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Après Free Grillz, un single remarqué sorti en avril dernier, Magi Merlin poursuit son ascension avec « Gone Girl », son projet le plus abouti à ce jour. Pour ce deuxième EP, l’autrice, compositrice, productrice et interprète pioche habilement et de façon créative dans le R&B, la soul, le hip-hop et la house des années 1990. Les textes que la Québécoise y appose sont entiers et directs. Originaire de Saint-Lazare, une banlieue blanche, elle aborde son identité de femme noire, le racisme ordinaire et la colère qu’il suscite. Cet EP sonne comme une décharge émotionnelle, catharsis permettant à l’artiste de s’affirmer. Sur l’EP comme sur scène, l’énergie de la rappeuse et chanteuse est détonante. Après une tournée européenne dont plusieurs dates à guichets fermés, Magi Merlin enjôlera le public du Festival international de jazz de Montréal et du Festival d’été de Québec. Deux dates à ne pas manquer.
PAN M 360 : Avec Gone Girl, Tu n’hésites pas à te réapproprier certains codes du hip-hop, ton énergie transpire l’assurance et la confiance, Free Grillz et Children of Fate sonnent plus bruts : les personnes qui connaissent tes précédentes sorties y verront certainement une évolution, musicalement et esthétiquement parlant. Qu’est-ce qui (ou quelles rencontres dans la vie) t’a amenée à prendre cette direction artistique ?
Magi Merlin : Pour ce projet, je souhaitais incarner pleinement un personnage sûr de lui et sans complexe. Cela a commencé avec des morceaux comme pissed black girl où j’écrivais à partir d’une perspective de colère plutôt que de tristesse (qui était mon émotion de prédilection pendant un certain temps) et il y avait beaucoup de puissance dans cela. Pour le reste des chansons, Free Grillz, children of fate et milkweed ont toutes ce ton sans concession. Être capable d’écrire sans crainte était vraiment inspirant.
PAN M 360 : On comprend que l’idée de contraste (voire d’opposition) entre la musique et les paroles est centrale dans Pissed Black Girl. Pourquoi ce choix et qu’apporte cette approche créative au morceau et à son propos ?
Magi Merlin : J’ai vraiment aimé le fait que le message et la musique du morceau ne semblent pas initialement cohérents l’un par rapport à l’autre, mais ils se complètent en fait très bien. En fin de compte, cette chanson parle de prendre le pouvoir et de l’utiliser pour dire ce que l’on pense. Exprimer son mécontentement ou sa déception n’est pas forcément négatif. J’ai aimé que l’instrumental de la fille noire énervée ait cette énergie insouciante. Exprimer notre colère est la première étape, après quoi le travail que nous devons faire est de laisser partir cette colère. S’accrocher à la colère et à la tristesse, parmi d’autres émotions plus lourdes, c’est s’alourdir, on peut être en colère mais au bout d’un moment, il est temps de danser.
PAN M 360 : C’est vrai que Gone Girl ressemble à une mixtape (morceaux courts à l’identité forte, interlude), était-ce voulu ? Comment as-tu construit cet EP ?
Magi Merlin : Je voulais que Gone Girl vive dans son propre univers. Je voulais que le personnage que j’essayais d’incarner vive dans un endroit auquel je pouvais accéder facilement et c’est devenu le projet Gone Girl ! Je suppose que je veux toujours que mes projets soient cohérents et qu’ils aient un but précis, comme le sont souvent les projets musicaux de longue haleine pour moi !
PAN M 360 : Funkywhat (producteur) et Walid Jabri (réalisateur) sont des collaborateurs de longue date, que peux-tu nous dire sur ta relation de travail avec eux ?
Magi Merlin : Il n’y a jamais un moment où je ne me sens pas écoutée ou incomprise. Je suis également assez proche d’eux sur le plan personnel, je pense que cela joue également un rôle. Je suis capable de communiquer avec eux en dehors du travail et je pense que cela contribue à notre relation.
PAN M 360 : Sur la pochette de l’EP et dans le clip de Pissed Black Girl, tu portes une attelle au majeur, ce détail a attiré mon attention. Quelle est l’histoire derrière cela ?
Magi Merlin : Pour la pochette de PBG, je voulais vraiment avoir le titre de la chanson écrit en flammes sur la pelouse. Le seul endroit où cela était possible était la maison de ma mère à St-Lazare, en dehors de la ville. J’ai dû emprunter la voiture de mon partenaire pour pouvoir amener l’équipe à St-Lazare pour le tournage, alors je l’ai prise la veille et j’ai eu le plus grand mal à trouver un stationnement. La seule place que j’ai pu trouver m’obligeait à déplacer la voiture avant 7 heures du matin. Le lendemain matin, je me suis réveillé tôt pour déplacer cette voiture, attention, je ne conduis pas souvent, surtout en ville, donc j’étais un peu stressée et le stress me rend très distraite lol. J’ai sauté dans la voiture, j’ai cherché les clés, j’ai trouvé les clés (incroyable), je suis prête à partir. Je vais fermer la portière pour partir sans remarquer que ma main était toujours à l’extérieur de la voiture, alors je claque la portière sur ma main. J’ai regardé et mon doigt avait une drôle d’allure. Il était coincé dans cette position penchée en avant. J’ai attendu encore une heure environ que tout le monde arrive chez moi, ce qui correspondait à peu près à l’heure d’ouverture de mon Familyprix local. Je me suis convaincue que ce n’était qu’une entorse ou quelque chose comme ça. Il a fallu deux semaines avant que je ne me rende finalement à l’hôpital pour vérifier si mon doigt était vraiment cassé (j’étais dans le déni), mais il l’était, mon ongle est tombé et tout le reste (rires).
PAN M 360 : Comment te sens-tu à l’idée de clôturer la tournée Gone Girl à Montréal ? Comment décrirais-tu ta relation avec la ville et ton public ici ?
Magi Merlin : Je suis toujours heureuse d’être à la maison, de pouvoir jouer pour les gens qui me soutiennent, moi et ma musique, depuis des années. Honnêtement, c’est toujours une surprise de revenir à la maison, de jouer et d’entendre les gens chanter mes paroles avec moi. C’est un choc à chaque fois ! J’ai hâte d’être au prochain concert !
MAGI MERLIN AU FESTIVAL INTERNATIONAL DE JAZZ DE MONTRÉAL, 8 JUILLET, CLUB SODA
MAGI MERLIN AU FESTIVAL D’ÉTÉ DE QUÉBEC, 16 JUILLET, PARC DE LA FRANCOPHONIE, 17H50