Mitch Oliver – deep house, nature profonde

Entrevue réalisée par Myriam Bercier
Genres et styles : ambient / bass house / chillwave / deep house / électronique

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En juillet dernier, le DJ, producteur et ingénieur de son Mitch Oliver a fait paraître un nouvel EP, Exil. Ce dernier offre de la musique électronique atmosphérique qui s’inscrit dans la même veine que ce qu’il a offert jusqu’à maintenant, c’est-à-dire de la musique qui donne envie de danser jusqu’à la transe. Durant la pandémie, il a aussi mis sur pied la série Aurora, dans laquelle on le voit mixer sa musique dans des sites plus grandioses et insolites les uns que les autres et qui évquent chacun une des quatre saisons québécoises. Depuis le mois d’août, il s’est lancé dans une tournée le menant aux États-Unis tout en prenant part à quelques spectacles ici, notamment à Ciel en fête du Festival des Montgolfières, au Piknic Électronik ainsi qu’à Sutton.

C’est pourquoi PAN M 360 s’entretient avec Mitch Oliver.

PAN M 360 : Qu’est-ce qui t’a conduit à la musique ?

Mitch Oliver: Depuis que je suis tout petit, j’ai une grande mémoire auditive et la musique a toujours été très importante dans ma vie. Le désir de partager des moments forts en émotions est au cœur de ma motivation derrière mon choix d’avoir choisi la musique comme carrière.

PAN M 360 : Comment es-tu devenu DJ?

Mitch Oliver: Principalement en organisant des partys universitaires et entre amis. Dans mon groupe d’ami, j’ai toujours été celui en charge de la musique dans nos soirées, celui qui avait la patience et l’envie de trouver les prochains hits avant tout le monde et les partager avec eux. Petit à petit, je me suis fait une réputation de mélomane jusqu’à l’université. J’ai alors décide de suivre une formation de DJ afin de m’occuper de la sélection musicale de mes soirées d’une façon plus professionnelle. Après quelques années à jouer dans les bars et les soirées universitaires organisées par mes amis et moi, je suis tombé en amour avec la deep house et la musique dite plus “underground”. C’est à ce moment que Mitch Oliver est né.

PAN M 360 : As-tu une formation particulière?

Mitch Oliver: Je suis CPA (comptable professionnel agréé) de formation, mais pour la musique, j’ai quitté le monde corporatif pour retourner à l’école à temps plein en 2018, soit à Musitechnic pour faire un AEC en production audio et musicale et ainsi devenir ingénieur du son.

PAN M 360 : Quel est ton processus de création?

Mich Oliver: Pas de façon spécifique, chaque projet à son propre processus. Je m’inspire beaucoup de ce qui me fait danser, de ce qui m’a fait vibrer musicalement à différentes étapes de ma vie. Cependant, à la base, j’aime tenter de m’assurer que chacune de mes pièces donne tout de suite l’impression à la personne qui l’écoute qu’elle arrive dans un lieu nouveau et inspirant. C’est ce que je cherche à créer quand je compose une nouvelle chanson. Je ne me donne pas trop de balises ou de restrictions car la créativité m’emporte un peu dans tous les sens et j’essaie au maximum de respecter ses impulsions.

PAN M 360 : Tu es un ex-skieur de haut niveau, dirais-tu que ce sport a une influence ou un impact sur ta manière de faire de la musique?

Mitch Oliver: Oui, c’est certain. Je pense que ce qui m’a le plus aidé, c’est la discipline personnelle et cette persévérance pour aller jusqu’au bout. Cependant, j’ai dû complètement changer ma mentalité sur la mesure du succès dans ce domaine vs celle d’un sport de haut niveau comme le ski. Avec la compétition de ski alpin, les courses sont chronométrées, donc il n’y a aucune ambiguïté sur la mesure du succès, le chrono ne ment jamais. En musique, le tout est tellement subjectif que ça peut devenir très frustrant de mesurer l’avancement ou le succès d’un projet ou même d’une carrière. Il n’y a pas toujours ou même rarement de cause à effet pour des résultats positifs ou négatifs. Il a donc fallu que j’apprenne à vivre avec toute cette incertitude, soit me concentrer sur les aspects que je contrôle et faire fi du reste.

PAN M 360 : Comment as-tu développé ton son?

Mitch Oliver: Par la découverte de la deep house, par l’amour de la musique organique qui touche mais qui peut aussi faire danser à tout moment de la journée. J’ai commencé par être attiré par la musique électronique au début des années 2010 avec l’émergence de l’EDM (electronic dance music). Cependant, après quelques années, j’ai trouvé que ce genre de musique ne se consommait qu’en situation de “party”, ou lors d’évènement à grand déploiement et qu’elle devenait rapidement épuisante à l’écoute sur longue durée. J’ai par la suite découvert la deep house qui rassemblait l’énergie et la base de l’électro mélangé avec une touche plus relax, apaisante, presque méditative. Le genre de musique qui s’écoute à toute heure de la journée, et ça m’a beaucoup parlé. Lorsque je me suis mis à avoir de plus en plus de gigs, j’ai continué à préciser mon “son” tout en gardant une ouverture d’esprit afin de m’adapter musicalement à mon audience. Pour ce qui est de mes productions musicales, je cherche toujours à combiner la musique acoustique comportant des éléments organiques à l’énergie et l’effet envoûtant de la house. Ayant beaucoup écouté de jazz, funk, pop et hip-hop, j’essaie aussi de m’inspirer de ces genres dans mes compositions. J’essaie de comprendre pourquoi j’aime une chanson en particulier et je m’inspire de ce qui y a été accompli pour qu’elle soit aussi mémorable.

