renseignements supplémentaires
Le génie esthétique d’Olivier Messiaen est à l’honneur au Festival Montréal/Nouvelles Musiques. Dans ce concert Messiaen en deux temps, la pianiste Louise Bessette, reconnue entre autres pour son expertise du répertoire contemporain, offrira une interprétation d’extraits du cycle Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus, œuvre d’anthologie pianistique du répertoire de Messiaen. Également au programme, le public pourra apprécier la richesse de l’harmonie vocale du compositeur dans les Trois petites liturgies de la présence divine, qui seront interprétées par l’ondiste Estelle Lemire, l’Ensemble de la SMCQ et 36 voix de femmes accompagnées par l’Orchestre I Musici sous la direction de Jean-François Rivest. Nous nous sommes entretenues avec Louise Bessette au sujet du répertoire qu’elle interprétera.
PAN M 360 : Que représente pour vous l’œuvre d’Olivier Messiaen et quels sont les défis techniques et esthétiques que représentent les Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus, dont vous allez interpréter quatre extraits ?
LOUISE BESSETTE : L’œuvre d’Olivier Messiaen fait partie de ma vie d’artiste depuis que j’ai 17 ans. Elle fait partie de moi de sorte que tout est intégré. C’est sûr que jouer une pièce comme les Vingt Regards, c’est toujours un retour à la partition, à la précision rythmique, au caractère, aux accents, aux nuances, les dynamiques, etc. Mais, à chaque fois que je les reprends, c’est un peu comme si je mettais mes pantoufles.
PAN M 360 : Vous le dites, ce répertoire est intégré en vous. L’interprète-t-on à chaque fois de la même façon ou est-ce un renouvellement constant ? N’y a-t-il qu’une seule façon de penser ou de jouer les Vingt Regards ?
LOUISE BESSETTE : Je pense qu’il n’y a pas qu’une seule façon comme toute œuvre de tout compositeur. C’est sûr que j’ai ma propre interprétation, que j’ai eu le bonheur de travailler avec Yvonne Loriod, mais c’est vrai que lorsque je reviens à la partition, comme j’essaie de faire pour toutes œuvres compositeur, c’est d’avoir toujours du renouveau. La partition de Messiaen en est une qui est tellement riche que je découvre des choses à chaque fois que je me replonge dans cet univers-là. Quant aux idées d’interprétations, c’est ça qui est magnifique : lorsqu’on pratique une forme d’art il n’y a pas de limite. J’ai toujours de nouvelles idées ou alors je viens confirmer les idées que j’ai.
PAN M 360 : Si vous aviez à décrire en un mot chacun des extraits que vous allez interpréter, lesquels emploieriez-vous ?
LOUISE BESSETTE : C’est une bonne question ! Je dirais, pour Première communion de la Vierge, ce qui me vient en tête c’est pureté. Regards des Anges, étincelle ; Le Baiser de l’Enfant-Jésus, tendresse et Regards des Prophètes, des Bergers et des Mages, puissance.
PAN M 360 : Vos deux plus récents albums Un piano autour du monde : Escale à Curaçao (2021) avec des œuvres de Wim Statius Muller et Astor Piazolla : Escale à Buenos Aires (2022) sont dans une dynamique complètement différente et bien éloignée du répertoire contemporain. Comment votre polyvalence dans les deux genres nourrit-elle l’un et l’autre dans l’interprétation ?
LOUISE BESSETTE : Pour moi, la musique de toute époque est d’abord musique. Je travaille de la même façon les Danses antillaises de Muller que les Vingt Regards de Messiaen. Bien sûr le langage est absolument très différent, mais je pars toujours du même principe, en ce sens que je travaille les couleurs, la sonorité et énormément le rythme. Je prends vraiment plaisir à chercher et à trouver le rythme qui convient. Je travaille le même matériel et mes buts en tant qu’interprète sont les mêmes et je les adapte selon le style de chaque compositeur.
[https://www.youtube.com/watch?v=IPYPiL6Bu9A]
PAN M 360 : Parlons un peu de votre carrière. Vous êtes une fière ambassadrice de la musique de création au Québec. Quel regard portez-vous sur la musique de création aujourd’hui et aussi, quels conseils donneriez-vous aux jeunes pianistes qui veulent approcher le répertoire contemporain ?
LOUISE BESSETTE: D’abord, au Québec et au Canada, je trouve que nous sommes dans un bassin très riche en compositeurs. Pour les jeunes pianistes, le conseil que je peux donner, c’est vraiment d’être curieux et d’être ouvert à toutes les découvertes que le fabuleux monde des compositeurs nous fait vivre. C’est un comme aller au musée : on n’y va pas que pour voir la Joconde.
PAN M 360 : Au mois de mars, vous effectuerez une tournée en France. À quoi le public français peut-il s’attendre de Louise Bessette ?
LOUISE BESSETTE : C’est une tournée dans le cadre du Festival Détours de Babel où j’ai déjà joué à quelques reprises. Ce sont trois récitals du 23 au 25 mars à Grenoble et dans les environs dans le cadre de la série Les Allées chantent avec un programme un piano autour du monde dans une atmosphère latino-espagnole. Je jouerai des pièces de Turina, Piazolla, Lecuona et surtout, et ça se sera un moment très émotif pour moi, les Monodías Españolas de José Evangelista, disparu très récemment.
Et le 26 mars, avec mes collègues de tango si je puis dire, Marc Djokic au violon et Chloé Dominguez au violoncelle, nous allons donner deux récitals à la Salle Olivier Messiaen de Grenoble avec le répertoire tiré de notre album Astor Piazolla : Escale à Buenos Aires.
DANS LE CADRE DU FESTIVAL MONTRÉAL/NOUVELLES MUSIQUES, MESSIAEN EN DEUX TEMPS EST PRÉSENTÉ CE JEUDI, LE 2 MARS, 19H, À LA SALLE PIERRE-MERCURE.
Pour billets et infos, c’est ici
Participant·es
- Louise Bessette, piano
- I Musici de Montréal
- Ensemble de la SMCQ
- Chœur de voix de femmes
- Estelle Lemire, ondes Martenot
- Jean-François Rivest, chef
Programme
Extrait
piano
- Première communion de la Vierge
- Regard des Anges
- Le Baiser de l’Enfant-Jésus
- Regard des Prophètes, des Bergers et des Mages
- Trois petites liturgies de la présence divine(1944), 34:00
piano, ondes Martenot, 36 voix de femmes, célesta, 3 percussions, vibraphone, 16 violons, 6 altos, 6 violoncelles et 4 contrebasses