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Le chœur professionnel Les Rugissants, dirigé par Xavier Brossard-Ménard, présentera un programme consacré à la musique de Debussy, Fauré et Duruflé. Pour ce concert, un grand ensemble d’instrumentistes se joindra aux choristes. Marie-Andrée Mathieu (mezzo-soprano), Hugo Laporte (baryton), Valérie Milot (harpe) et Mária Budáčová (orgue) se produiront en tant que solistes pour cet événement dans le cadre du Festival Classica.
PAN M 360 a rencontré Xavier Brossard-Ménard et Valérie Milot pour un entretien à la veille de ce concert présenté en partenariat avec le Concours international d’orgue du Canada (CIOC).
PAN M 360 : Qui sont Les Rugissants?
XAVIER BROSSARD-MÉNARD : Les Rugissants est un chœur professionnel, mais je pense que Lumières immortelles marque une nouvelle étape de notre travail. Ce n’est plus uniquement un chœur, c’est devenu un collectif artistique. Avec Valérie, c’est la première fois qu’on fait de la musique purement instrumentale. Dans le fond, on est historiquement un chœur, mais c’est aussi un projet qui vise à questionner les thèmes et les formats de la musique que j’appelle de concert, de la musique instrumentale et vocale. Ça nous permet de nous demander « qu’est-ce que c’est, faire de la musique comme ça, en 2023, avec les sensibilités que les gens ont maintenant? » Les Rugissants, c’est une forme d’expérimentation sur mes idées sur ce qu’est la musique live pour les gens d’aujourd’hui.
VALÉRIE MILOT : Pour ma part, c’est ma première collaboration avec Les Rugissants. J’avais hâte, parce que je connaissais à distance Xavier et l’ensemble. Je joue les Danses de Debussy depuis le début de ma carrière, et Xavier est arrivé avec plein de nouvelles idées. Je trouve ça très rafraîchissant de pouvoir revisiter du répertoire que je joue depuis longtemps et d’être amenée quelque part ailleurs avec quelqu’un qui a des idées nouvelles. Tout ce que Xavier a dit par rapport à l’expérience de concert résonne beaucoup pour moi à travers ce que je fais dans ma carrière. Nous, musiciens, on se pose beaucoup de questions, en particulier depuis la pandémie. On se demande beaucoup comment s’adapter à notre ère. Je trouve que c’est une bonne nouvelle de voir des organismes culturels qui se posent activement la question et qui ont une offre adaptée au monde d’aujourd’hui. Je suis super choyée de faire partie de cette expérience.
PAN M 360 : Vous avez un lien fort avec le Festival Classica, n’est-ce pas?
XAVIER BROSSARD-MÉNARD : C’est une histoire de longue haleine et de longue durée! J’ai fondé Les Rugissants en 2017. C’est Marc Boucher [le directeur général et artistique du Festival Classica] qui nous a donné notre première chance. Il nous a engagés pour un concert intitulé De Bach aux Beatles. J’ai fait un programme avec des pièces qui commençaient toutes par la lettre B! Ensuite, en 2019, Marc nous a encore une fois engagés pour un concert sur la musique espagnole. Marc est quelqu’un qui nous a soutenus, qui a cru en nous, et ça prend des gens comme ça pour l’évolution d’une carrière.
VALÉRIE MILOT: Je collabore avec le Festival Classica depuis sa création ou presque. Cette année, j’ai été impliquée dans deux programmes. Le premier était leur événement-bénéfice, où j’ai fait des extraits des pièces qui vont être jouées au concert Lumières immortelles, ainsi que deux créations. Puis Xavier m’a invitée à jouer avec Les Rugissants.
PAN M 360 : Comment le programme a-t-il été créé? Pourquoi avoir choisi ces pièces en particulier?
XAVIER BROSSARD-MÉNARD : Il y a eu une succession d’événements qui ont mené à ce concert. Tout d’abord, je crois qu’il y avait une certaine volonté de Marc Boucher d’avoir ce concert, ça fait 6 ou 7 ans qu’il me demande de le faire! Ensuite, l’année passée, Les Rugissants ont été invités à faire la musique pour les funérailles nationales d’un ancien homme d’État québécois, Guy Saint-Pierre. On a fait des extraits des requiems de Fauré et de Duruflé. La musique a beaucoup marqué les gens qui étaient présents aux funérailles. J’avais conscience qu’on faisait quelque chose d’important ce jour-là. Puis Marc Boucher a demandé qu’on refasse ce programme, et on a reçu beaucoup de soutien de la famille Saint-Pierre, qui est un peu notre mécène pour le concert Lumières éternelles. Ce sont donc deux volontés communes qui ont donné lieu à ce concert.