PAN M 360 : Peux-tu me parler de ta série Aurora? Comment l’idée t’est-elle venue, ce que c’est, comment l’as-tu aménagée ?

Mitch Oliver: Aurora, c’est ma réponse au livestream. Trouver une façon de présenter mon univers musical et un peu plus personnel avec un projet qui resterait intemporel, valable après la pandémie. Jouer devant un écran vert sans avoir l’énergie des gens devant moi pour me nourrir me semblait impossible, j’ai donc voulu trouver une autre façon de rester “pertinent” pendant l’année 2020-2021 qui fut désastreuse pour mon industrie. La réception fut franchement vraiment impressionnante, c’est vraiment flatteur.

PAN M 360 : Tu as acquis une renommée internationale en tant que DJ, peux-tu identifier une expérience marquante pour toi sur scène ?

Mitch Oliver: Très difficile d’en choisir qu’une seule, mais c’est certain que d’avoir eu la chance de jouer au festival SXM dans les Caraïbes à St-Martin, ce fut toute une expérience. Sinon, mon club préféré à date est au Do Not Sit à Miami, où la foule est hyper accueillante et vraiment connaisseuse, ce qui rend l’expérience vraiment super.

PAN M 360 : Tu as lancé l’EP Exil en juillet dernier, comment l’as-tu créé ? 

Mitch Oliver: La production musicale est un long processus, et ce projet a exigé beaucoup de temps avant que je puisse sentir qu’il était 100% à mon goût. J’ai commencé à travailler sur EXIL, le morceau phare de l’EP, en mai 2020, en plein cœur de la pandémie. Cependant, après quelques mois de sessions studio très créatives, je suis tombé dans le bloc de l’écrivain et n’ai repris le projet qu’après une longue pause. J’ai alors commencé à concentrer mon attention sur la création d’une œuvre qui s’approcherait le plus possible de la musique que je jouerais dans mes DJ sets. Ça m’a donné envie de la partager avec les gens, sur une piste de danse. J’ai joué avec de nouveaux plug-ins qui évoquent un vieux synthé analogique et j’ai commencé à vraiment ressentir la direction que devait prendre l’EP. J’adore surprendre le public quand je suis DJ, donc je voulais que les 3 morceaux offrent des paysages sonores imprévisibles et étonnants qui seraient chacun assez distincts pour me permettre de les jouer à des moments très différents, tout en ayant l’impression qu’ils appartiennent à une seule histoire.

PAN M 360 : Sur la première pièce de ton récent EP, Exil, on peut entendre la voix aérienne de Téa Verdene. Pourquoi avoir décidé d’ajouter des paroles à cette pièce?

Mitch Oliver : Pendant plusieurs mois, Exil était une pièce que je n’arrivais pas à finir. Je sentais que la chanson était spéciale et allait chercher les émotions que je voulais représenter, mais je n’arrivais pas à trouver l’élément final qui allait faire que la pièce allait vraiment prendre vie. Lorsque j’ai eu la chance de rencontrer Téa, je me suis que c’était la meilleure occasion de faire revivre ce projet en espérant lui donner le coup de pouce qu’elle manquait. Sa voix aérienne s’est tellement bien agencée à la noirceur du reste des éléments du morceau que j’ai tout de suite senti que c’était l’ingrédient qu’il manquait pour compléter l’histoire que j’avais envie de raconter avec cette chanson.

PAN M 360 : Comment as-tu rencontré Téa Verdene?

Mitch Oliver: L’histoire de ma rencontre avec Téa est absolument incroyable. La nature fait parfois bien les choses, et c’est un très bel exemple. Les parents de Téa viennent à mes spectacles à Montréal depuis 2017 et sont depuis de grands supporters de mon travail. Ce sont de grands connaisseurs de musique et sont allés au festival Burning Man plus de 10 fois. J’ai joué à certaines de leurs superbes soirées privées et, à un moment donné à l’automne de l’année dernière, la mère de Téa m’a appelé pour parler de sa fille qui est une chanteuse et pianiste de formation classique. De fil en aiguille, j’ai fait la connaissance de Téa chez eux et nous nous sommes connectés très rapidement. Le reste appartient à l’histoire 😉

PAN M 360 : Qu’est-ce qui t’attend au cours de l’année à venir?

Mitch Oliver: Pour ma nouvelle musique, j’ai quelques sorties avant la fin de l’année sur des labels dont je suis un grand fan et un tas d’autres musiques qui sont en préparation en ce moment, bientôt terminées. Cependant, avant de pouvoir les finir, je vais faire le plein d’énergie pour me connecter avec les gens à travers la musique, car ma tournée américaine en août me mènera à San Diego, New York et Miami. Il semble que ce sera une fin d’été très chargée et j’en suis très reconnaissant.

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