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Il y a quelques jours, Madison McFerrin a eu 31 ans et a achevé sa tournée européenne. Sa voix douce et son sens de l’humour vont de pair avec un esprit tendre et réfléchi, tourné vers les gens, une croyance en la musique comme thérapie et l’importance de faire partie d’une communauté. Pan M 360 lui a posé quelques questions à propos de ses projets les plus récents et de son évolution personnelle, depuis la pandémie.
Pan M 360 : En 2018, on parlait de toi en tant qu’artiste indépendante et montante. Où en es-tu?
Madison McFerrin : Je suis toujours indépendante, ce que je trouve super. Nous sommes dans une période où nous pouvons en réalité avoir une carrière viable et rester indépendants, alors j’ai vraiment essayé de construire cela de façon durable, voilà où j’en suis. L’équipe s’est agrandie, de nouveaux morceaux vont voir le jour, ça permet d’être soudé.
Pan M 360 : Où et quand as-tu appris à produire seule?
Madison McFerrin : J’ai réellement commencé durant la pandémie donc en 2020. Je produisais déjà des choses a capella, mais pour ce qui est d’ajouter de l’instrumentation, cela a vraiment commencé là, dans mon salon. Puisque nous ne pouvions pas sortir ou faire quoi que ce soit, je me suis « OK, nous y sommes ».
Pan M 360 : L’EP You+I a été réalisé avec ton frère (NDLR : Taylor McFerrin).
Madison McFerrin : Oui, il a produit No Room, Try, Unwise et Fallin, et j’ai fait Re:intro et You know better.
Pan M 360 : Que t’a apporté cette collaboration avec ton frère?
Madison McFerrin : Travailler avec mon frère est une chose que je voulais vraiment faire. Je l’admire et je le trouve incroyable, tu sais, c’est de l’amour fraternel! J’ai apprécié.
Pan M 360 : Au sujet du morceau You Know Better, on parle de ta dextérité vocale. Comment construis-tu tes harmonies? De quoi t’inspires-tu?
Madison McFerrin : Je pense que ma plus grande inspiration vient de la vie en général. Je commence toujours avec les accords ; les mélodies que je trouve sont aussi une source d’inspiration. Elles vont plutôt orienter le sujet que je vais aborder, puisque comme j’écris mes mélodies d’abord, je trouve vraiment les mots qui s’accordent avec la mélodie, qui révèle la chanson d’un point de vue lyrique.
Pan M 360 : À propos du morceau Stay Away, sorti récemment, c’est un mélange de musique soul et house. Quels sont tes influences et goûts actuels?
Madison McFerrin : Une amie à moi qui s’appelle L’Rain. Elle est vraiment incroyable. J’ai écrit ce morceau avant que l’album de Beyonce sorte, mais en termes de musique house, cela a été un grand moment pour moi. Cet album est fantastique. Je suis aussi une grande fan de Jamila Woods, de Nick Hakim. Je ressens de la gratitude du fait que ces personnes qui m’inspirent soient aussi mes amis.
Pan M 360 : L’ambiance de ce morceau contraste avec le sujet. J’ai vu que tu étais très engagée dans la promotion de la santé mentale. À quel point ce sujet est-il important pour toi?
Madison McFerrin : Ce sujet relève d’une importance majeure pour moi, surtout maintenant. À l’heure actuelle, nous vivons toujours une pandémie. Il y a beaucoup de chagrin et de traumatisme collectif et je ne pense pas que tout le monde ait pu s’en remettre, d’autant plus aux États-Unis. On a mis l’accent sur le retour au travail et à la vie normale, sans laisser aux gens l’espace nécessaire pour digérer ce qu’ils ont vécu. Je veux dire plus d’un million de personnes ont perdu la vie aux États-Unis et des gens ont perdu leur famille entière, et l’idée que nous soyons supposés passer à autre chose me paraît assez dingue. À mes yeux, la musique aide à contribuer à ma santé mentale et je reconnais que c’est vrai pour beaucoup d’autres, alors je me vois vraiment et perçois ma musique comme un canal à travers lequel les gens peuvent trouver une forme de guérison, dans des chansons joyeuses ou tristes, ou des chansons sur l’anxiété. J’exploite ce que je ressens en comprenant que beaucoup d’autres personnes les ressentent aussi et que ma musique peut peut-être mettre des mots sur leurs sentiments qu’elles n’ont pas pu exprimer.
Pan M 360 : Est-ce que ça t’aide?
Madison McFerrin : Oh, assurément!
Pan M 360 : À quel point est-ce facile de se montrer soi et ses ressentis?
Madison McFerrin : Pour moi, le montrer dans la musique est probablement la façon la plus simple. J’écris dans un journal au quotidien et cela m’aide, mais je pense qu’en termes d’expression, la musique est vraiment l’endroit où je peux exprimer le plus librement mes sentiments. La musique est le meilleur endroit pour pouvoir faire ça.
