Mundial Montréal : Anyma, synth-pop de Wendake

Entrevue réalisée par Alain Brunet
Genres et styles : autochtone / pop / synth-pop

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La grande renaissance culturelle des nations autochtones se passe aussi  à Wendake en périphérie de Québec, zone centrale des Hurons-Wendats. Depuis nombre d’années, des artistes et artisans s’appliquent à perpétuer leur culture et la faire fleurir, dont certains partagent ce nom de famille: Sioui.

À l’instar de son défunt père, Gaëtan Sioui, qui fut pour elle un modèle en musique moderne autochtone, Danyka Sioui s’exprime aussi avec les référents pop de sa génération. La synth-pop d’Anyma est foncièrement universelle, plus proche de Billie Eilish que de Laura Niquay, néanmoins infusée de concert avec ses racines autochtones qui surgissent ça et là dans les ponts et les chorus de ses chansons pop.

Invitée à se faire connaître des tourneurs internationaux réunis Mundial Mondial, la vingtenaire consent à une prise de contact avec PAN M 360. 

PAN M 360 : Vous avez grandi dans la communauté autochtone de Wendake, où êtes-vous actuellement?

DANYKA SIOUI  :  Je viens à peine de déménager à Montréal. J’y suis depuis un mois.

PAN M 360 : Vous êtes issue de la nation huronne-wendat, une nation iroquoienne. Fait peu connu des citoyens québécois, car nos manuels d’histoire nous ont longtemps appris que les Hurons étaient les alliés des francophones et ennemis des Iroquois.

DANYKA SIOUI : Exact. À la base, les Hurons-Wendats étaient iroquoiens, les choses ont changé avec la colonisation et le déplacement des communautés. Nous sommes devenus wendats, mais à l’origine nous étions iroquoiens. Évidemment, plusieurs d’entre nous avons du sang non autochtone à différents niveaux,  parce qu’on a été colonisés. Par exemple, ma mère a du québécois en elle, mais nous sommes autochtones à part entière. J’en ai le statut officiel à 100%. Jusqu’à il y a un mois, d’ailleurs, j’ai toujours vécu à Wendake.

PAN M 360 : Quel fut votre parcours musical à Wendake ?

DANYKA SIOUI : Mon père était musicien et producteur, notamment du spectacle multidisciplinaire  Ozalik, présenté pendant trois ans à Wendake. Cette production mêlait nos racines autochtones à des musiques modernes, à tendance plutôt rock progressif ou space rock (Pink Floyd, etc.). Ce projet impliquait aussi des artistes du Cirque du Soleil et mettait en scène un homme moderne redécouvrant ses racines autochtones. Auparavant, mon père tournait partout dans le monde en tant qu’artiste autochtone. Il m’a transmis sa passion et son amour de la musique. Il est décédé à l’âge de 49 ans.

PAN M 360 : On vous connaît peu dans la société non autochtone, est-ce le cas dans vos communautés ?

DANYKA SIOUI: Je ne suis pas vraiment cinnue. C’est normal, mon premier EP a été lancé il y a moins d’un an!

PAN M 360 : Effectivement ! Et vous travaillez avec un producteur. Qui est-il?

DANYKA SIOUI :  Pierre-Olivier Couturier est un Québécois (blanc), est mon partenaire de création. Il suit mon projet depuis les débuts. Ça se passe très bien avec lui.

PAN M 360 : Comment le concept Anyma s’est-il d’abord articulé ?

DANYKA SIOUI : Au début de la vingtaine, j’ai décidé de me lancer. J’ai d’abord composé Circus, ma première chanson qui figure sur le premier EP. Avec Pierre-Olivier, on a cherché des sons autochtones afin de les mêler à mes influences pop. Ça s’est passé intuitivement, ce n’était pas un plan précis. J’essayais plutôt de répondre à cette question : qu’est-ce qui me fait du bien lorsque je suis au piano et que je chante ? Pour l’instant, les éléments autochtones de mes chansons ne sont pas imposants; un peu de flûte, des tambours, des échos de chants traditionnels, etc. 

PAN M 360 : Est-ce vraiment une obligation pour vous que d’inclure ses racines autochtones dans votre musique d’aujourd’hui?

DANYKA SIOUI : C’est quand même important pour moi d’exposer mes racines autochtones dans ma musique. Par exemple, j’aime ce côté brut dans l’expression d’un tambour autochtone, ou d’un chant autochtone. C’est peut-être très simple mais c’est aussi très puissant dans l’émotion et l’expressivité portées  par ces musiques apparemment primitives. À partir de ça découle tout le reste de notre quête en tant qu’artiste autochtone. C’est l’embryon! 

PAN M 360 : N’est-ce pas aussi une connexion avec le sacré ?

DANYKA SIOUI : Oui exactement et ça s’applique dans toutes les circonstances de la vie : récoltes, réjouissances, naissance ou mort d’un proche, arrivée d’un nouveau chef, rites de passage, chamanisme, etc.

PAN M 360 : Vos premières chansons sont plutôt synth-pop. Comment travaillez-vious avec votre producteur? 

DANYKA SIOUI :  J’arrive avec mes maquettes, mélodies, textes, accords, feeling. On s’asseoit et puis on ajoute les nouveaux éléments, électroniques ou instrumentaux. Pierre-Olivier fait tout le travail de réalisation et d’arrangement pour ainsi créer un environnement autour de ces chansons, tout en respectant les lignes directrices.

PAN M 360 : Comment avez-vous connu votre producteur ?

DANYKA SIOUI : Il fut mon premier chum ! Il ne l’est plus mais il reste mon producteur car il est super talentueux et il travaille si bien. Pour l’instant, c’est encore ça le plan de travailler ensemble.

PAN M 360 : Sur scène, comment ça se passe ?

DANYKA SIOUI : J’ai un nouveau groupe, nous sommes six sur scène et nous utilisons les sons préenregistrés avec les instruments – percussions, claviers, basse, guitare, voix. Je ne n’ai pas encore vraiment travaillé ce show, il faut dire. Lorsqu’on a eu des demandes, j’ai réalisé que j’avais besoin d’un groupe, ça vient d’arriver. Mais je vais m’asseoir pour bien faire les choses à partir des enregistrements et de nos premières performances, ajouter ce dont nous avons besoin ou retirer des éléments déjà enregistrés.

PAN M 360 : Vous chantez surtout en anglais. Pourquoi pas en langue wendat ?

DANYKA SIOUI : C’est une langue endormie, je ne la connais pas assez pour la parler. On commence à la redécouvrir,  j’ai personnellement l’intention de poursuivre et d’approfondir ma connaissance. Il faut que je mette le temps. Peut-être alors que les mots de la langue wendat pourront se placer dans ma musique.

PAN M 360 : Et pourquoi avez-vous nommé ce projet Anyma ?


DANYKA SIOUI : Parce que l’animisme  est un fondement de la spiritualité autochtone et aussi parce que je me nomme Danyka. J’ai ainsi enlevé le D et remplacé le K par un M. Plus jeune, j’ai trouvé de belles choses dans le christianisme, le pardon et l’amour, mais je ne suis pas une chrétienne pratiquante. Aujourd’hui, je crois davantage à la spiritualité animiste.

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