien Aquarian, qui habite Berlin et qui a présenté sa musique dans le contexte d’autres MUTEK à l’étranger.
PAN M 360 : Samedi…
ALAIN MONGEAU : C’est notre plus grosse soirée qui se termine aux petites heures, le MTELUS a finalement pu obtenir la dérogation nécessaire, alors ça se termine à 6h dimanche matin. La soirée est axée autour du Britannique Koreless, dont la musique rappelle un peu Oneothrix Point Never, mais en plus orchestral et choral je dirais. L’an dernier, son album fut l’un des meilleurs du genre. Dans le même programme, nous avons aussi Loraine James du Royaume-Uni, nous avons également Afriqua des États-Unis, un artiste qu’on aime bien mais qui n’a pas l’habitude de présenter des productions en live.
PAN M 360 : Plus intimiste, la soirée de dimanche se passe à la SAT et il y a évidemment des séries importantes au-delà de celles énoncées.
ALAIN MONGEAU : Le jeudi et le vendredi, effectivement, nous présentons des contrastes. Le jeudi, pendant qu’on est en mode cabaret électronique au MTELUS, nous sommes dans la techno arty à la SAT, avec notamment Nik Colk Void qui est la moitié du duo Factory Floor, qui a déjà travaillé jadis avec Chris & Cosey, donc électro avec un angle post-industriel, une performance de synthés modulaires. C’est donc un programme techno mais plus artistique, plus proche de l’art contemporain, une soirée exigeant plus d’écoute, plus d’attention. Le lendemain vendredi, on est aussi en contraste avec le MTELUS, cette fois entre autres avec le duo Tarta Relena, qui sont les choristes de Marina Herlop et qui offrent aussi une sorte de folk catalan dans un contexte technologique. Samedi à la SAT, il y a mon plaisir secret, Gabber Modus Operandi, d’Indonésie, sorte hardcore électronique néopunk, assorti de sonorités indonésiennes. J’ai vu ces artistes en Pologne en 2019, ça m’a soufflé. Ça ne ressemble à rien!
PAN M 360 : C’est aussi le retour de la série A/Visions, consacrée à l’audiovisuel.
ALAIN MONGEAU : Oui et nous avons des soirées super intéressantes dans cette série signature où les artistes créent des outils spécifiques pour leurs performances. Je pense aux Français Cyril Méroni et Olivier Vasseur qui présentent Advienne dans A/Visions 2, le samedi, un projet incluant laser, projection vidéo et percussion. La veille, on aura eu droit à ScanAudience de SCHNITT & Gianluca Sibaldi qui usent d’une technologie avec des senseurs, pour ainsi capter en temps réel des données du public et les réinjecter dans leur performance devant ce même public.
PAN M 360 : Et il ne faut pas oublier l’important volet gratuit de MUTEK Montréal.
ALAIN MONGEAU : La série Expérience est présentée pour la première fois sur l’Esplanade tranquille. C’est essentiellement une programmation locale et nationale mais aussi nous y invitons des artistes internationaux en salle à venir faire un DJ set, je pense entre autres à Luke Slater et Machina, que l’on présente en DJ. Quiconque n’a pas de budget concert ou ne désire pas prendre de risques en s’achetant des places en salles peut assister à cette série gratuite et présentée à l’extérieur. La série Expérience est d’autant plus importante, car elle est un point de convergence, dès 17 h.