ONJM | Malika Tirolien réinvente HIGHER avec un orchestre complet

Entrevue réalisée par Varun Swarup
Genres et styles : jazz de chambre / jazz moderne / jazz-fusion

renseignements supplémentaires

Ce jeudi 13 février, l’Orchestre national de jazz de Montréal (ONJM) poursuit sa saison avec une collaboration exceptionnelle : la chanteuse et compositrice Malika Tirolien présente son album HIGHER, réimaginé pour grand ensemble sous la direction du chef d’orchestre et arrangeur Jean-Nicolas Trottier. Sorti en 2021, HIGHER est un voyage sonore envoûtant, fusionnant R&B, soul, hip-hop et jazz dans un style que Malika appelle Highsoul. Inspiré par l’élément de l’air, l’album brille par ses textures aériennes et son énergie lumineuse. Aujourd’hui, cette œuvre prend une toute nouvelle dimension avec l’apport somptueux d’un orchestre. À l’approche du concert, PAN M 360 a rencontré Malika Tirolien pour discuter de cette relecture orchestrale, du processus d’adaptation des morceaux et de l’émotion d’entendre sa musique s’élever à un tout autre niveau.

DÉTAILS ET BILLETS ICI

PAN M 360 : Malika, ce projet est tellement cool ! HIGHER est sorti il y a quelques années déjà – qu’est-ce que cela fait de le revisiter dans ce nouveau cadre orchestral ?

Malika Tirolien : Oh, absolument. Cela fait un moment que nous n’avons pas joué HIGHER, surtout avec d’autres projets qui sont sortis entre-temps. Mais le ramener sous cette forme orchestrale grandiose lui donne une nouvelle vie. C’est incroyable de l’entendre avec des arrangements plus étoffés, cela rend tout encore plus expansif. J’ai toujours aimé les orchestres, et chaque fois que j’ai la chance de jouer avec un, c’est un moment fort pour moi.

PAN M 360 : Vous avez mentionné le mot « grandiose », ce qui est intéressant car j’ai toujours trouvé HIGHER très luxuriant et cinématographique dans sa production. Avec un orchestre en plus, comment trouvez-vous de l’espace pour toutes ces couches ?

Malika Tirolien : Tout d’abord, merci ! Mon collègue et moi avons coproduit HIGHER, et dès le départ, nous voulions qu’il ait une atmosphère aérienne et expansive. Comme l’album représente l’élément de l’air, nous avons vraiment cherché à créer une ambiance ouverte et flottante. Mais pour la version orchestrale, nous avons dû repenser certaines textures de synthé et en supprimer quelques-unes pour laisser de la place aux cordes et aux cuivres. Il s’agissait de réorganiser les éléments tout en conservant l’essence du son original. En même temps, nous avons ajouté plus de profondeur dans les voix, ce qui a aidé à maintenir l’équilibre.

PAN M 360 : Cela a dû être tout un processus ! Comment s’est déroulée la collaboration avec Jean-Nicolas Trottier pour les arrangements ?

Malika Tirolien : Oh, c’était incroyable. Jean-Nicolas est un arrangeur brillant, et c’était génial de voir son enthousiasme pour ce projet. La première fois que j’ai entendu ses orchestrations, j’ai été bluffée ! Il a vraiment su sublimer la musique sans en perdre l’essence. J’ai hâte de tout rassembler avec le groupe et l’orchestre en répétition – ce sera un moment magique.

PAN M 360 : En parlant de répétitions, il semble qu’elles aient lieu très près de la date du spectacle. Est-ce ainsi que cela fonctionne habituellement avec un grand ensemble ?

Malika Tirolien : Exactement. Comme il y a beaucoup de musiciens impliqués, nous avons dû répéter séparément – d’abord le groupe, puis l’orchestre. Ce n’est que vers la fin que nous rassemblons tout le monde. C’est un défi logistique, mais cela en vaut la peine pour entendre le résultat final.

PAN M 360 : Entendre vos chansons sous cette forme orchestrale change-t-il la façon dont vous les ressentez ou les interprétez ?

Malika Tirolien : Oh, absolument. Il y a tellement de nouvelles couches et de lignes instrumentales qui n’existaient pas avant. Vocalement, je dois m’adapter – parfois en faisant moins, car l’orchestre remplit des espaces que j’occupais auparavant. Je dois en être consciente pour que mon interprétation s’intègre parfaitement.

PAN M 360 : Y a-t-il un arrangement en particulier qui vous enthousiasme ?

Malika Tirolien : Oui. Prière est une pièce spéciale pour moi. C’est un poème écrit par mon grand-père, et je pense que c’est probablement ma chanson préférée de l’album. L’orchestration de Jean-Nicolas pour ce morceau est absolument magnifique.

PAN M 360 : Si je me souviens bien, Prière a une qualité rythmique presque influencée par le hip-hop, avec un aspect spoken word. Comment cela se traduit-il dans cet arrangement orchestral ?

Malika Tirolien : Alors c’est un morceau très spoken word, mais avec un noyau mélodique fort. Mon guitariste, Philippe Lalli, a composé la musique, et ses choix d’accords mettent vraiment en valeur la puissance du texte. Au début, la musique est en retrait pour laisser les paroles respirer, puis elle prend de l’ampleur avec un grand crescendo, notamment avec la batterie. Voir comment l’orchestre va sublimer cette montée en puissance est vraiment excitant.