Pan M 360 : Dans ton morceau, tu dis « Undefined is a reminder I ain’t done so stay away from me » (Le fait d’être indéfini me rappelle que je n’ai pas fini, alors reste loin de moi). Qu’est-ce que ça veut dire?
Madison McFerrin : J’ai passé ces dernières années à essayer de me définir et de définir mon art, d’essayer de comprendre qui je suis, pas seulement en tant qu’artiste, mais aussi en tant que personne. Alors l’idée c’est que si tu n’es pas encore défini, si tu n’as pas encore trouvé ce que c’est pour toi, c’est que tu n’as pas terminé ton processus, et cela ne veut pas dire que c’est la fin, donc « reste loin de moi ». Je parle à l’anxiété, cette pression de ne pas savoir qui tu es. Je lui dis de rester loin, parce que je suis en train de me découvrir et je reconnais que je suis toujours sur ce chemin, et que c’est OK.
Pan M 360 : Tu as nommé deux de tes EP Finding Foundation (Trouver les fondations). Est-ce que tu as trouvé les tiennes?
Madison McFerrin : Oui, je pense. Le sens de ces titres était que j’avais pris le temps de réfléchir à la manière dont je voulais m’exprimer en tant qu’artiste solo surtout, puisque j’ai déjà fait d’autres choses dans des groupes. J’ai un héritage en musique vocale riche et même pour la première chanson que j’ai écrite à l’université, je ne savais pas construire les accords. Alors je les chantais, ce qui a fini par donner une chanson a capella, et je suis revenue à cette racine originelle dans l’écriture de mes chansons, qui s’est couplée à mes racines familiales. « Trouver ses fondations », c’était réellement ça.
Pan M 360 : Peux-tu m’en dire plus sur tes racines familiales?
Madison McFerrin : Mon grand-père est le premier noir américain à avoir signé un contrat (NDLR : Robert McFerrin était un chanteur baryton de negro spirituals) à l’Opéra Métropolitain. Sa femme, ma grand-mère, était une professeure de chant renommée reconnue par l’État de Californie. Mon père est évidemment un chanteur qui a remporté dix Grammy Awards. Mon frère le plus âgé, Taylor, réalise des albums et mon frère cadet est acteur, mais il chante aussi, il a joué Hamilton à Broadway. Je suis sûre que cela remonte plus loin que ça. L’héritage musical est incroyablement riche, d’une manière qui fait appel à mes racines familiales.
Pan M 360 : Finalement, comment apprend-on à devenir fidèle à soi-même?
Madison McFerrin : C’est une bonne question! Si je pouvais répondre à ça, je pense que je serais un être humain beaucoup plus fort (rire), mais en fin de compte, je pense que tout se résume à puiser en soi, à prendre du temps pour soi, méditer, tenir un journal. Je pense aussi que la communauté est vraiment importante pour ça. La découverte de soi ne vient pas seulement à travers soi, cela passe aussi par des dynamiques que l’on a avec notre entourage, la façon dont il nous motive, nous pousse, parce qu’on nous dit que nous sommes censés être très individuels, alors qu’en réalité, nous sommes censés être en communauté, et je pense que cette découverte de soi passe par le fait de faire partie d’une communauté positive.
Pan M 360 : En ce qui concerne la composition, tu as dit que tu chantais avant de jouer?
Madison McFerrin : Je commence toujours avec les accords, que ce soit moi qui les chante en boucle ou les joues au piano. C’est intéressant de noter que parfois, en produisant, je commence par un rythme de batterie et j’y ajoute des accords, mais j’ai vraiment besoin d’accord pour pouvoir créer la mélodie et écrire les paroles.
Pan M 360 : As-tu de nouveaux projets à venir ou en parallèle?
Madison McFerrin : De nouvelles musiques s’en viennent. Restez à l’écoute!
Pan M 360 : Est-ce que tu voudrais ajouter autre chose?
Madison McFerrin : Je suis vraiment pleine de gratitude d’être de nouveau sur la route et si quelqu’un veut entrer en lien avec moi, envoyez-moi un DM (NDLR : message direct), je suis toujours prête à communiquer avec mes fans. Je suis vraiment impatiente d’être à nouveau devant le public.
Pan M 360 : As-tu déjà joué avec tes fans?
Madison McFerrin : J’ai donné quelques cours et des gens me rejoignent lors des balances de son. Les gens m’envoient des choses en messages privés et je fais de mon mieux pour tout écouter et donner quelques conseils. J’ai aussi un numéro auquel les gens peuvent m’envoyer des messages ; on peut se parler de cette façon, cela a été très utile durant la pandémie.
Pan M 360 : Merci beaucoup Madison!