PAN M 360 : Quel est votre lien personnel avec ce répertoire?
XAVIER BROSSARD-MÉNARD : Pour moi, c’est un répertoire qui est assez proche de mon âme, de ma sensibilité. C’est facile pour moi de trouver des expressions pour interpréter cette musique. J’étais très heureux d’accepter l’invitation de faire ce programme. Je pense que j’ai envie de diriger Les Deux danses de Debussy depuis que j’ai environ 14 ans!
VALÉRIE MILOT : J’aime bien compter sur deux perspectives différentes dans ce concert. Je suis soliste pour les premières pièces, puis je joue dans l’ensemble pour le reste du programme. Je fais ça assez souvent. Par exemple, il m’arrive de jouer comme soliste avec des orchestres en première partie, puis d’intégrer l’orchestre pour les autres pièces. Aussi, j’ai fait beaucoup de requiems dans ma vie. J’ai joué une seule fois le requiem de Duruflé, j’étais contente de pouvoir revisiter cette œuvre qui est vraiment magnifique. C’est de la musique que j’aime beaucoup. En général, les requiems sont des œuvres qui me parlent énormément, c’est une musique qui est profonde et touchante. Je me passionne beaucoup pour ce genre de musique. Je pense que ça va être un concert qui fait du bien à l’âme.
PAN M 360 : Que voulez-vous transmettre au public par ce concert?
XAVIER BROSSARD-MÉNARD : Pour moi, la mort, c’est de la vie jusqu’à la fin. Les gens qui restent après le décès d’une personne sont des personnes vivantes. Je voulais vraiment offrir une interprétation vivante de ces œuvres qui célèbrent la vie, et questionner la manière dont on vit la mort. Le Requiem de Duruflé est vraiment un très grand programme conceptuel : on entend les trompettes, on entend la mort et la désolation, le besoin de triomphe et de rédemption. Il y a le besoin aussi de surmonter les difficultés. L’accord final est un accord de neuvième, il laisse vraiment aller les gens, c’est une fin ouverte. Dans le fond, c’est vraiment une célébration de la vie, et ça fait du bien à l’âme.
VALÉRIE MILOT : Dans le Requiem de Fauré, je joue à trois endroits qui sont vraiment caractéristiques à la harpe, notamment à la toute fin, dans In Paradisum. Ça commence avec l’orgue, puis le même passage se transporte à la harpe. J’entends là le passage de la terre au ciel, dans l’idée de la mort interprétée par la religion catholique.
PAN M 360 : Le répertoire que vous interpréterez est majoritairement religieux. Au-delà du message strictement religieux, il y a aussi beaucoup d’espoir dans cette musique.
VALÉRIE MILOT : La religion a été un prétexte pour créer beaucoup d’œuvres architecturales ou musicales. Je pense que ça nous montre, indépendamment de si on est croyant ou non, que l’être humain est capable de grande beauté à travers l’art. Ça s’exprime aussi beaucoup à travers les requiems, qui ont été écrits par amour pour des gens qui ont disparu. On a tous notre expérience avec la mort, mais à travers ces épreuves-là, on est capable de grande beauté et de communion. Je pense que le concert démontre ça.
XAVIER BROSSARD-MÉNARD : J’aimerais rebondir sur ce que Valérie vient de dire. Je pense qu’il y a un passage entre religion et spiritualité qui n’est pas facile à naviguer. Je pense que ça témoigne du besoin de transcendance des êtres humains. La religion a été un rappel que l’humain est capable de faire de grandes choses. Dans l’aspiration, il y a aussi une inspiration, et je me suis dit que les musiciens ont quand même le privilège de pouvoir être en contact quotidiennement avec ce monde et d’incarner cela. Je suis convaincu qu’on va réussir à offrir de l’inspiration au public.
Debussy, Fauré, Duruflé : lumières immortelles est présenté dans le cadre du Festival Classica. Le concert aura lieu à l’Église Sainte-Famille à Boucherville, le 16 juin 2023 à 19h. Avec Les Rugissants, Xavier Brossard-Ménard (chef), Marie-Andrée Mathieu (mezzo-soprano), Hugo Laporte (baryton), Valérie Milot (harpe) et Mária Budáčová (orgue).
DANS LE CONTEXTE DU FESTIVAL CLASSICA, CE PROGRAMME EST PRÉSENTÉ CE VENDREDI, 19H, À L’ÉGLISE SAINTE-FAMILLE DE BOUCHERVILLE