PAN M 360 : J’imagine qu’il y aura beaucoup de moments où vous aurez des frissons !

Malika Tirolien : Oh, c’est certain. J’essaie juste de ne pas pleurer pendant les répétitions – ce serait embarrassant ! (rires) Mais oui, cette première répétition avec tout le monde sera un moment très fort pour moi.

PAN M 360 : Au-delà de ce projet, avez-vous d’autres collaborations ou nouvelles musiques en préparation ?

Malika Tirolien : Oui ! En novembre, j’ai sorti un nouveau projet appelé Gen Y Lens avec mon duo Gemini Crab. C’est une collaboration avec Anash, un musicien, producteur et ami incroyable qui jouera également avec moi lors de ce spectacle. C’était une vraie joie de créer avec lui. L’album est ludique et expérimental, et nous jouerons d’ailleurs quelques morceaux avec l’orchestre pour donner au public un avant-goût de notre univers musical.

PAN M 360 : Vous avez donc une année très excitante devant vous. Avant de conclure, je voulais vous demander : vos performances vocales sont toujours si puissantes. Comment vous mettez-vous dans l’état d’esprit idéal avant un concert ?

Malika Tirolien : Merci ! Honnêtement, mon objectif principal est de rester ancrée. Avec un emploi du temps chargé, j’essaie de chanter dès que je peux, mais l’essentiel pour moi est de gérer mon stress. Je me rappelle que ce n’est pas à propos de moi, mais de la musique et de l’amour de l’art. Cette pensée me recentre. Avant un spectacle, je fais beaucoup d’exercices de respiration pour rester calme et connectée à la musique.

PAN M 360 : C’est une belle approche. Nous vous souhaitons un magnifique concert, Malika. Merci beaucoup d’avoir pris le temps de discuter avec nous !

Tout le contenu 360

Avant de s’asseoir seule au piano, Ingrid St-Pierre répond

Avant de s’asseoir seule au piano, Ingrid St-Pierre répond

Virginia MacDonald, étoile montante de la clarinette avec l’ONJM

Virginia MacDonald, étoile montante de la clarinette avec l’ONJM

Lionel Belmondo , Yannick Rieu et l’OSL: jazz symphonique autour de Brahms, Ravel et Boulanger

Lionel Belmondo , Yannick Rieu et l’OSL: jazz symphonique autour de Brahms, Ravel et Boulanger

Louise Forestier et Louis Dufort dans le nid de la Vieille corneille

Louise Forestier et Louis Dufort dans le nid de la Vieille corneille

Stéphanie Boulay: album guérison, album reconstruction

Stéphanie Boulay: album guérison, album reconstruction

Joni Void veut que vous « regardiez des films expérimentaux dans le club » ou à La Lumière

Joni Void veut que vous « regardiez des films expérimentaux dans le club » ou à La Lumière

Marcus Printup à l’UdeM : sagesse, générosité, musicalité

Marcus Printup à l’UdeM : sagesse, générosité, musicalité

Pascale Picard replonge dans la création

Pascale Picard replonge dans la création

Pro Musica | Lucas Debargue, libre penseur pianistique

Pro Musica | Lucas Debargue, libre penseur pianistique

Laurence Hélie a retrouvé son nom

Laurence Hélie a retrouvé son nom

Le Quatuor Molinari et Berio, ce qu’en dit Olga Ranzenhofer

Le Quatuor Molinari et Berio, ce qu’en dit Olga Ranzenhofer

Ariane Moffatt, Airs de Jeux, idée de jouer, désir de jouer, nécessité de jouer…

Ariane Moffatt, Airs de Jeux, idée de jouer, désir de jouer, nécessité de jouer…

Arion Orchestre Baroque et l’univers de Thomas Dunford… du 16e au 20e siècle!

Arion Orchestre Baroque et l’univers de Thomas Dunford… du 16e au 20e siècle!

La Passion selon saint Jean de Bach : Un opéra sacré pour conclure la saison de l’Ensemble Caprice

La Passion selon saint Jean de Bach : Un opéra sacré pour conclure la saison de l’Ensemble Caprice

Shreez « frap » encore ! 3e album studio

Shreez « frap » encore ! 3e album studio

Marie Nadeau-Tremblay | Quand le baroque devient obsession

Marie Nadeau-Tremblay | Quand le baroque devient obsession

Kizaba : entre ancestralité et afro-futurisme

Kizaba : entre ancestralité et afro-futurisme

Caroline Savoie succombe à ses plaisirs coupables

Caroline Savoie succombe à ses plaisirs coupables

Quatuor Mivos : trois fois Reich à Bourgie

Quatuor Mivos : trois fois Reich à Bourgie

Éléonore Lagacé et  Brûlez-moi vive: pop de feu

Éléonore Lagacé et Brûlez-moi vive: pop de feu

Pro Musica | Le pianiste prodige Jaeden Izik-Dzurko : « sérieux », « introverti » et… extrêmement raffiné

Pro Musica | Le pianiste prodige Jaeden Izik-Dzurko : « sérieux », « introverti » et… extrêmement raffiné

Une invitation au voyage signée Boubé

Une invitation au voyage signée Boubé

SAT | Le Couleur change de spectre mais d’abord…

SAT | Le Couleur change de spectre mais d’abord…

Bella White : une nouvelle star de la country bluegrass

Bella White : une nouvelle star de la country bluegrass

Inscrivez-vous à l'infolettre